Les Princes

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Tu devrais penser à dormir un peu plus, me dit ma maquilleuse. T'as des cernes monstrueuses, c'est pas bon pour le teint.

Je lui fis un sourire contrit avant de replonger mon regard dans celui d'Alec, qui me regardait depuis que l'on avait commencé à me préparer pour l'interview. J'allais devoir discuter, avec des gens, lors d'une émission radio. Je levais les yeux ciel, prévoyant déjà la catastrophe. J'avais beau ne plus parler depuis presque six ans, les interviews faisaient parties de mon boulot et je me forçais tout de même à décrocher trois mots à mes interlocuteurs lorsque je me sentais assez à l'aise pour ça. Autrement, John et Alec assuraient mes arrières. Comme toujours. Et dans ces moments là, je me rendais compte que sans eux, je ne serais jamais arrivée là où je suis aujourd'hui.

Il ne nous restait plus que cinq jours dans la capitale française et j'avais seulement envie de m'échapper d'ici, de prendre un avion et de rentrer m'enfermer chez moi à LA. En sécurité, très loin de mon passé qui semblait me rattraper ici.

Un frisson parcouru ma colonne vertébrale quand le visage de l'homme dans la ruelle apparut dans mon esprit. Il m'avait reconnu. Et même si son visage ne m'était plus familier, j'avais reconnu son tatouage. J'avais demandé à John d'engager deux gardes du corps en plus, sans donner plus d'explication. Mais il avait agit sans m'en demander, et je lui en étais reconnaissante. Seul Alec continuait d'essayer de savoir ce qu'il m'était arrivé ce soir là pour que je sois aussi effrayée. Mais je ne lui répondais pas. Ce qui ne changeait pas vraiment de d'habitude on pourrait dire.

Voilà, tu peux y aller ma belle ! déclara la maquilleuse en reposant ses pinceaux dans la mallette.

J'enfilais mes escarpins noires qui s'accordaient avec la robe simple noire en satin que l'on m'avait fait mettre. John me tendit mon téléphone portable et j'attrapais la main de mon danseur pour quitter la chambre d'hôtel. On prit un van pour traverser la ville et rejoindre le studio radio où j'avais rendez-vous à neuf heures et demi.

Evidemment, j'arrivais avec quelques minutes de retard, comme à mon habitude. En sortant de la voiture, je vis une vingtaine de filles qui semblait m'attendre depuis un bon moment. Je quittais Alec et me dirigeais vers elle, le sourire aux lèvres. Je signais des autographes avant de les saluer.

Ca m'a fait plaisir de vous voir ! Mais rentrez chez moi pour écouter l'émission, vous allez être malade sinon, je leur fis un signe de la main.

Elles me remercièrent encore une fois d'avoir pris du temps pour elle et je rentrais dans les locaux, suivies de mes gardes du corps. John me tendit un chocolat chaud en souriant.

J'adore quand tu prends le temps de parler, me confia-t-il.

Je lui fis un clin d'œil avant de poser mon regard sur le studio. La salle était remplie et on m'expliqua que mon tour allait arriver dans quelques minutes puisque les personnes avant moi avaient débordé sur le temps qui leur avait été donné. Je fis un signe de la tête à l'assistant avant de me concentrer sur la musique qui arrivait à mes oreilles.

Du français et du rap. Pas étonnant vu que l'on se trouvait à Paris. Pourtant la musique était vraiment bonne et je bougeais ma tête en rythme. Soudain la porte s'ouvrit et je sursautais, surprise. J'étais prise dans l'univers musical que j'entendais et je n'avais même pas entendu que la musique était finie. Quatre hommes sortir du studio en riant, se félicitant entre eux du live qu'ils venaient de faire et je ne pus m'empêcher de sourire aussi. Ils saluèrent le staff qui les accompagnait et me sourire en passant devant moi. L'un d'eux, avait le visage caché par sa casquette mais je décelais tout de même un sourire en coin sur son visage. Je levais les yeux au ciel. Toujours aussi arrogant ces rappeurs. On m'interpella et je détournais mon regard du jeune homme pour entrer dans la salle.