38.

818 38 8
                                    

— Tout le monde sort sauf Connor et Derek, ordonne Bellamy avec une mine sombre. Exécution.

Clarke et Finn arrivent à notre suite alors que les personnes restantes fixent Murphy comme si c'était une bête de foire, moi la première. Impossible de détacher mon regard de ses contusions qui me donnent la chair de poule. Tout ce sang, toutes ces plaies, je ne peux m'empêcher de voir Marcus à la place de Murphy. La lame de rasoir dans ma main et les conséquences de nos actes à jamais graver sur sa peau.

— Il prétend qu'il était chez les natifs, annonce un grand roux dont le bonnet cache ses mèches de cheveux.

J'en étais sûre. Ce genre de lésions ne pouvait être que l'œuvre des natifs. Je reconnaîtrais une torture entre mille.

— On l'a chopé alors qu'il essayait de rentrer en douce, s'exclame le deuxième dont le visage ne m'est pas inconnu.

Même si la condition de Murphy me préoccupe particulièrement, je suis obnubilée par le garçon à la peau noire qui vient de répondre. C'est lui qui avait tant insisté pour pendre Murphy quand tout le monde croyait qu'il avait tué Wells. Quelle ironie.

— Je rentrais pas en douce, tente de se défendre Murphy d'une voix rauque et fatiguée, je fuyais les natifs qui me couraient après.

— Quelqu'un a vu des natifs ? demande alors Bellamy, son timbre de voix montrant qu'il est très agacé de la situation.

Le grand noir fait une moue avec sa bouche et secoue la tête. Murphy doit être profondément désordonné après ce qu'il a subi et si les autres ne voient pas ce que je vois, je ne les laisserais pas refaire la même erreur deux fois.

— Alors dans ce cas, conclut Bellamy en levant son flingue, œil dans le viseur.

Automatiquement, je me mets devant le canon et pose ma main sur celui-ci.

— Non, Bellamy.

— Il savait très bien ce qui l'attendait s'il revenait, pousse-toi Mel.

— Non ! s'interpose alors Finn entre le canon et moi. S'il était chez les natifs, alors il a des infos qui nous seront utiles.

Je glisse un regard vers Clarke qui semble perplexe et en proie à une réflexion intense.

— Lui, utile ? On l'a pendu, on l'a banni et maintenant on va le tuer, c'est très simple. Dégagez tous les deux.

— Non, énoncé-je plus fortement au même moment où Clarke le disait.

— Finn a raison, enchaine la blonde en le contournant pour aller observer ses plaies.

— Certainement pas ! s'agace Bellamy. Clarke, il faut que tu penses à Charlotte !

— Et c'est exactement ce que je fais, l'arrête-t-elle calmement avant de replonger dans son examen clinique.

Je fixe Bellamy qui se sent trahi. Je pose une main sur la sienne pour écarter le flingue de la direction qu'il pointe.

— Ce qui est arrivé à Charlotte est autant de notre faute que de la sienne, certifie Clarke alors que je me remémore toutes les accusations que j'ai portées sur eux ce soir-là.

En effet, je leur avais dit que c'était de leur faute, à Bellamy et Clarke. Parce qu'ils avaient été incapables de coopérer pour le bien de tous, à se battre pour le pouvoir. À tel point qu'ils ont laissé le doute infiltrer nos rangs et que Charlotte en est morte. Je pense qu'aujourd'hui, ils ont beaucoup appris et que c'est pour cette raison que c'est Clarke qui a pris le dessus. Autant Bellamy a profondément évolué depuis cette nuit-là et s'est assagi, autant Clarke avait déjà cette sagesse en elle qu'on aurait dû écouter depuis le début. C'est pour cette raison que c'est elle qui a été rencontrer les natifs et c'est pour cette raison que Bellamy ne discute pas sa décision. Il n'est qu'un consultant.

Cet Espoir ■ Bellamy BlakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant