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Ses lèvres sont asséchées par les intempéries mais elles ne manquent pas de passion. Je sens le bout de sa langue venir caresser ma lèvre supérieure avec légèreté, soulevant une nuée de papillons dans mon ventre comme je n'en avais jamais connu. Ses mains tiennent fermement mes hanches, ce qui attise un peu plus cette avalanche de désir que j'éprouve. Et puis le cri de Raven, plein de détresse et de douleur, met fin à notre premier vrai moment d'intimité. Je lance un regard derrière lui, en direction de l'entrée de la tente, avant de me reconcentrer sur lui.

— Aussi agréable qu'ait été ce baiser, on a des choses relativement importantes sur le feu, annonce Bellamy, sa voix trahissant sa déception.

Je lui souris doucement en hochant la tête. Je lui vole un baiser furtif avant de m'emparer de la lampe torche de la tente et de la fourrer dans mon sac. C'est la seule chose qu'il sera réellement utile d'emmener.

— J'ai besoin d'être auprès de Raven, lui expliqué-je en sortant de la tente. Je sais qu'on a un peu de bouffe à répartir dans nos sacs mais Raven est ma meilleure amie. Cela restera toujours plus important que de faire mon sac.

Il hoche la tête et me prend mon sac des mains. Il appelle quelqu'un dans l'essaim d'adolescents et lui ordonne de remplir mon sac pour qu'il soit près au moment de partir. Le garçon ne cherche même pas à s'y opposer et attrape le sac au vol avant de partir au petit trot jusqu'à la réserve. Bellamy se dirige ensuite vers la navette, moi sur ses talons.

Ce que je vois, quand je passe les draps du parachute, me donnent un haut-le-cœur. Clarke tient dans sa main une machette dont le bout de la lame est ardent. La peau du flanc de Raven est calcinée et couverte de sang coagulé. Le visage de mon amie transpire sa douleur et sa fatigue. Je me précipite à son chevet et attrape sa main.

— Ça devrait stopper l'hémorragie, dit Clarke, plus espérant que convaincue.

— Je ne comprends pas comment Murphy a pu avoir un fusil, s'exclame Finn en tenant l'autre main de Raven dans la sienne.

— C'est une longue histoire, explique Bellamy alors que les regards indécis de Finn et Clarke le dévisagent.

— On a eu de la chance, ajoute Raven en retenant sa respiration. Si Murphy avait touché le réservoir, on serait tous morts.

Je tilte aux paroles de la mécano.

— Le réservoir ? demandé-je en un grognement rauque.

— Il reste du carburant dans la navette ? demande Clarke. Y'en a assez pour faire une bombe ?

— Assez pour une centaine de bombes, si on avait encore de la poudre à canon...

Je vois Raven grimacer et lui intime de rester calme. Bellamy occupe rapidement le reste de la discussion.

— Revenons-en à ces natifs dont tu as parlé tout à l'heure Finn.

— Les démons.

Je fronce les sourcils. Finn sort un cahier de son blouson que j'ai déjà vu quand nous détenions Lincoln et l'ouvre à une certaine page où est dessiné un visage. Effrayant, tatoué et percé de partout, le regard perçant. Qu'est-ce que c'est que ça encore ?

— Ils pourront peut-être nous aider. Les ennemis de nos ennemis sont nos amis, ajoute Bellamy avec un peu d'espoir.

Clarke et Finn s'offrent un regard entendu. Ils sont d'accord mais semblent tout de même inquiets.

— Pas des ennemis de ce genre, le contredit Clarke. Crois-moi, on les a vu. Ce n'est même pas une option.

— Et on a plus le temps surtout, insiste Finn. Est-ce que Raven pourra marcher ?

Cet Espoir ■ Bellamy BlakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant