Chapitre 3

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Je fus réveillée par les premiers rayons du soleil. La veille, le trajet s'était déroulé sans encombre, sans aucun ennui. Je me levai avant d'ouvrir ma garde-robe. Il me fallait me préparer pour la grande réception qu'avait organisé ma mère. Nous avions la visite du jeune Seigneur de Sabledoray, Halan de Sabledoray. Je ne le connaissais pas très bien, je ne l'avais vu seulement deux fois. C'était un banquet en son honneur, pour nos fiançailles et son départ prochain au combat. Ce sera la dernière fois où nous nous verrions comme de « simples enfants ». La fois suivante, nous serions majeurs et mariés. Je grimaçai en y repensant. Je ne souhaitais vraiment pas cette union. Mais que voulez-vous, en temps de guerre, les alliances étaient la meilleure façon d'être en paix.
Je me concentrai alors sur la tenue que je devais porter. Écartée des autres, cette robe était celle que je mettais pour les grandes occasions. Dans les tons de verts et ornée de joyaux, elle était faite d'un tendre tissu. Elle était resplendissante. C'était la robe que je préférais. Je la pris avant de me rendre dans la salle de bain. Délicatement, je l'accrochai sur un cintre avant de prendre ma douche. Un bon bain à la camomille, il n'y a rien de mieux pour commencer sa journée. Un croissant à la main, je ne pouvais pas rêver mieux. J'aurais pu y passer des heures, si je n'avais pas été pressé par le temps. Ce n'était plus qu'une question d'heure avant que les Sabledoray n'arrivent à Orchidia. Je défroissai rapidement ma robe avant de l'enfiler et de sortir de ma chambre.

  Je saluai gentiment mon garde du corps. C'était un colosse toujours en armure qui avait un natte tressée sur son côté gauche. Je ne savais pas grand chose sur lui, ne serait-ce que son nom ! Je savais juste qu'il avait pour mission de me protéger des éventuelles attaques.
  Arrivée dans la salle de réception, je fis une révérence devant ma mère avant de me poster près d'elle. Les portes du château s'ouvrirent à cet instant. Accompagnés d'un certains nombre de gardes, un petit cortège s'avança devant nous. Les gardes, au garde à vous, se rangèrent de façon bien alignés, de par et d'autre de nous. Puis les Sabledoray apparurent devant nous. Le jeune Halan était en première ligne, ses parents juste derrière. Ainsi le Seigneur de Sabledoray avait réussi à faire le déplacement. C'était honorable de sa part. Je dérivai mon regard sur mon fiancé. Il avait toujours ce sourire narquois que je n'appréciais guère. Celui qui se croit supérieur aux autres. Arrivés devant moi, la famille se prosterna à nos pieds.
- Bien le bonjour mes chers amis, les accueillit ma mère, c'est une grande joie pour nous que de vous revoir.
Une joie pour elle, oui ! Je n'avais rien contre les parents d'Halan, c'était des nobles, rien de plus. Mais mon fiancé avait le don de m'exaspérer lors de ces visites.
- Et c'est pour nous un honneur d'avoir été convié à une si belle fête pour une si jolie dame, répondit Halan en me baisant la paume de ma main.
Je soupirai intérieurement. Il n'avait vraiment pas décidé de cesser cet amour courtois avec moi. C'était flatteur, je le reconnais. Mais le pensait-il vraiment ?
- Quel beau couple vous ne trouvez pas ma chère Adeyrid ?
- Deux magnifiques enfants ne pouvaient que se marier ensemble, répondit-elle simplement.
Deux magnifiques enfants ?? Je me retins de lui rappeler que ma majorité était dans quelques mois ! Je n'étais plus une enfant ! J'allais avoir bientôt de lourdes responsabilités. Et Halan allait partir à la guerre. Cela m'étonnerait d'avoir l'occasion de me retrouver avec lui.
- Jadina, reprit ma mère, amenez votre fiancé dans vos quartiers. Nous avons à parler affaires.
- Bien mère, répondis-je avant de prendre congé.
Je m'inclinai légèrement avant de laisser les « adultes » entre eux.

Halan me suivit calmement avant de s'avancer à mon niveau. Qu'allait-il faire encore avec ses manières grotesques ?
- Vous m'avez tellement manqué ma Dame ! Il me tardait tant de vous revoir.
- De même Halan, marmonnai-je entre mes dents, de même.
Mais qu'est-ce qu'il pourrait être sot ! Il était aussi ennuyant qu'une pierre ! J'aurais donné n'importe quoi pour être auprès de Danael et Jeanne ! Même si le destin de cette jeune femme n'était pas très rose, elle pouvait avoir des relations avec qui elle voulait ! Je l'enviais tellement pour cela ! De mon côté, j'étais contrainte à me marier avec cet imbécile !
- Vous êtes resplendissante ! Votre beauté doit être mise en valeur ! Quand vous serez à moi, je vous offrirais tous les bijoux que vous pouvez rêver ! Ils vous iront comme un gant.
Des bijoux ??? Je riais intérieurement. S'il pensait m'avoir ainsi, il avait tout faux ! Certes, Je les aimais. Mais seule ma paire de boucle d'oreilles de jade me tenait à cœur. Offerte par le professeur Vangelis lui-même, elle avait été taillée par mes parents. Je ne les quittais jamais. Ce n'était pas forcément les plus belles aux yeux de ma mère mais ils représentaient tout l'amour qu'il me portait. Cet hypocrite d'Halan n'allait sûrement jamais tenir ses promesses.
- Bien-sûr, lui répondis-je froidement, et le cheval que vous m'aviez promis pour mon treizième anniversaire n'est jamais arrivé ! Vous me berniez d'illusions toutes aussi belles les unes que les autres. Pourquoi vous croyais-je ?
- Oh Dina ! Votre cheval, je l'avais oublié. Je suis sincèrement désolé. Vous l'aurez ma chère.
Et il m'appelait encore Dina ?? Je commençais à en avoir assez de ce surnom ! La journée s'annonçait longue.

L'appel de JeanneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant