14.

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Nous nous regardons avec Octavia une fois que Bellamy a quitté la tente. Je vois bien qu'elle est exaspérée par le comportement de son frère et même si d'ordinaire je suis plus de l'avis d'Octavia le concernant, je ne sais pas vraiment quoi faire cette fois-ci.

La radio de cette capsule est suffisamment importante pour ne pas laisser la navette à la vue des natifs. Elle est peut-être notre seul espoir de recevoir des armes, des vivres en supplément, des médicaments. Mais justement, il y a les natifs dehors. Il y en a un, c'est certain, et peut-être qu'il en a rameuté plusieurs.

Mon problème, à moi, c'est qu'ils me font flipper à tel point que je n'ose même pas ressortir de nuit hors du camp. C'est plus que problématique parce qu'on risque d'avoir à faire des sorties nocturnes, tôt ou tard. Peut-être même qu'on entrera en guerre contre eux et dans tous les cas, il faudra bien sortir de notre trou.

— Est-ce que tu penses à la même chose que moi ? m'interroge-t-elle en se rapprochant de moi. Tu sais très bien qu'il a aucune chance si le gars de la capsule se retrouve face à des natifs. Il ne connaît pas cette planète, alors que les natifs oui.

— Et nous, on la connaît cette planète ?

J'admire sa détermination et sa volonté d'aller l'aider, vraiment. Mais elle ne semble pas comprendre qu'ils sont déjà à nos portes. Discrets, cachés, mais ils sont là.

— T'es du même avis que Bellamy, c'est ça ?

— Écoute, ajouté-je en soupirant. Je suis du même avis que Bellamy parce que nous avons croisé un natif en allant chercher Charlotte et je n'ai jamais ressenti une telle détresse, Octavia. On a réussi à lui échapper mais je pense que c'est parce qu'il l'a bien voulu. Ce n'est pas dit que la prochaine fois qu'on le verra, il sera aussi courtois.

Elle ne s'attendait pas à ce que je lui dise qu'un natif est dans les parages, mais ça n'enlève pas cette lueur de détermination dans son regard. Ce besoin irrépressible de faire l'inverse de ce que veut son frère. C'est un peu irréfléchi et puéril. Bellamy a raison sur ce coup mais on ne peut pas laisser cette personne toute seule. Même si c'est un garde et que je leur voue une haine incommensurable. Attendre le lever du jour, ce serait agir comme l'Arche. Ce serait laisser les rancœurs gagner contre le courage et contre une forme de charité envers ceux qui ne sont que des moutons. Je regrette désormais d'avoir laissé ma colère envers Marcus m'avoir incitée à enlever mon bracelet. L'égoïsme dans un groupe tue aussi aisément que lorsque le Conseil envoie des gens à la dérive.
Octavia fait plusieurs pas dans l'idée de quitter la tente, mais je la retiens par le bras.

— Mais ça ne veut pas dire que je ne vais pas venir avec toi.

Elle lève son regard vers moi avec un sourire.

— Contredire Bellamy, c'est amusant pas vrai ?

Je ricane en levant les yeux au ciel.

— C'est pas pour le contredire que je le fais.

J'ai décidé de laisser Emile dormir. Quand j'ai vu qu'il n'avait plus de bracelet, j'ai compris qu'il ne voulait pas que l'Arche descende. Je ne me voyais pas vraiment lui demander de nous accompagner pour aller chercher un gars de l'Arche qui fait probablement partie de ceux qui l'ont enfermé pendant sept longues années dans une cellule froide, impersonnelle et qui lui rappelait constamment qu'il allait rester ici jusqu'à sa majorité pour être envoyé à la dérive ensuite. Personnellement, je n'ai passé que six mois en cellules et la folie était déjà à ma porte.

Je suis repassée dans ma tente où il dormait toujours aussi profondément, j'ai attrapé mon arc, mon carquois et j'ai pris mon courage à deux mains en passant les murs incomplets de notre camp aux côtés d'Octavia. Nous n'avons pas pris de torche, de peur d'attirer le mauvais œil. Nous avons donc marché prudemment et lentement, en veillant à écouter les moindres bruits que font la nature pour y déceler des bruissements anormaux qui pourraient correspondre aux pas d'un natif.

Cet Espoir ■ Bellamy BlakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant