33.

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— Bellamy Blake, ça fait un certain temps que j'ai envie de te parler, fait la voix de Jaha à travers la radio.

Désormais, nous avons établi un lien visuel avec eux. Le Chancelier semble aussi éreinté que nous, luisant de sueur avec des poches noires sous les yeux. Pour ma part, la fatigue ne se voit plus autant qu'avant, elle a été remplacée par un peu de colère. Je toise Bellamy de mon regard plein de reproches. Il va fortement regretter d'avoir essayé de nous abandonner.

Les yeux noirs de Jaha se posent d'abord sur Clarke qui s'assied à côté de l'accusé, avant de pivoter vers moi qui reste debout derrière eux.

— Avant de commencer, s'interpose la blonde en me jetant un coup d'œil, cherchant probablement mon soutien, Mel et moi avons quelque chose à vous dire.

Elle lève à nouveau son regard bleuté vers moi. Je hoche la tête pour l'encourager, prête à continuer si jamais elle venait à s'arrêter de parler.

— Quand vous nous avez envoyés ici, c'était dans l'idée qu'on allait mourir.

Une nouvelle vague de colère m'envahit quand je repense aux mots du Chancelier, le jour où ils nous ont mis dans cette navette. « En raison de vos crimes, on se sent le droit de vous sacrifier ». Une envie me prend d'attraper l'écran sur lequel est représenté cet enfoiré de Chancelier et de le balancer pour ensuite le piétiner jusqu'à ce que les pixels éclatent. Je serre les dents et les poings pour me contenir.

— Mais miraculeusement... continue Clarke en un souffle comme si elle donnait toute son énergie, la majorité d'entre nous est encore en vie.

— Et ce n'est clairement pas grâce à vous, commenté-je suffisamment fort pour être sûre qu'il me reçoive bien sur l'Arche.

Les trois paires d'yeux me dévisagent désormais et Clarke semble prête à me foutre une paire de claques. Elle croit peut-être que ça va diminuer les chances qu'il accepte de gracier Bellamy. Si c'est le cas, alors ça n'est rien de plus qu'un dirigeant qui ne sait pas accepter la critique.

— Et il faut que vous sachiez, enchaîne rapidement la blonde en me faisant les gros yeux, que c'est principalement grâce à Bellamy.

Les prunelles de Bellamy se dirigent vers la blondinette qui en fait de même. Ils semblent mutuellement se montrer une partie de leur soi profond, à tel point que je me sens légèrement de trop. Pour faire disparaître cette sensation, c'est moi qui reprends la parole :

— Il a pris les choses en main quand personne ne voulait le faire. Il a joué la figure d'autorité quand le groupe n'était composé que de gamins qui voulaient profiter d'une vie que vous leur avez enlevée. Il nous a forgés. Il a ordonné ce groupe pour que nous soyons tous plus efficaces. Sans lui, on n'aurait probablement pas de murs qui protègent notre camp. Sans lui, on aurait même pas eu l'idée de faire les choses en équipe, au lieu de se la jouer solo.

Je le brosse un peu dans le sens du poil, ce cher Bellamy. Au fond, il était du genre à se la jouer avant que je ne lui remonte les bretelles un nombre suffisant de fois pour qu'il se mette à penser comme une unité. Si ce que dit Clarke est vrai, que le Chancelier m'estime, alors la panoplie d'éloges ne sera pas de trop.

— Il fait partie du groupe, ajoute Clarke, et à ce titre, il devrait avoir le droit d'être gracié. Comme nous tous.

Comme nous tous.

Elle a encore en tête que nous serons graciés pour nos crimes, une fois qu'ils seront descendus pour nous restreindre à nouveau. J'adhère totalement à l'idée d'être optimiste, vraiment, mais il ne faut pas se voiler la face. Les gens de pouvoirs ne vont pas changer leurs manières de procéder juste parce qu'ils passent d'un vaisseau minuscule à une Terre trop grande pour le si petit nombre que nous sommes. D'autant plus qu'avec les natifs qui vont remplacer le problème du manque de nourriture et d'eau, ils vont encore et toujours jouer sur les lois. Ce que je déteste la politique.

Cet Espoir ■ Bellamy BlakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant