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Je suis obnubilée par ce que j'ai devant les yeux. Rouge, brillant, inquiétant. Tellement inquiétant que je plonge à toute vitesse mes doigts dans la bassine et renifle pour empêcher mon hémoglobine de se faire la malle. Je pose ma manche sur mes narines et continue de renifler. Je sens le liquide couler dans ma gorge jusqu'à ce que le saignement s'arrête, ou du moins c'est l'impression que j'en ai. Je regarde à droite et à gauche. Bellamy dort toujours, Octavia l'a rejoint dans les bras de Morphée et Murphy est en train de s'occuper d'une jeune fille. Je m'essuie à nouveau le nez avant de rincer une nouvelle fois mes mains et de faire comme si de rien n'était.

J'ai beau ne pas comprendre comment j'ai pu me tromper sur mon immunité à ce virus, c'est un fait : je ne suis pas résistante. Est-ce pour autant que je dois en faire toute une histoire alors que les autres sont tous au bord du gouffre ? J'ai vu deux ou trois des infectés n'avoir que des symptômes primaires peu agressifs, comme Clarke qui n'a jamais craché ses poumons, il est tout à fait possible que je sois l'une d'entre eux. Peut-être que mon système immunitaire n'est pas aussi incroyable que celui de Finn ou d'Octavia, mais je reste persuadée que le poison de Lincoln m'a renforcé d'une façon ou d'une autre, de la même manière qu'il l'a fait pour Finn et Octavia.

Ne sachant quoi faire pour m'occuper, je ne me vois vraiment pas rester assise à ne rien faire, ni même dormir. Je ne me sens pas capable de dormir, et pourtant ce n'est pas la fatigue qui manque. Je décide de payer ma tournée de verres d'eau. L'hydratation est primordiale pour ces malades qui s'assoiffent en suant autant, Clarke n'a cessé de me le répéter.

Au fil des minutes, je me sens de plus en plus lourde. Un horrible bruit bourdonne à mes oreilles et je me sens dégoulinante de transpiration. En parlant de Bellamy, je le vois papillonner des yeux alors que je force une fille à boire mon verre d'eau. Il se redresse sur ses coudes et semble chercher quelqu'un du regard. Quand il se pose sur moi, il soupire et m'offre un sourire. Faible, pas aussi charmeur que d'ordinaire, mais suffisant pour me rassurer. Une fois que j'en ai fini avec la petite brune qui refusait de se désaltérer et me donnait du fil à retordre, je me lève et pars remplir à nouveau le verre. Enfin, je me dirige vers lui.

Éreintée, compressée par l'atmosphère, désordonnée, je me rattrape à l'échelle quand je trébuche. Je regarde ce qui m'a fait perdre l'équilibre mais je réalise qu'il n'y avait rien qui entravait mon chemin. Je remarque du sang frais sur le sol, les mêmes gouttes de sang qui étaient tombées sur mon chiffon. Des mains à la poigne dure s'emparent de mes bras, ce qui me fait lever la tête. Le visage de Bellamy est là. Il est là. Je vois ses lèvres bouger sans en percevoir le moindre son, juste ce bourdonnement incessant dans mes oreilles qui me fait tourner la tête.

— Putain Mel, entendis-je au loin, même si je sais éperdument que c'est Bellamy.

Je n'ai plus aucune force. Même le poison de Lincoln ne m'a jamais rendu aussi léthargique. L'atterrissage sur un matelas n'est pas très doux, j'ai conscience que c'est parce que je n'ai plus aucune force pour me soutenir et que Bellamy fait au mieux compte tenu de sa propre convalescence.

— Mel, reste réveillée s'il te plaît, me demande-t-il en tentant de me maintenir assise, sa voix toujours atténuée. Toi, tu la touches pas ! Octavia !

Je rouvre les yeux dans l'espoir de comprendre tout ce remue-ménage et remarque que Bellamy tente de garder Murphy à distance. Octavia apparaît devant moi et soulève mes cheveux pour regarder mes oreilles. Je la vois grimacer.

— Mince, notre théorie était fausse, se contente de dire la petite brune avant de demander à Murphy de lui ramener un chiffon à peu près propre.

Cet Espoir ■ Bellamy BlakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant