Chapitre 37 - Baptiste

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Média : Baptiste

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"All need is somebody to lean on."

Tout ce dont on a besoin c'est de quelqu'un sur qui compter

Lean On, Major Lazer

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  Baptiste fut réveillé par les multiples bourdonnements de son téléphone portable à côté de son oreille. Il grogna un peu avant de décrocher :

  — Quoi ? Lâcha-t-il en soupirant.

  — Il faut que tu apprennes à être un peu plus matinal, lui apprit une voix joyeuse suivie d'un rire mélodieux.

  — Ali ? Demanda Baptiste en se rallongeant dans son lit.

  — Qui d'autre pourrait bien te déranger à onze heures du matin, voyons ? Un horaire tout à fait inacceptable pour téléphoner à quelqu'un.

  — Tu connais la règle des dix heures de sommeil ?

  Alicia répondit par la négative.

— Dix heures de sommeil, c'est ce qu'il me faut en tant qu'adolescent pour me permettre d'être pleinement productif durant la journée. Et je t'apprends qu'en me réveillant à onze heures, je n'ai pas eu mes dix heures de sommeil.

  Alicia rit de nouveau dans le combiné.

  — T'es au courant qu'un ado lambda a besoin seulement de neuf heures de sommeil ?

  — Premièrement, répliqua Baptiste, c'est une moyenne. Il y a forcément des ados au-dessus et au-dessous de cette moyenne Et de deux, je ne suis pas un ado lambda. La preuve, je suis complice de meurtre depuis hier soir.

  — Comment peux-tu plaisanter avec ça ? S'injuria immédiatement son interlocutrice.

  — Peut-être parce qu'il vaut mieux en rire, qu'en pleurer. On va sûrement bientôt mourir, autant que ce soit avec le sourire.

  — Toi, t'es vraiment pas du matin.

  — Je t'ai dit : la règle des dix heures de sommeil.

  — Je m'en souviendrai la prochaine fois, soupira Alicia théâtralement. Sinon, je t'appelais pour te rappeler qu'il y a une réunion avec l'équipe tout à l'heure

  — À quelle heure ?

  — Je te donne la vraie ou la fausse pour que tu arrives à l'heure ?

  — Et tu te trouves drôle ?

  — Oui. Sinon, je ne connais pas encore l'heure, en début d'après-midi sûrement. Ma mère est de garde, mais il faut que je demande si la technicienne de surface vient aujourd'hui

  — C'est sûr que ça serait bête qu'elle arrive au moment où l'on parle du jeu. On serait obligée de la tuer.

  — Prend une vitamine C, Baptiste, ou quelque chose comme ça, parce que là on dirait que t'es bourré.

  Baptiste fit abstraction de cette réflexion et demanda :

  — Donc, tu me réveilles à onze heures pour me rappeler un hypothétique rendez-vous dont on ne connaît pas encore l'horaire ? Tu te moques de moi ?

  — J'avais aussi peut-être envie de vérifier que tu étais encore en vie, avoua Alicia, toute trace de plaisanterie ayant disparu de sa voix.

  Baptiste soupira :

  — Je t'ai dit de ne pas t'inquiéter, en plus j'ai le bouddhiste prépubère avec moi en cas de problème. C'est moi qui devrais m'inquiéter pour toi. Dois-je te rappeler que tu as un sens de l'orientation inexistant ? Tu serais capable de te perdre dans ta maison.

  — Je crois que quand tu n'as pas dix heures de sommeil, il n'y a pas que ta productivité qui n'est pas à son maximum, il y a aussi ton sens de l'humour.

  Baptiste rit doucement, avant de rassurer une dernière fois Alicia :

  — Il ne faut pas que tu t'inquiètes, Ali. Tout va bien se passer.

  La jeune fille lâcha un grognement peu convaincu en guise de réponse, quoiqu'un peu rassurée d'avoir entendu la voix de Baptiste. Quand elle eut raccroché, le garçon se laissa allait en arrière sur son oreiller et tâcha de fermer les yeux.

  Hélas, les événements de la veille semblaient lui brûler les paupières et l'empêcher complètement de reprendre le rêve qu'il avait laissé.

  Avec énervement, il sauta en dehors de son lit et ouvrit la porte de sa chambre en grand.

  Comme à son habitude, la maison était entièrement vide, ses parents partis depuis longtemps travailler.

  Il se dirigea vers la cuisine et se trouva bientôt en face de Victor, assis en tailleur au milieu de la table de la cuisine, les yeux fermés, son chapelet de pierres dans la main. Baptiste sursauta en voyant cette apparition.

  — Qu'est-ce que tu fais sur la table de la cuisine ? Lui demanda-t-il immédiatement, une fois remis de sa première stupeur.

  Sans ouvrir les yeux, Victor lui apprit :

  — Je suis venu ici dès que l'heure de la prière a sonné, vers les cinq heures du matin. J'ai croisé tes parents d'ailleurs. Ta mère dégage une aura très puissante. Je lui ai fait remarquer.

  Baptiste resta la bouche entrouverte devant ses paroles :

  — Tu Tu as parlé à mes parents ?

  — Savoir écouter demande beaucoup d'humilité et de sagesse intérieure.

  — Descends de ma table, lui ordonna Baptiste en essayant de rester calme.

  — Tout comme une mère protégerait son unique enfant au péril de sa propre vie, cultive un coeur sans limites envers tous les êtres. Laisse tes pensées d'amour illimité se répandre dans le monde entier.

  Baptiste se massa les tempes, à bout de nerfs. Il respira profondément avant de se diriger vers un placard de la cuisine pour saisir une boîte de céréales.

  — Tu crois vraiment que c'est avec cette philosophie que tu vas survivre dans la Traque ? Finit-il par lâcher dans le silence environnant.

  — La haine ne mettra jamais fin à la haine ; seul l'amour peut le guérir. C'est là l'ancienne et éternelle loi.

  — Tu te rends parfois compte du nombre de conneries que tu sors à la minute ?

  — Ceux qui refusent d'aspirer à la vérité n'ont pas compris le sens de la vie.

  Baptiste lâcha le paquet de céréales et serra les poings.

  — Victor, je pense que c'est une excellente idée que tu ailles rendre un culte à ta divinité, sur la plage, hors de chez moi. Il y a de très jolies pierres dehors qui pourraient te reconnecter avec ton toi intérieur.

  Victor ouvrit les yeux et le détailla du regard. Il dut comprendre le niveau de colère que Baptiste avait atteint, car il sauta de la table et se dirigea vers la porte d'entrée, non sans avoir lancé :

  — Je reviendrai vers treize heures.

  — Fais donc ça, l'encouragea Baptiste en levant les yeux au ciel. Je te rappelle qu'on doit se retrouver chez Alicia en début d'aprèm'.

  Victor acquiesça. Puis, avant de fermer la porte il lui lança avec un clin d'oeil :

  — Au fait ! Je n'ai jamais croisé tes parents.

La Traque - Rouge sang Où les histoires vivent. Découvrez maintenant