Les Princes

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Ken

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La journée au studio m'avait épuisé. J'avais passé des heures à enregistrer avec les gars et j'étais vidé de toute énergie. J'avais passé la nuit précédente au studio aussi, les pages blanches se remplissant à une vitesse qui m'étonnait moi-même.

Du coup tu viens pas ? me redemanda 2zer.

Nan je vais rentrer dormir, je leur souris. On se voit demain !

Je les saluais d'un geste de la main et pris le volant de ma voiture pour me rendre à mon appartement. Les clés dans les mains, je sifflotais en montant les marches.

Ana ? je m'arrêtais sur le paillasson.

Salut, elle me sourit en se relevant.

Qu'est-ce que tu fais là ? je déverrouillais la porte et la laissais passer pour refermer derrière elle.

Elle s'avança tranquillement dans l'appartement, observant les pièces comme si elle les découvrait alors qu'elle avait vécu ici pendant presque deux ans. J'avais évidemment déplacé quelques trucs, mais dans l'ensemble, tout était resté tel quel après son départ. Comme ça, j'avais l'impression qu'elle n'était jamais vraiment partie. Qu'elle n'avait jamais pris un avion pour un autre continent, fuyant ce qu'elle considérait comme sa famille.

A cause de moi, je ne pus m'empêcher de penser.

Tu veux boire un truc ? je proposais.

Elle hocha simplement la tête et je me rendis dans la cuisine, fuyant son regard perçant.

T'as déjà manger ? je lui criais après avoir vu l'horloge afficher vingt-deux heures quarante.

Non, je suis venue directement ici.

J'ai des lasagnes dans le frigo, j'indiquais quand elle pénétra à son tour dans la cuisine.

Elle les récupéra et les fit réchauffer pendant que je décapsulais une bouteille de Perrier et une bière. Elle finit par ouvrir les placards, à la recherche d'assiettes et de couverts. On mit la table en silence et une fois assis face à face à l'immense table dans le salon, je décidais de rompre le silence.

Qu'est-ce que tu fais ici ? je redemandais, me rendant compte qu'elle n'avait pas répondu la première fois.

Je savais pas où aller, elle haussa les épaule avant d'enfourner sa fourchette dans sa bouche.

T'aurais pu aller n'importe où, je souris en pensant aux gars qui la couvait comme si elle risquait de se briser à tout moment.

Je sais mais la plupart sont sortis ce soir et j'avais pas trop envie alors j'ai pensé à toi.

Viens quand tu veux, je lui dis.

Sa simple présence ici, même si elle n'était pas particulièrement loquace, suffisait à remplir l'espace qui me paraissait si grand quand je rentrais seul le soir. Où même lorsque j'étais rentré ici avec Jasmine parfois. La blonde n'avait jamais réussi à remplacer l'américaine. Et même si je m'étais efforcé de croire le contraire, j'avais toujours voulu revoir la brune passer le pas de la porte, un carton de pizza dans les mains et le sourire aux lèvres, comme elle avait l'habitude de le faire lorsque je rentrais du studio et qu'elle revenait du boulot elle aussi. On se jetait sur le canapé devant Netflix, appréciant la compagnie de l'autre et la pizza.