Média : Louise
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"Consuming all the air inside my lungs,
Ripping all the skin from off my bones,
Im prepared to sacrifice my life.
I would gladly do it twice."
Consumant tout l'air de mes poumons,
Arrachant la peau de mes os,
Je suis prête à sacrifier ma vie.
Je le ferai volontiers deux fois.
Shawn Mendes, Mercy
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Elle laissa le voile rouge tomber sur ses yeux, plus épais que jamais, alimenté par sa colère provoquée par la mort d'Iris.
Rebecca était entourée d'un halo blanc. Louise se concentra pour le faire changer de teinte. Le halo devint immédiatement rose clair.
La jeune fille sourit de contentement, mais très peu de temps. Rebecca avait été désarçonnée par cette attaque à laquelle elle n'était pas habituée, mais s'était reprise rapidement.
Elle se concentra à nouveau en se ménageant une barrière mentale tout en attaquant son adversaire de ses yeux envoûtants. Louise dut alors faire face à ces agressions incessantes tout en cherchant à la briser mentalement.
Son halo avait blanchi à nouveau.
De la sueur coulait dans le cou de Louise. Tous ses muscles étaient tétanisés par l'effort. Un énorme mal de tête montait. Le sang battait contre ses tempes.
Pourtant, elle ne pouvait abandonner, le prix de la défaite étant sa mort.
Louise remarqua soudain que les jambes de Rebecca trembler, prêtes à s'écrouler. Apparemment toutes deux souffraient et seule celle qui montrerait la plus grande force mentale s'en sortirait. Le combat spirituel continuait.
Tout à coup, les deux jeunes filles lâchèrent en même temps leurs armes à feu qu'elles tenaient à bout de bras, n'ayant plus la force de maintenir la position ; les armes tombèrent avec fracas sur le sol.
Les mains de Louise tremblaient ; une envie de vomir la prit ; du feu coulait dans ses veines et ses yeux la brûlaient. *
Son bouclier et ses attaques s'amenuisaient en même temps que ceux de son adversaire, sans qu'aucune n'arrive à prendre le dessus.
Leurs membres ne les soutenant plus, elles tombèrent d'un même mouvement à terre. Et sans essayer de se relever, elles continuèrent leur combat.
Louise, si elle en avait eu la force, aurait hurlé de douleur tellement la souffrance qu'elle ressentait dans chaque cellule de son corps était insoutenable. Des milliers d'aiguilles semblaient s'être enfoncées dans sa chair. Ses poumons la brûlaient, paraissant privés d'air. Sa peau la faisait souffrir comme si quelqu'un l'avait dépecée à vif. Elle endurait un froid intense et, en même temps, elle croyait avoir mis les pieds dans un brasier immense.
Louise essayait tant bien que mal de continuer, mais la force lui manquait. Son corps la lâchait.
Dans son esprit, les paroles qu'avait prononcées Iris résonnèrent :
Pour mettre Éole à genoux, il faudra que le sang de l'agneau
S'écoule, au moment propice, par la résolution du blessé.
De même, quand sur les Dioscures soufflera Borée
Et qu'Euros fera s'envoler et disparaître les rémiges blanches de l'oiseau
Le pêcheur mélancolique devra accepter la nécessité
D'attendre le désespoir le plus profond
Pour enfin ouvrir ses entrailles à l'obscure nébulosité
Et laisser ses petits livrer bataille en son nom.
Tout à coup ce fut comme si tout devenait clair dans l'esprit de Louise.
Ces paroles incompréhensibles et floues prirent soudain tout leur sens.
Si la jeune filles n'était pas si épuisée et désabusée, elle aurait presque souri aux références à son poème préféré d'Alfred de Musset qui avaient été glissées dans cette prophétie.
Le sang de l'agneau. S'ouvrir à l'obscure nébulosité. Laisser ses petits livrer bataille.
L'adolescente venait de comprendre qu'elle était le dernier sacrifice qui permettrait aux autres de gagner cette partie ; sa mort, comme celles des jumeaux – les Dioscures -ou d'Iris – l'oiseau aux plumes blanches, était nécessaire.
Elle ne ferait pas partie des gagnants, mais c'était Louise qui déciderait si elle apporterait la victoire à son équipe.
La jeune fille savait maintenant qu'elle allait mourir, mais ce ne serait pas seule.
Dans un dernier effort mental, Louise légua toutes ses forces sur le bouclier de Rebecca abandonnant le sien dans le même temps. L'autre laissa tomber toutes ses attaques pour se défendre. Pendant de longs instants, elles s'affrontèrent y laissant leurs dernières forces.
Louise sentit avant qu'elle se produise la défaite de l'autre. Ce fut comme si le dernier fil qui la maintenait au-dessus du vide venait de lâcher ; la jeune fille, à l'entente du bruit de déchirure, avait anticipé la chute avant de se sentir tomber.
À bout de forces, Rebecca laissa se fermer à tout jamais ses paupières sur ses yeux enchanteurs comme des rideaux rouges se tirant pour annoncer la fin d'un spectacle.
Avec un sourire vaincu, elle s'effondra à terre. Louise, dans un état second, eut à peine la force de laisser échapper un rire étonné qui se transforma en sourire triste.
Bien que ce soit son adversaire, elle regrettait presque la mort d'une jeune fille au mental si puissant, Louise avait fini par l'admirer, comme on éprouve de l'admiration pour celui qui vous permet de vous dépasser.
Et ce fut avec ce sourire plaqué sur les lèvres qu'elle sombra dans les ténèbres.
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La Traque - Rouge sang
Teen FictionDeux équipes. Un combat à mort. A la clé, un souhait qui réalisera leurs plus grands désirs. Mais à quel prix ? Quand Louise, dix-sept ans, apprend que son petit-ami n'était chargé en vérité que de la recruter pour un jeu cruel auquel elle est oblig...