7.

2.5K 107 43
                                    

Je n'ai pas réussi à dormir, je n'en avais même pas envie. Toute cette adrénaline depuis deux jours aurait dû m'épuiser, même mon petit coup de blues aurait dû me faire au moins somnoler, mais non. C'est presque à croire que cette planète m'a fait développer une résistance à la fatigue. Et même en y mettant toute la bonne volonté qu'il me reste, Jasper a rapidement anéanti mes espoirs.

Je ne peux pas lui reprocher de souffrir, mais je ne suis pas la seule qu'il a empêché de dormir. Il gémit sans arrêt et j'ai eu tôt fait de me lever et de le rejoindre pour tenter de lui rendre cette étape moins lourde, ainsi que diminuer la pénibilité de la nuit aux autres. J'ai aidé Clarke et Monty une grande partie de la nuit : à lui éponger le visage, à tenter de le faire boire un peu, mais les autres demeurés envoyés avec nous sur Terre n'ont vraiment aucune considération pour Jasper qui souffre le martyre. Je suis même persuadée que si les autres étaient à sa place, ils souhaiteraient que l'on s'occupe d'eux comme on s'occupe de lui. Il ne comprennent pas que ce qu'il vit n'a absolument rien de facile, ni de plaisant.

Finn a réussi à s'endormir malgré les geignements de Jasper qui résonnaient toute la nuit dans la navette. Je ne suis qu'à moitié étonnée. Il a toujours été un peu étrange, à toujours réussir dans les domaines où les autres échouaient, notamment dormir alors que les autres n'y arrivent pas, peu importe les raisons. Et quand le soleil se lève enfin, je décide de laisser Jasper à Monty après presque deux heures consécutives à m'occuper de lui. C'est le moment d'alterner.

Je sors de la navette, prendre l'air frais est un véritable bonheur. Mon atmosphère a été souillée par la sueur des cent somnolents toute la nuit et je dois dire que je suis moi-même encore dégoulinante. Bien que la nuit ait été fraîche, le grand nombre de personnes réunies dans un espace aussi confiné nous a permis de nous tenir chaud, probablement trop.

Et alors que mon regard balaie le camp en construction, je me rends compte que je ne sais pas quoi faire. Sur l'Arche, j'avais un travail qui me prenait énormément de temps. Maintenant tout a changé. Alors je me remémore en grimaçant l'attaque de Jasper et la lance qu'il s'est pris en plein thorax. Je réalise que je devrais peut-être commencer à mettre à profit ce que je sais en me fabriquant une vraie arme, à l'inverse du tuyau accroché à ma ceinture et qui ne m'a pas vraiment été d'une grande utilité jusqu'à maintenant. Si mon travail n'est pas de trop mauvaise qualité, je pourrais peut-être m'attarder sur la confection de plus d'armes pour le camp. J'ai beau n'avoir que peu d'affinité avec le groupe, on va en passer du temps ensemble. Le mieux est que tout le monde soit en capacité de se défendre, d'autant plus quand on a un ennemis encore invisible dans les parages.

Je décide alors de faire intervenir mes talents en fabrication balistique et pénètre à nouveau dans la navette. J'enjambe des corps à demi endormis et fouille dans les cases de rangements de la navette à la recherche de quelconques morceaux de fer. Quand j'ai une trouvaille, notamment du fil un peu élastique et des morceaux de métal inutiles, je fourre le tout dans le sac improvisé que j'ai trouvé hier dans la navette et ressors du vaisseau.

J'avance dans les sentiers nouvellement créés du camp pour sortir de celui-ci et m'enfoncer dans la forêt. Je ne m'éloigne pas trop non plus pour que je puisse être en capacité de revenir en deux secondes si jamais je me faisais attaquer. Mais je prends tout de même le temps de profiter du grand air car je suis toujours aussi époustouflée par la beauté de cette forêt.

Je fouille les alentours, j'explore les ressources du territoire. Je pars à la recherche des branches les plus belles pour fabriquer une arme à partir de bois, c'est une occasion que je n'avais pas sur l'Arche. Le seul végétal que nous avons sur le vaisseau, c'est le bonsaï de la mère de Marcus qu'elle utilise pour donner de l'espoir aux habitants de l'Arche.

Cet Espoir ■ Bellamy BlakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant