Cet Espoir ■ Bellamy Blake

11.

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Murphy et moi avons un passé commun. Court, mais on en a eu un. Nous sommes devenus amis un an ou deux avant la mort de son père et on a été plutôt bons amis pendant ce temps-là. Finn en était presque jaloux et Murphy n'était pas le même garçon qu'il est aujourd'hui. Il était appréciable, amusant et relativement charitable. Il n'était pas aussi méchant et imbu de lui-même qu'actuellement. Je ne connaissais pas encore Mica à ce moment-là et si je ne l'avais pas rencontré, je serais probablement tombée amoureuse de Murphy. Mais les choses ont fait qu'il a commencé à grandir, à prendre conscience de ce qui l'entourait suite à la mort de son père. Il s'est mis à voler, à se venger de l'Arche et de ses lois pourries. J'ai essayé de l'aider pendant les quelques mois qui ont suivi son changement d'attitude, mais il a compris qu'on n'avait jamais d'amis sur l'Arche, chose que j'ai compris un peu tardivement. Il m'a repoussé, insulté, offensé et sans aucune raison. Il voulait que je le laisse tranquille et après avoir abandonné l'idée qu'il pouvait être sauvé, il se faisait arrêter pour vol de médicaments. Je n'ai pas plus cherché à comprendre, j'ai laissé tomber. C'était ce qu'il voulait. Mais maintenant, je sais que ce qu'il veut, c'est éviter de mourir pour un crime qu'il n'a pas commis.

Je pousse tout le monde, je tape dans les jambes pour faire fléchir les assaillants. Clarke hurle et tente de faire de même et j'ai presque envie de me jeter sur elle pour avoir déclenché cela. Elle s'attendait à quoi ? À ce que tout le monde écoute ses propositions sans broncher ? Ce qu'elle peut être naïve parfois.

Je vois Charlotte se faire bousculer de tous les côtés et quand je la vois tomber au sol et se faire piétiner parce qu'elle est sur le passage, je m'élance vers elle en lâchant la massue. Je pousse tout le monde et me fais bousculer dans le même temps. Je l'attrape sous les aisselles et la sors de la foule. Je la dépose un peu plus loin, essuie la terre qu'elle a sur le visage et repars dans le tas en lui criant.

— Reste-là !

Quand je reviens vers eux, plusieurs gars tiennent John en joue et lui ont attaché les mains dans le dos. Il est bâillonné et il se fait jeter sur le talus boueux duquel il dégringole.

Les gens continuent de hurler, comme si c'était un spectacle distrayant et ils s'empressent de le relever pour pouvoir le frapper au visage. Celui-ci n'est plus que sang rouge et boue d'un noir effrayant, mélange de stupidité et de barbarie de la part de mes camarades. Certains sont un peu déboussolés, paniqués par la belle connerie de ces idiots. De mon côté, je m'attarde sur ceux qui le tiennent en leur balançant des coups de pied à l'arrière des genoux, les faisant tomber à genoux devant moi et me permettant de leur donner un bon coup de poing dans la face. Mes phalanges me font mal mais Murphy risque d'avoir plus mal que moi si je ne fais rien pour les arrêter.

J'arrive à atteindre Murphy et sors mon couteau pour le détacher. Malheureusement, quelqu'un enroule ses bras autour de ma gorge, me faisant lâcher la lame en même temps que me couper la respiration. Je me débats du mieux que je peux, c'est un peu difficile lorsque je ne vois pas mon agresseur. Il me balance comme ils ont balancé Murphy il y a quelques secondes, sans considération. Je me relève et me prends un coup de poing sur la pommette assez violent qui fait rebondir ma tête sur le sol. Je cligne des yeux, tentant de retrouver une vision nette et vois le coup de pied arriver. Je l'attrape, l'ayant pris par surprise, j'en profite pour faire tourner sa jambe avec toute la force que j'ai et tomber au sol. Je me relève sans plus attendre, légèrement titubante et lui envoie mon pied dans la figure. Je me rue dans la foule où Murphy est désormais suspendu par un fil à un arbre. Une caisse est sous ses pieds pour éviter qu'il ne suffoque à la pendaison et Clarke tente tout ce qu'elle peut pour s'approcher de lui et le décrocher.

Je vois ma lame sur le sol et m'empresse de la récupérer puis la lance. Elle vient se planter dans la cuisse d'un des gars s'occupant de Murphy et son hurlement de douleur fait taire tout le monde, me permettant de me faufiler jusqu'à lui. Je retire ma lame de sa jambe et me mets face à celui qui tient la corde.