La Traque - Rouge sang

Chapitre 65 - Alex

  Média : Alex

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"Run boy run! They're dying to stop you.

Run boy run! This race is a prophecy."

Cours, petit, cours! Ils meurent pour t'arrêter.

Cours, petit, cours! Cette course est une prophétie.

Woodkid, Run boy run

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Liam se battait avec vigueur, conviction et acharnement. Alex et Alicia cumulaient leurs forces contre lui et, pourtant, le jeune homme ne les laissait pas prendre le dessus. Les coups pleuvaient et étaient déviés avec une grande habileté.

Mais sous leurs assauts incessants, l'adolescent perdit peu à peu sa vigueur. Ses coups ne cherchèrent plus qu'à parer les attaques.

L'énergie du garçon diminuant, Alicia se fit plus téméraire et violente, commençant à porter des coups de plus en plus risqués. Liam dû sentir une occasion et en profita, dans un moment de déséquilibre de la jeune fille, pour lui ouvrir profondément la cuisse en se servant de sa lame.

Alicia tomba à terre, titubant sous la douleur. Alex assista à cela sans pouvoir l'empêcher, mais réussit à parer habilement le poignard de son adversaire destiné à porter le coup fatal à la jeune fille.

Liam se tourna alors vers Alex et fit converger vers lui toute sa haine. Alex fut d'abord surpris et enseveli sous l'avalanche de coups. L'énergie de Liam semblait s'être décuplée suite à la blessure d'Alicia.

Alex commença alors un combat violent et masculin avec lui ; les coups des poignards et de crosse s'accumulaient, innombrables. Les oreilles d'Alex sifflaient. Ses yeux piquaient. Son corps semblait s'être enflammé et commençait à trembler sous l'effort.

Liam vit alors un trou dans sa défense, amoindri par la fatigue, et en profita pour porter un nouveau coup plus violent que les autres. Le souffle déjà difficile d'Alex devint sifflant.

Pourtant, avec agilité, le jeune homme réussit à bloquer le couteau de Liam que celui-ci voulait enfoncer dans son abdomen. De sa deuxième main, il attrapa l'autre poignet de son adversaire. Liam essaya de faire pression pour lui permettre d'atteindre sa poitrine pour y enfoncer son coutelas.

Soudain, Alex réussit à planter son arme dans le poignet de son opposant. L'autre lâcha son couteau de douleur et de surprise.

Immuable et comme possédé, Alex ne se départit pas de sa ténacité et planta son poignard de nouvelles fois partout où il trouvait de la chair. Il lacérait la peau de son adversaire dans l'espoir que, de douleur, Liam doive abandonner le combat.

Alex vit alors son rival s'écrouler sous ses yeux. Dans sa chute, ce dernier envoya un coup de poing très violent dans la mâchoire d'Alex qui la fit craquer d'une manière inquiétante.

Quand il put regarder de nouveau devant lui sans voir des points dansants, Alex trouva Liam prostré dans la terre, meurtri de dizaines de blessures, se vidant de son sang, à bout de forces. Il resta quelques instants, essoufflé devant le corps immobile du garçon.

Puis, peu à peu, son sang qui battait à ses tempes se calma et les sons lui revinrent.

D'abord, sa respiration sifflante et bruyante, puis, les sanglots étouffés d'Alicia, le vent battant ses oreilles, et enfin le silence de la rue. Un silence qui l'étonna.

Pourquoi n'entendait-il pas des bruits de combats ? Ou la respiration du vainqueur ? Alors ses autres sens semblèrent lui revenir à leur tour et il releva la tête pour apercevoir ce qui l'entourait.

Alex vit en premier Alicia qui le fixait de ses yeux remplis de larmes de douleur. Le garçon remarqua alors que son regard était porté au-delà de sa petite personne, vers un point dans son dos.

Le jeune homme rangea le couteau poisseux de sang, qu'il tenait encore, dans sa poche avant de se tourner lentement vers ce point, la peur au ventre. Deux corps inertes étaient allongés sur la route à quelques pas d'eux.

Aucune marre de sang ne les entourait et leurs armes à feu avaient été délaissées un peu plus loin. Alex se releva et s'approcha d'un pas lourd et peureux appréhendant ce qui l'attendait.

Il vit d'abord sa chevelure brune salie par des gravillons, puis se retrouva au-dessus de son corps immobile. Le garçon eut un mouvement de recul à sa vue.

Le visage de Louise était méconnaissable.

D'énormes cernes sombres et violacées détonant sur son visage d'une pâleur cadavérique pochaient ses yeux. Sa peau était sèche, presque transparente, très fine et semblait coller à ses pommettes. Son visage était amaigri d'une manière drastique, le parant d'une minceur maladive. Ses lèvres étaient devenues bleuâtres et craquelées. Ses cheveux qui encadraient son faciès décharné étaient ternes. Ses yeux, anciennement marron chocolat et rieurs, étaient maintenant blafards, presque laiteux. Le blanc de ses yeux était coloré d'un rouge vermeil intense, tant le nombre de vaisseaux sanguins qui avaient éclaté était important.

Mais surtout, ses yeux restaient immobiles, d'une fixité morbide.

Alex secoua la tête sans y croire et se jeta sur elle pour lui faire un massage cardiaque. Alicia s'approcha par-derrière, en pleurs, en essayant de le faire lâcher le cadavre de sa petite amie pour qu'il comprenne que c'était terminé.

Il se dégagea avec violence, en redoublant d'ardeur et lui criant d'appeler les urgences. Alicia tomba, elle aussi, à terre, la tête entre les mains et pleura sans pouvoir s'arrêter. Soudain, Alex arrêta de s'obstiner à pratiquer sur ce corps sans vie les premiers secours.

Il tomba aux côtés d'Alicia et prit dans ses bras le cadavre maintenant amaigri de Louise qui s'affaissa dans ses bras à la façon d'une poupée de chiffon.

Ce fut devant le spectacle de ce corps inconscient qu'Alex comprit l'horreur de sa situation et perdit soudain tous ses moyens, pleurant et criant, cherchant à se persuader que ce n'était pas vrai.

Louise ne pouvait pas mourir. Ce n'était pas possible.

Alicia et lui restèrent dans cette position un long moment, les sanglots secouant leur corps. Puis, la jeune fille finit par se relever, voulant quitter cet endroit morbide. Alex lui ne bougeait pas, le regard sur le corps sans vie de sa petite amie qu'il tenait dans ses bras.

La jolie blonde, voyant qu'il restait prostré dans cette position, essaya de le relever. Celui-ci tourna brusquement la tête vers Alicia et fixa sur elle un regard vide semblant la transpercer sans la voir. Avec un sanglot, il se tourna vers le corps de Louise et murmura :

— Nous contre le monde entier, on avait dit.