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Je ne sais tout bonnement pas quoi faire. Murphy est armé et du genre excité. Si jamais je tente de descendre l'échelle, je deviendrais vite sa cible et je ne pourrais rien tenter. Il faudrait donc que je saute directe du premier étage au rez-de-chaussée, en évitant de me casser une jambe au passage, pour lui sauter dessus à un moment où il est retourné. Mais si jamais il est un peu trop tourné vers Jasper, il pourrait en profiter pour lui tirer dessus avant que je n'aie eu le temps de faire quoi que ce soit. C'est trop compliqué.

John ordonne à Jasper de se bâillonner et de s'attacher les poignets. De mon côté, je cherche quelque chose à l'étage. Je ne sais pas quoi et je ne sais pas ce que j'en ferais mais je dois trouver quelque chose. N'importe quoi.

Finalement, j'attrape l'élastique entourant le pot de poudre et attrape une balle de fusil vide. L'objectif : sauter dans le trou, atterrir sur mes pieds sans me les fouler et lui balancer ma balle dans la gueule, comme si j'utilisais un lance-pierre, pour le désarçonner quelques secondes et avoir le temps de lui arracher son flingue. Je positionne ma balle sur l'élastique et le tend dans l'espoir de l'assouplir un peu avant utilisation. Je m'entraîne à viser, il ne faut pas que je rate mon coup. La vie de Jasper en dépend, ainsi que probablement la mienne.

À force de tirer sur la corde comme une acharnée, la balle finit par me glisser des mains et par tinter sur le sol. Je m'immobilise sur le champ en écarquillant les yeux. Mon sang se glace quand le voit de Murphy retenti :

— Qui que tu sois, je vais te demander de descendre gentiment au rez-de-chaussée, sans arme. Sinon c'est Jasper qui y passe.

Je ferme fortement les yeux tout en serrant les dents. Plus boulet que moi, tu meurs. Je descends les échelons de l'échelle, doucement, et quand j'atterris sur le sol, le visage de Murphy est blafard.

— Tiens, tiens, tiens, Kane. Pourquoi ça ne me surprend pas de te voir encore une fois dans une situation délicate ?

— C'est toi qui la rends délicate, John, me contenté-je d'ajouter en gardant mes mains en l'air pour lui montrer ma bonne foi.

— Nan, c'est Jasper qui la rend délicate. Maintenant, bâillonnes-toi et attache tes mains.

Il se tourne pour attraper des sangles à utiliser comme menottes et j'y vois mon salut. Je le charge et donne un coup de pied dans le canon pour le déséquilibrer. Mon poing vient s'écraser sur sa mâchoire juste avant que mon genou ne monte jusqu'à son ventre. Malheureusement, il pare mon dernier coup et me donne un violent coup de boule qui me fait reculer de quelques pas. Sonnée, je ne vois pas le coup de crosse arriver. Je tombe la tête en arrière. Elle rebondit sur le métal du plancher, je vois immédiatement flou. Du sang s'écoule de mon nez, bien qu'il soit totalement anesthésié par la douleur.

— Maintenant, tu compliques les choses. Félicitations.

Je perçois qu'il attache mes mains, il en profite même pour me les attacher dans le dos. Il est malin. Je lève mon regard vers Jasper qui est absolument paniqué. Je n'ai pas besoin de voir clairement pour le savoir. John m'attrape sous les aisselles et m'assoit à côté de son autre otage. Quelle belle paire, vraiment.

— Pourquoi tu fais tout ça ? demandé-je en retenant la bile de remonter dans ma gorge. Je pensais que t'avais changé.

— J'ai changé, m'assure-t-il en s'accroupissant devant moi. J'ai compris qu'il fallait que je fasse les choses tout seul, pas comme avec Charlotte où je comptais sur vous tous, sur le camp entier, pour que justice soit faite quand j'ai été abusivement accusé du meurtre de Wells.

Autant abasourdie par le coup que j'ai reçu que par les paroles du gars en face de moi, j'écarquille les yeux.

— Nan mais c'est une blague ?

Cet Espoir ■ Bellamy BlakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant