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Son regard se fait insistant sur moi. S'il n'avait pas ce petit rictus railleur je serais partie sans lui accorder un regard de plus. Mais il a cette manière d'être, arrogante et moqueuse, qui me force à lui répondre :
— Ne me fais pas rire, Blake. Tu ne devrais pas être sur Terre avec nous et tu es pourtant là. Tu as dû faire quelque chose de terrible pour pouvoir rejoindre Octavia dans cette navette et je ne crois pas que c'est en suivant les règles et en restant docile que tu as obtenu ce que tu voulais. Est-ce donc l'adolescente qui cherche à chasser la plus rebelle ou l'adulte qui s'est incrusté dans la navette des adolescents ?
Il perd alors immédiatement son sourire goguenard et je vois ses poings se serrer autour de la petite hache qu'il tient en main. J'ai juste dans mes propos. J'avais cette hypothèse en tête dès qu'il a commencé à nous faire son speech de leader après notre escapade infructueuse pour rejoindre le Mont Weather. Cent adolescents ont été envoyés sur Terre, des mineurs qui ont commis des crimes. L'Arche ne se serait pas permis d'envoyer des personnes qui n'avaient rien fait de « mal ». Nous sommes des indésirables qui consommons un peu trop de leurs ressources. Les enfants de moins de dix-huit ans sont enfermés après délit alors que les adultes, eux, sont envoyés à la dérive sans possibilités de rédemption. Bellamy a forcément commis un crime dont il a échappé en se cachant avec nous. La grande question est : est-ce qu'il s'est caché dans notre navette pour échapper à sa sentence ou est-ce que c'est ce crime qui lui a permis de monter à bord ? Ces deux hypothèses sont autant probables l'une que l'autre.
— Tu nous inondes de promesses de liberté, qu'il n'y a pas de loi sur Terre et que nous pouvons faire tout ce que nous voulons, continué-je en me rapprochant de lui, le regard plein de défi. Mais en attendant, tu te prends pour un chef que tu n'es pas. Et tu sais que lorsqu'il y a un leader, il n'y a pas vraiment de liberté.
— Tu parles trop pour ne rien dire, m'accuse Murphy d'un air confiant qu'il n'avait pas hier.
— Et toi, attends de te retrouver tout seul avec moi. On verra si ta langue est toujours bien pendue.
— Ça suffit, nous arrête Bellamy en soupirant avant de s'adresser à son groupe, allez faire un tour et ramenez-nous de la bouffe.
Un tour de main et ses moutons s'exécutent docilement. Comme je le disais, il n'y a pas plus de liberté ici qu'en haut avec Bellamy à notre tête. Il ne reste plus que lui, Emile et moi. Pas besoin de le regarder pour savoir qu'Emile est un peu tendu, cela doit faire un bail qu'il n'a pas vu une conversation conflictuelle mais peu importe. J'ai beaucoup de choses à dire à Bellamy.
— Tu nous laisses ? demande-t-il calmement à Emile. J'ai besoin de lui parler.
— Pourquoi devrait-il partir ? l'interrogé-je. Tu as quelque chose à te reprocher ? Tu veux essayer de me convaincre que tu es l'homme de la situation ?
Emile a très envie de partir loin de nous, ça se voit à des kilomètres. Il veut être loin de ce qui pourrait lui faire du tort, de ce qui pourrait le toucher de près ou de loin. Je peux comprendre ça. La vie est trop courte pour se chamailler, surtout quand on n'a pas un pied dans le conflit. Mais quand on a plus vraiment de but dans la vie, la haine et la rage sont tout ce qu'il nous reste et c'est dans notre nature d'épuiser tout ce qu'il nous reste.
— Oh c'est bon Mel, arrête d'agir comme une enfant. Si je n'avais pas été là, ce serait le chaos ici. Tout ce que je fais, je le fais pour nous. Pour que nous puissions survivre.
Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire, ce qui surprend les deux hommes ici présents.
— Vraiment Bellamy ? Pour nous ? m'étonné-je faussement. Ne va pas me dire que tu fais enlever les bracelets des gens pour éviter que l'Arche ne descende et ne réemprisonne tes nouveaux moutons. Dis plutôt que c'est pour te protéger toi et toi seul. Qu'as-tu fait de si horrible pour que le grand Bellamy Blake, sans crainte et sans reproches, ait peur de l'Arche ?
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Cet Espoir ■ Bellamy Blake
FanfictionIl y a 97 ans, un holocauste nucléaire a décimé la population de la Terre, détruisant toute civilisation. Les seuls survivants sont les quatre cents habitants des douze stations spatiales qui étaient en orbite à ce moment-là et qui, après s'être rel...