Cet Espoir ■ Bellamy Blake

12.

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Nous avons repris notre chemin, mais je ne vais pas nier que nous sommes bien plus sur nos gardes désormais. Notre petite et désagréable rencontre avec un natif n'a fait que renforcer ma méfiance à l'égard de cette forêt car il nous est maintenant impossible de ne pas regarder derrière nous toutes les cinq minutes et cela même s'il fait aussi noir que dans le néant. Bellamy et moi restons proches l'un de l'autre dans l'objectif de se rassurer un minimum, sans quoi cela risque d'être difficile de retrouver Charlotte si nous sommes occupés à sauver notre peau.

Nous marchons bien plus lentement, en évitant de faire un maximum de bruit. Même notre respiration est devenue presque inaudible tant nous craignons une nouvelle altercation avec un homme de la forêt. Bien que mon poignet soit toujours aussi douloureux après le coup de massue que j'ai reçu, je décide de porter mon arme avec cette main-là. Peu importe à quel point j'ai mal, je sais que je serais bien plus efficace pour me défendre avec ma main droite qu'avec ma gauche, ce qui me fait penser que si je sors vivante de cette escapade, je devrais peut-être m'entrainer à devenir ambidextre.

Au bout d'un moment, un bruit attire notre attention et nous glace le sang. Nous nous immobilisons et nous lançons un regard qui, malgré la pénombre opaque, nous permet d'avoir une certaine synchronisation. Nous nous cachons derrière un arbre, dans son ombre en réalité, afin de devenir invisibles aux yeux de tous. Le bruit se fait plus distinct et nous comprenons que ça se dirige vers nous. Mon cœur bat à tout rompre à la simple idée que le natif soit revenu sur ses pas pour finir ce qu'il n'a pas pu commencer mais je réalise que nous ne sommes pas les seuls de sortie ce soir. Finn, Clarke, Charlotte et sans oublier Murphy et ses moutons sont aussi en train de gambader gentiment. Soit pour échapper à la mort, soit pour être la personne qui la donnera.

J'essaye de me calmer, de me dire que c'est peut-être Finn, ou même Murphy. J'aimerais que ce soit Murphy pour que je puisse me décharger de tout le stress qui m'a assailli il y a à peine quelques minutes. Sans ses conneries, on serait tous en train de dormir tranquillement au camp.

Bellamy s'est mis devant moi, jouant alors le bouclier. Rien que de penser que ce soit le natif qui revient et qu'il pourrait nous torturer d'une manière épouvantable me soulève le cœur, alors je ressers mon emprise autour du manche de la massue qui m'arrache une grimace douloureuse.

Une silhouette passe, je retiens ma respiration. Je n'ai pas vraiment le temps d'assimiler ce qui est en train de se passer, ni même de bien voir qui vient de passer, un natif ou une connaissance, que Bellamy saute sur la personne tandis qu'elle crie avec une voix aiguë de fillette.

Bellamy la plaque contre le tronc d'arbre et sa main vient se placer sur la bouche de Charlotte. Il lui somme silencieusement de ne faire aucun bruit tandis que le regard de la fillette converge vers moi, affolé. Elle se détend quand elle comprend que ce n'est que nous. Je m'attendais à ce qu'elle fonde en larmes après avoir gambadé toute seule dans la forêt en pleine nuit, je ne comprends d'ailleurs pas comment elle a fait pour perdre Finn et Clarke, mais il s'avère qu'elle se met à hurler. Comme un cri volontaire cherchant à indiquer sa position. Le simple fait qu'elle ouvre sa gueule me fait paniquer, alors mon poing part dans sa figure dans l'espoir que ça la fasse taire. Je regrette presque instantanément mon geste quand sa tête rebondit sur l'écorce dur de l'arbre, mais son cri se perd entre les arbres et le silence revient doucement.
Elle semble essoufflée par le coup qu'elle vient de prendre et Bellamy me regarde avec surprise, ne s'attendant surement pas à ce que j'emploie de telles mesures pour garder notre position secrète. J'ignore son regard qu'il pose sur ma silhouette.

— T'es cinglée d'hurler comme ça ? Tu cherches à ce que Murphy te retrouve ou quoi ?

Elle me regarde méchamment, cherchant à me montrer que mon geste lui a fait assez mal, pourtant je l'ai frappé avec ma main gauche. Quand je commence à en avoir marre de son silence incompréhensible, j'annonce à Bellamy que nous rentrons et il n'en demande pas plus. Ne reste plus qu'à espérer que Murphy passera la nuit entière à la chercher alors qu'elle sera rentrée au camp. Et pendant qu'il sera occupé, je vais parler avec cette gamine et lui faire comprendre que tuer quelqu'un ne règle pas les problèmes et ne fait qu'en créer. Car même si Wells était un petit naïf un peu trop docile, c'était un gars bien. En plus il savait tirer. Une fois sur quatre, mais c'était une fois bien assez.