Média : Louise
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"Don't need to deny the hurt and the lies
And all of the things that you did to me
I swear, I know you did."
Pas besoin de nier le mal et les mensonges
Et toutes les choses que tu m'as faites
Je jure, je sais que tu l'as fait
Ciao adios – Anne Marie
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Louise entendit l'un après l'autre le témoignage des personnes présentes autour d'elle en ayant du mal à supporter ces paroles, celles-ci concordant un peu trop avec sa propre expérience.
Elle apprit alors que Victor s'était découvert un don pour l'orientation en se perdant dans une forêt et que Baptiste avait gagné beaucoup de parties de cartes avant de comprendre que son talent de stratège était très supérieur à la moyenne.
Mais ce qui retourna le plus Louise fut le récit d'Alex. Le jeune homme commença à plaisanter sur son don qui lui permettait de bloquer celui des autres, ce qui énervait passablement ses coéquipiers ; puis il essaya d'esquiver le sujet en passant la parole à quelqu'un d'autre.
Seulement, Norah semblait très curieuse de savoir comme il avait découvert son « vrai don ».
Louise fronça les sourcils à ses paroles en se rendant compte de la curiosité qui grandissait en elle en même temps que son acceptation sur la véracité de la Traque.
Alex envoya une oeillade à Louise quand les autres le pressèrent de répondre à la question. Il soupira avant de lâcher :
— C'était il y a quelques mois. J'étais dans les couloirs du lycée, j'étais en retard en cours et tout était silencieux. Sauf, qu'en passant devant les toilettes j'ai entendu des bruits inhabituels. J'y suis rentré pour voir ce qui se passait et j'ai trouvé un garçon en train de pleurer. Je me suis avancé, je lui ai demandé ce qu'il avait, mais il ne voulait rien me dire. C'est là que j'ai touché son épaule et tout est arrivé d'un coup. J'avais l'impression de vivre un souvenir à la place d'un autre, tout était en noir et blanc, mais je ressentais tout. J'ai alors vécu en accéléré l'histoire du harcèlement scolaire du garçon. À la fin, quand je suis sorti du souvenir, le garçon n'avait pas bougé et c'était comme s'il n'avait rien remarqué. Je l'ai ensuite convaincu d'aller en parler à la vie scolaire et le problème s'est réglé. Enfin, son problème. Parce que, après ça, j'ai continué à voir le passé de toutes les personnes que je touchais.
Quand il se tut, les autres adolescents enchaînèrent rapidement sur leurs propres expériences avec bonne humeur. Mais, Louise restait bloquée sur la dernière phrase et le regard coupable qu'Alex lui avait lancé.
La jeune fille venait de comprendre que jamais Zoé n'avait parlé à Alex de « l'incident K ».
Elle n'en avait pas eu besoin.
Il connaissait la vérité depuis le premier jour.
Louise eut soudain un mouvement de recul et s'écarta rapidement d'Alex, comme si son toucher la brûlait, sans prêter attention à son regard blessé. Plus la soirée avançait, plus elle se sentait trahie.
Au même moment, Alicia prit la parole pour poser une question au groupe. En la voyant intégrée aux autres adolescents, Louise sut qu'elle n'était pas à sa première rencontre avec eux.
Inspire, bloque, expire.
Louise ferma les yeux rapidement en essayant de lutter contre l'envie de s'enfuir en courant qui lui nouait les entrailles. La voix d'Alicia résonna dans l'air frais de la nuit :
— Quel serez votre voeu si vous remportiez la Traque ?
Louise la fixa. En entendant de nouveau parler du jeu, la jeune fille essaya de se calmer.
Tout cela était beaucoup trop pour elle - le voeu, les pouvoirs, les gens qui essayeraient de la tuer, ses « amis » qui semblaient n'avoir jouer qu'un double-jeu avec elle - Louise n'arrivait pas à y croire. Elle ne voulait pas y croire. Son rythme cardiaque sembla de nouveau s'accélérer.
Inspire, bloque, expire.
Se concentrant au maximum sur sa respiration, Louise tourna son regard vers Baptiste qui avait pris la parole avant Norah pour lancer, plaisantant à moitié :
— Sûrement de l'argent, parce que même s'il ne fait pas le bonheur, il y contribue. Et puis, avec on pourrait aider des associations, comme l'ONISEP par exemple.
Inspire, bloque, expire.
Louise le regarda fixement. Il avait l'air persuadé de l'existence de la Traque et du souhait à la clef. À tel point, qu'il avait même réfléchi à ce qu'il aurait souhaité. La jeune fille eut un sourire ironique en songeant cela. Elle savait qu'elle se bernait en pensant une chose pareille. Baptiste n'avait pas besoin de croire au voeu et d'y réfléchir pendant des heures pour savoir ce qu'il souhaiterait.
Chacun savait, au plus profond de lui, son voeu le plus cher. Chacun avait déjà pensé au moins une fois sa vie à ce qu'il ferait si un génie apparaissait, s'il se découvrait des pouvoirs magiques. En tout cas, c'était le cas de Louise.
Inspire, bloque, expire.
Sentant son pire souvenir refaire surface, la jeune fille tenta de toutes ses forces de se concentrer sur la conversation. Norah était en train de rire de manière moqueuse. Baptiste la regarda en levant un sourcil, cherchant à comprendre ce rire.
— Ton voeu est tellement nul ! S'exclama alors la jeune fille. Tu te rends compte qu'au lieu de demander de l'argent pour le donner à une association qui gère la pauvreté dans le monde, tu pourrais carrément souhaiter la supprimer ?
Baptiste fronça les sourcils et se renfrogna en rétorquant :
— Parce que c'est ça que tu souhaiterais toi, si tu avais le voeu ?
La blonde perdit son regard dans le vide, puis répondit d'une voix blanche :
— Non. Je demanderais que toutes les maladies de la Terre soient éradiquées pour que plus personne ne souffre.
— C'est beau comme voeu, murmura Alicia, semblant impressionnée.
Louise hocha vigoureusement la tête, se concentrant le plus possible sur les paroles des autres pour éloigner les cauchemars qui la menaçaient. Norah rougit un peu et avoua en regardant Victor :
— Je ne suis pas sûre que ce soit vrai. Je ne pense pas mériter pas ces éloges. Quelqu'un de très sage a dit un jour que lorsque nos intentions sont égoïstes, le fait que nos actes puissent paraître bons ne garantit pas qu'ils soient positifs ou éthiques.
Louise fronça les sourcils en entendant ses mots, une tristesse inexprimable monta soudain en elle. La jeune fille regarda Norah détourner le regard, submergée par l'émotion.
La lycéenne la fixait pendant que sa poitrine se chargeait de remords et de regrets qui ne lui appartenaient pas. Elle sentit une larme coulait sur sa joue, avant que Norah avoue avec tristesse, sous le poids du regard curieux des autres :
— Ma mère est atteinte d'un cancer à un stade avancé et il y a peu de chances qu'elle y survive.
Ce fut alors au tour de Norah de river ses yeux sur le sol et de se retenir de ne pas pleurer. Les émotions de la jeune fille, Louise les ressentaient au plus profond d'elle.
L'adolescente sentait toute cette tristesse grandir dans sa poitrine et venir en réveillait une autre, celle qu'elle refoulait chaque jour, celle qui lui appartenait. Cette fois, s'en fut trop pour Louise, ces émotions fissurèrent le barrage qu'elle avait forgé.
Avec horreur, la jeune fille vit son pire souvenir se déverser dans son esprit sans qu'elle ne puisse le contrôler, la submergeant complètement.
Louise ferma les yeux et laissa des larmes silencieuses dévaler le long de ses joues.
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La Traque - Rouge sang
Teen FictionDeux équipes. Un combat à mort. A la clé, un souhait qui réalisera leurs plus grands désirs. Mais à quel prix ? Quand Louise, dix-sept ans, apprend que son petit-ami n'était chargé en vérité que de la recruter pour un jeu cruel auquel elle est oblig...