La Traque - Rouge sang

Chapitre 27 - Iris

Média : Iris

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"Gotta get out now,

Gotta run from this."

Je dois sortir maintenant,

Échapper à tout ça.

Chandelier, Sia

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  Iris papillonna des cils et regarda autour d'elle, perdue. Ce sont les grands yeux bruns d'Alicia qui lui apparurent en premier, suivis très rapidement des visages de ses autres coéquipiers.

  Immédiatement, Alicia leur ordonna de s'écarter d'elle pour la laisser respirer. Ils obéirent rapidement tout en gardant leur éclat curieux au fond des yeux.

  Enfin, pour la plupart.

  En effet, ce n'était pas le cas de Julian et Jenifer. Au contraire, pour les jumeaux, c'était une peur panique qui éclairait leurs prunelles. Julian prit rapidement Jenifer par la main, pour l'éloigner du groupe et Iris crut le voir la prendre dans ses bras avec tendresse et inquiétude.

  Iris se releva rapidement en fronçant les sourcils, son sang battant contre de ses tempes. Elle soupira. La jeune fille commençait à comprendre ce que signifiait cette sensation.

  Et savoir qu'elle avait encore perdu le contrôle de son pouvoir ne l'enchantait guère.

   Au contraire, cela lui faisait peur.

  Soudain, la voix claire d'Alicia retentit près d'elle.

  — Ça va ? Lui demanda l'adolescente avec inquiétude.

  Iris esquissa un sourire qu'elle espérait rassurant.

  Depuis quelques semaines, elle s'était beaucoup rapprochée d'Alicia. C'était la personne mature et bienveillante sur laquelle elle pouvait compter, celle qui faisait attention à elle et essayait de la protéger. Iris ne savait pas trop comment cette relation presque fraternelle s'était installée, mais en tout cas elle était bien présente et la rassurait beaucoup.

  — J'ai recommencé ? L'interrogea-t-elle en grimaçant.

  Alicia hocha la tête avec un petit soupir.

  — Ça a duré combien de temps cette fois ? Voulut savoir Iris se massant les tempes dans l'espoir de faire partit la migraine qui montait -espoir très mince, mais quand même présent.

  Alicia sembla réfléchir un moment, puis répondit :

  — Je ne sais pas trop. Pas plus de quelques secondes, au maximum.

  Norah qui se tenait derrière, intervint :

  — J'aurais plus dit cinq à dix minutes, perso.

  Alicia se tourna vers elle en la fusillant du regard pendant que Iris sentait un gant de fer se refermait autour de sa gorge.

  Cinq à dix minutes ? Cinq à dix minutes d'inconscience où un pouvoir bizarre la contrôlait totalement ?

  C'était plus long que tout ce qu'elle avait fait auparavant.

  Iris tâcha de se calmer, pendant qu'Alicia se tournait vers elle.

  — Elle dit des bêtises, tâcha-t-elle de la rassurer, Norah n'a pas la notion du temps, c'est tout.

  Iris hocha la tête, sans rien dire. Que pouvait-elle ajouter de toute façon ? Personne ne pouvait rien faire pour elle. Surtout pas Alicia.

  Doucement, Iris se releva et s'épousseta pour enlever les grains de sable coller sur son jean.

  Elle grimaça quand elle dut désentortiller le tissu de son tee-shirt qui s'était coincée dans son piercing en pierre iris –c'était sa meilleure amie qui avait trouvé l'idée du bijou fait d'un matériau qui portait son nom. Quand elle eut réussi, la jeune fille remercia rapidement Alicia de l'avoir aider et décida de se diriger vers la plage, pour se mettre les idées au clair.

  Alicia regarda l'adolescente avec tristesse, mais la laissa partir. Baptiste la prit par le bras et l'emmena dans la direction opposée pour permettre à Iris de rester un peu seule.

  Une fois qu'ils furent partis, Iris se tourna vers la mer. La jeune fille regarda les vagues s'échouaient dans leur mouvement perpétuel sur le sable. Cette vision la calma un peu. La routine a parfois quelque chose de rassurant quand autour de soi tout semble s'effondrer.

  Iris sursauta soudain quand un bruit de pas se fit entendre derrière elle. L'adolescente se retourna en fronçant les sourcils. C'était Jenifer.

   Elle regarda sans comprendre l'enfant blonde s'approchait d'elle. Elle s'arrêta à quelques mètres d'Iris et la fixa de son regard de glace. Après quelques instants, Iris voulut ouvrir la bouche pour briser le silence inconfortable qui s'installait, mais fut devancée par Jenifer qui lui demanda du but à blanc :

  — Est-ce que ce que tu m'as dit est vrai ? Est-ce que ça va se réaliser ?

  Iris baissa les yeux. Alicia lui avait rapporté les paroles qu'elle avait prononcées il y a quelques jours. Des paroles funèbres.

  La jeune fille soupira sans oser affronter le regard de l'enfant.

  — Je ne sais pas. Je ne maîtrise pas mon pouvoir. Peut-être que ce ne sont que des idioties, censées nous faire peur Une « épreuve » mentale pour vous tester, Alex

  — Je sais ce qu'Alex a dit, lui assura Jenifer d'une voix sèche. Ce n'est pas la peine de me répéter ses paroles. Julian vient déjà de le faire. Ce que je veux, c'est ton avis. Ton véritable avis, pas celui que tu me donnes pour me rassurer. Je suis assez forte pour l'entendre Iris. J'ai déjà vécu bien pire.

  Iris releva soudain les yeux vers elle. Sa voix s'était faite plus lointaine tout à coup. Les yeux de Jenifer ne la regardaient plus, elle semblait partie dans ses souvenirs.

  Soudain, elle secoua la tête et papillonna rapidement des cils. Iris se trouva de nouveau confronter à ses prunelles gelées.

  — Mon avis, avoua Iris, c'est qu'il y a une part de vrai dans ce que je dis ou plutôt « prédis ». Vos pouvoirs ne servent pas à tendre des pièges à notre équipe, mais à celle adverse. Je ne vois pas pourquoi mon pouvoir ferait exception. Je pense qu'il nous prévient pour nous permettre de faire le bon choix au moment venu.

  Jenifer hocha la tête en entendant ses mots, semblant s'être attendue à cette réponse.

  — Merci pour ta franchise, murmura-t-elle au bout de quelques instants.

  Iris secoua la tête, sans rien dire. Un silence s'installa entre elles.

  — Ça ne veut pas forcément dire que tu es condamnée, ajouta au bout d'un moment Iris, se sentant un peu coupable du ton inéluctable sur lequel elle avait formulé sa réponse.

  Jenifer pencha la tête sur le côté avec un sourire ironique, presque joyeux. Iris fut surprise par cette positivité et fronça les sourcils.

  Elle ouvrit la bouche pour demander quelque chose, mais fut interrompue par quelqu'un qui criait leurs prénoms. Les deux jeunes filles se retournèrent et virent Julian se diriger vers elles, le visage fermé.

  Avant que son frère ne les rejoigne, Jenifer se tourna vers Iris et lui avoua rapidement :

  — Parfois la mort n'est pas une condamnation, mais au contraire une libération.