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C'est une explosion de sensations. Frissons, excitation, joie. Ce n'est même pas comparable à mon premier baiser avec Mica, alors que ce n'est qu'un baiser, et c'est d'autant plus jubilatoire. Tout est différent : le contexte, l'environnement, l'homme. Mais quand je sens ses mains monter à mes épaules et mettre de la distance entre nos lèvres, tout s'écroule.
— Mel, je...
Il recule d'un pas et se gratte l'arrière de la tête dans un geste nerveux. Quant à moi, je le dévisage purement et simplement. Je ne comprends pas sa réaction. On est sans arrêt en train de se tourner autour depuis plusieurs jours et il me dit des choses magnifiques. Il danse avec moi, ses mains sur mes hanches, tout ça pour me repousser.
Je me sais livide, blessée dans mon ego et dans mes espérances. Je ne sais pas quoi faire. Pourtant, j'éclate doucement de rire en tapant son épaule amicalement.
— Bah alors Belly Jelly, effrayé par un baiser de circonstance ? dis-je d'un ton moqueur, mon mode défensif s'étant mis en place sans que je n'aie à faire quoi que ce soit.
Il lève son regard sur moi, l'embarras est lisible dans ses traits. Je lui souris sans même le vouloir en allant regarder à travers ce qu'était autrefois une fenêtre.
— Un baiser de circonstance ? balbutie-t-il alors que mon moi profond est en train de se demander qu'elle mouche m'a piqué.
— Bah ouais. On était en slow rock'n roll, on rigolait bien. C'est les circonstances et l'environnement qui voulaient qu'on s'embrasse, tu vois ?
Il ne semble pas comprendre ce que je lui dis, alors je me rapproche de lui et lui donne une tape amicale dans le dos.
— En gros, détends-toi. Il se passe rien entre nous, lui assuré-je en accompagnant mes paroles d'un clin d'œil. Maintenant qu'on a bien fait mumuse dans la maison et qu'on est rassasiés, on peut retourner chasser ?
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J'ai envie de croire que je n'ai pas fui. Qu'en paraissant désintéressée de ce baiser que je lui ai volé, je n'ai pas fui une discussion embarrassante et affligeante. Je sais éperdument que c'est faux. J'ai un peu paniqué c'est vrai, et je ne sais pas du tout comment j'ai fait pour me montrer aussi désinvolte dans l'espoir que ça ne changerait rien de la relation que nous avons. J'ai l'impression de refaire comme avec Emile : voler des baisers et me barrer comme une voleuse ensuite. Sauf que cette fois, c'est à contrecœur que je me carapate.
La fin de la journée s'est passée sans accroc et par accroc, je veux dire sans divagation. Juste de la chasse. On ne se parlait plus que pour s'informer des animaux qui rôdaient dans le coin. Quand nous rentrons au camp, il fait nuit et nous rapportons plusieurs oiseaux et écureuils et tout ça, sans reparler de ce qui s'est passé.
J'ai essayé de garder cette attitude indifférente à ce que j'ai fait plus tôt, et même si je n'ai absolument aucune idée de si ça s'est réellement vu ou pas, Bellamy n'a rien laissé transparaître non plus. C'est compliqué de savoir ce qui se passe dans sa tête, même si j'en ai une vague idée.
Désormais, je suis allongée dans ma tente, à regarder la bâche au-dessus de moi et à ressasser mon comportement, le sien et tout ce que j'aurais dû et n'aurais pas dû faire. Je ne comprends toujours pas pourquoi. Est-ce que je me suis trompée en pensant que mes sentiments étaient réciproques ? Probablement, sinon il m'aurait rendu mon baiser, ou au moins il n'y aurait pas mis fin. Est-ce que toute cette complicité entre nous n'était que le fruit d'une réelle amitié ? Plus que certain apparemment, je ne vois pas comment ça pourrait en être autrement. Pourtant, j'ai cette impression d'inachevé. Je ne peux pas rester sans réponse. Je voulais éviter une conversation embarrassante et affligeante, sauf que j'ai besoin de savoir. L'incompréhension me ronge, c'est plus dur que je ne le pensais. Je me lève et part en direction de sa tente. Je vais probablement en souffrir mais il vaut mieux mettre les cartes bien à plat sur la table. Comme avec Emile. Qui sait ce qui se serait passé si je n'avais pas mis des barrières dès le début avec lui.
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Cet Espoir ■ Bellamy Blake
FanfictionIl y a 97 ans, un holocauste nucléaire a décimé la population de la Terre, détruisant toute civilisation. Les seuls survivants sont les quatre cents habitants des douze stations spatiales qui étaient en orbite à ce moment-là et qui, après s'être rel...