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Pour le coup, cette énième engueulade avec Bellamy a servi à quelque chose. Peut-être pas à lui mais elle m'a donné un bon coup de fouet dans le dos. Je suis requinquée comme jamais. Je sais quoi faire pour servir à quelque chose au lieu de rester interdite comme une gamine à qui on vient de prendre sa poupée favorite. Finn est loin d'être une poupée avec laquelle on peut jouer, mais c'est un peu l'image que ça donnait.
Après être entrés dans la navette, Emile a insisté pour soigner ma blessure à la jambe. Comme il a recommencé son cinéma, à déblatérer comme un moulin à paroles, j'ai eu tôt fait d'abandonner la bataille dès le début et de me laisser faire. Je n'ai plus envie de me chamailler pour un oui ou pour un non. Si le laisser tripoter ma plaie ensanglantée peut l'empêcher de me parler de trucs dont je n'ai absolument rien à foutre et bien soit.
Il commence à marcher d'un bout à l'autre de la navette, à chercher du tissu pour éponger mon sang tandis que toute notre troupe déboule dans la navette. La pluie s'est mise à tomber. À chaque nouvelle vague d'adolescents entrant dans cet espace confiné, c'est comme si une marée d'eau se déversait petit à petit dans notre seul établissement sec. Les bâches qui servent de porte d'entrée se soulèvent dans de grands mouvements violents et certains garçons tentent de les retenir.
Quand Emile revient finalement vers moi les bras chargés, je soupire de soulagement. Si la douleur est supportable, la sensation du sang collant mon pantalon à ma peau et l'odeur associée sont extrêmement désagréables. Après, c'est peut-être l'odeur du sang de Finn qui est si déplaisante, ou le mélange du sien et du mien. Il dépose un pantalon à peu près propre à côté de moi, en précisant que je pourrais le mettre une fois qu'il aura nettoyé le sang. J'enlève le mien pour qu'on puisse essayer de le laver, si c'est possible de laver autant de sang et il s'affaire comme un petit infirmier.
— Depuis quand tu sais faire des bandages, toi ? lui demandé-je en tentant d'apercevoir Finn au travers de la foule.
— Cinq minutes ?
Je stoppe ma recherche pour lui offrir un regard interrogateur.
— J'ai demandé à Clarke comment on faisait pendant qu'elle cherche à avoir sa mère à la radio. T'inquiète, c'est qu'un bandage. C'est pas comme si on me demandait de faire une opération chirurgicale.
— Heureusement en effet, lâché-je en dispersant mon attention, cherchant de nouveau à en savoir plus sur l'avancée de Clarke.
— Je te remercie de la confiance que tu portes en moi. Très aimable de ta part.
Est-ce que j'ai seulement déjà été aimable ? aurais-je voulu lui répondre, mais je décide de ne pas faire plus de remarques stupides. Il est déjà sympathique de me faire mon bandage et de prendre le temps de s'occuper de moi. Il ne mérite pas que je sois désagréable avec lui.
— Excuse-moi Emile. Je suis un peu sur les nerfs en ce moment.
— Ouais j'ai remarqué. Bellamy a encore fait l'objet de ta colère.
Je soupire face à sa remarque. Bellamy est né pour être l'objet sur lequel je peux me défouler. Il est le seul qui ne fait pas les bons efforts, ici. Entre ne pas en faire et faire les mauvais, autant ne rien faire.
— Bellamy l'a cherché. Encore.
Le silence se serait installé si nous n'avions été que tous les deux mais l'endroit est rempli à craquer. Notre discussion a beau être terminée, celles des autres nous envahissent. Je lève les yeux au ciel. Ils ont peur d'un peu de pluie ? Eh bien, on n'est pas dans la merde. Si l'une des choses qui nous permet de rester en vie les effraie, je n'ose même pas imaginer les trouver en face d'un natif. Ils se chieraient dessus.
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Cet Espoir ■ Bellamy Blake
FanfictionIl y a 97 ans, un holocauste nucléaire a décimé la population de la Terre, détruisant toute civilisation. Les seuls survivants sont les quatre cents habitants des douze stations spatiales qui étaient en orbite à ce moment-là et qui, après s'être rel...