Prologue

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"Quand la ville souterraine

Est plongée dans le noir

Les gens qui s'y promènent

Ressortent sur des brancards.

Alors, préparez-vous pour la bagarre."

Fhin , Quand on arrive en ville

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D'une ruelle sombre et pavée, sortit une silhouette encapuchonnée. Son long manteau noir, recouvrait tout son corps. Seules ses bottines de cuir résonnaient dans le froid silence en des claquements secs. Éclairée par un unique réverbère à la lumière blafarde, la ruelle était accaparée par la nuit obscure. Seule cette ombre parmi les ombres se déplaçait d'un pas rapide et léger. Elle survolait le sol. Sa cape dans son sillage dessinait une traîne silencieuse.

Presque complètement invisible par son incroyable discrétion, la forme lugubre s'arrêta devant un bâtiment, le moins éclairé de la rue. Il avait une allure délabrée. Sa façade extérieure était composée de pierres recouvertes par la mousse, tâchées de traces d'humidité et envahies par le lierre. Un bras sortit de la cape pour venir attraper le vieux heurtoir, à la forme de tête de lion, fixé à la porte et vint y frapper trois petits coups. Un long silence s'ensuivit qui s'étira. Puis, la lourde ouverture de bois s'entrouvrit. Des chuchotements de l'autre côté se firent entendre. Ces paroles, prononcées sur un ton presque inaudible, paraissaient avoir été criées dans le silence encombrant de la ruelle. Le visiteur parla à son tour, mais très brièvement. Finalement, la porte s'ouvrit complètement pour laisser entrer la silhouette sombre et se referma à sa suite dans un claquement sec.

L'entrée débouchait sur un long couloir obscur. Tout semblait inhabité dans cette demeure où l'éclairage était banni. Par la faible lumière que les vitres, encrassées par la poussière, parvenaient difficilement à faire passer, on apercevait les contours de l'ombre qui avait fait entrer la première. Sa silhouette était voûtée et entourée d'une aura malsaine. Elle fit un mouvement de la main pour indiquer à son visiteur de la suivre. Celui-ci obtempéra.

L'obscurité devint de plus en plus présente, les entourant de son manteau nuit. Les deux ombres empruntèrent un escalier pentu, puis, un long couloir à l'odeur de renfermé et de poussière. Leur traversée, presque en aveugle, se termina par une pièce qui était sans doute la plus éclairée du bâtiment. Celle-ci l'était par une boule de cristal, aux reflets violets et bleus, brillant de mille feux, posée sur une table de bois poncée par l'âge. Elle éclairait des étagères remplies de livres poussiéreux aux reliures à la jadis couleur dorée, maintenant en miettes, grattées et pelées par le temps. Des bocaux contenant des animaux, des membres coupés d'êtres vivants, des gelées, des liquides aux couleurs étranges et d'autres aux mixtures inqualifiables s'empilaient sur les autres. Des toiles d'araignée et leurs occupantes ornaient les murs. La seule fenêtre de la pièce exiguë était condamnée par un lourd rideau noir qui empêchait tout son ou rayon de soleil de passer.

La première ombre, la maîtresse de maison, qui conduisait le visiteur, s'approcha de la source de lumière et s'assit en face, sur une chaise aussi vieille que le reste du mobilier. Un grincement se fit entendre. À la lumière bleutée du cristal, le visage de la silhouette fut dévoilé. C'était un faciès de à la peau parcheminée par l'âge et couturée de cicatrices. Toute trace de beauté qui aurait pu autrefois s'y trouver s'était envolée. Il était composé d'un nez crochu, d'un menton proéminent et d'une bouche sèche aux lèvres très fines, presque invisibles, qui affichait une mine d'ennui et de dégoût en permanence. Des cheveux filasse, à la couleur ébène, encadraient ce visage raviné.

Elle leva sa main crochue et ridée, aux longs ongles terreux, et désigna à son visiteur le siège en face d'elle. Celui-ci obéit. Un visage d'homme apparut, halé par les années et durci dans un masque de cruauté. Une moue hargneuse et hautaine marquait sa bouche déformée par une estafilade blanche courant du coin droit de sa lèvre jusqu'à son cou. Des cheveux poivre et sel couvraient son front trop grand. Ses petits yeux méchants observaient la personne qui se tenait devant lui. Elle ne bougea pas. Il se décida à prendre la parole.

— Vera, la salua-t-il avec respect.

Elle le détailla des yeux avant de croasser d'une voix rauque :

— John, ce n'est toujours pas un plaisir de te voir.

Elle prononça ces mots d'une voix sèche et pleine de reproches. La bouche de l'homme eut un tressautement de fureur. Il murmura :

— Tu n'as pas changé en dix ans.

Elle le fixa de toute sa hauteur avant de lâcher :

— Hélas pour toi, de ton côté le temps a une emprise sur ton corps. Tu as vieilli depuis notre dernière rencontre.

Nouveau tressaillement des lèvres du visiteur. Il grogna avec une colère mal contrôlée :

— Toujours aussi agréable.

Elle grimaça un sourire.

— Comme je te l'ai déjà fait remarquer, si je t'ai convoqué aujourd'hui, ce n'est pas pour mon bon plaisir, mais pour une raison bien particulière.

La boule de cristal, qui jusqu'à présent était bleue, prit une couleur noire. Des volutes de fumée la composèrent et l'obscurcirent comme si une volonté propre l'habitait. Elle reprit :

— Si tu es là, c'est que le moment est venu

Elle s'interrompit. La couleur de la boule de cristal tourna brusquement au rouge sang. L'homme fronça les sourcils, grimaça et finit sa phrase avec une voix d'outre-tombe :

— pour une nouvelle Traque de débuter.

  

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Voilà le prologue de la Traque. Merci d'avoir lu jusque là.
C'est une histoire qui me tient énormément à coeur et un projet auquel je me consacre depuis plus de deux ans... J'espère qu'il vous plaira. ❤

⭐ Marie ⭐

La Traque - Rouge sang Où les histoires vivent. Découvrez maintenant