⭐2. La voleuse

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Maryse faisait les cent pas en claquant ses talons sur le marbre de mon salon. Ça ne pouvait signifier que deux choses : elle réfléchissait ou elle était énervée. Mais vu la situation, je pencherais plus pour la première possibilité.

Elle passait aussi de temps en temps ses doigts dans ses cheveux comme pour les plaquer davantage. Ce qui, à mon avis était impossible, car sa coiffure était toujours impeccable.

L'époque où ma tante laissait sa belle crinière brune en liberté était depuis longtemps révolue. Je ne la voyais plus sans son éternelle queue de cheval basse et ses robes droites lui arrivant sous les genoux, qu'elle choisissait pour mettre ses courbes et sa peau mate en valeur.

Bien que ses allers-retours me tapassent sur les nerfs, je me forçai à rester calme, car je savais qu'elle finirait par trouver une solution.

Maryse était mon ange gardien, ma seule famille et aussi la meilleure des managers. D'aussi loin que je me souvenais, elle avait toujours été là pour sauver mes arrières. Peut-être était-ce à cause de nos dix-huit ans de différence qu'elle agissait aussi souvent comme ma mère. Je lui faisais totalement confiance et ne lui cachais presque rien. Parce que, même si les solutions qu'elle proposait ne me plaisaient pas, c'étaient souvent les bonnes.

Voilà deux jours que j'avais reçu une mystérieuse lettre et que je n'arrivais même plus à penser à autre chose. Je dormais mal, je mangeais mal, je respirais mal...

Si le but de mon expéditeur anonyme avait été de me stresser à mort, il avait réussi avec brio.

Je me massais les tempes, quand Maryse décida enfin d'interrompre ses va-et-vient et de s'installer en face de moi sur l'un des canapés en cuir noir.

– Il n'y a qu'une seule solution et elle ne va pas trop te plaire, débuta-t-elle avec circonspection, en pinçant les lèvres comme si elle redoutait ma réaction.

– Dis quand même ! l'encourageai-je, impatient de découvrir ce qu'elle avait à me proposer.

– Marie-toi ! dit-elle tout simplement, comme si c'était aussi banal que « Tiens, bois ça ! » .

Je lui laissai quelques secondes pour me dire qu'elle plaisantait, bien que ce ne fût pas trop son genre. Mais la chute de la blague n'arriva pas. Je commençai à douter que c'en était une, car son expression — la même qu'elle avait quand elle parlait affaires — n'avait pas bougé d'un pouce. Elle était donc sérieuse ?

– C'est hors de question ! m'opposai-je catégoriquement à cette absurdité en me levant brusquement de mon fauteuil.

Je me mis à mon tour à faire des va-et-vient, les mains dans mes cheveux, en parcourant la pièce de mes yeux préoccupés, comme si une autre solution risquait de se matérialiser sur l'un des tableaux hors de prix qui ornaient le vaste salon. Décoré dans un style épuré aux tons noirs et blancs, comme le reste de la maison, il était parfaitement digne de figurer dans un magazine, en particulier à cause de son haut plafond, mais m'en extasier était loin d'être ma priorité.

Il devait certainement exister une autre alternative !

– Si tu as une autre idée, je suis tout ouïe, m'invita la manager d'un geste de la main avant de se croiser les jambes.

– Je n'ai pas envie de me marier maintenant ! J'ai... j'ai vingt-trois ans, bordel ! gueulai-je en levant les bras, comme si c'était évident.

– Des gens se marient à dix-huit, rétorqua-t-elle avec la même expression inébranlable. Rick, réfléchis bien. Personne n'est encore au courant. Ta meilleure chance, c'est d'agir avant que ce cinglé ne mette sa menace à exécution. Et si jamais il le fait après… Eh bien, tu auras le bénéfice du doute, ou alors personne ne le croira.

Je me rassis et écrasai mon visage dans mes paumes, encore plus agacé que son raisonnement tienne la route. J'aurais voulu qu'elle admette qu'elle s'était trompée et qu'elle allait chercher une nouvelle solution.

– Je ne suis pas fait pour un mariage, énonçai en désespoir de cause.
Je n'avais jamais envisagé de me marier.

– Je suis désolée, reprit-elle compatissante. Mais à moins que tu ne veuilles vivre dans la peur chaque jour qui passe en attendant qu'il te balance, tu n'as pas d'autre choix. Sauf si...

– Sauf si, quoi ? m'empressai-je de demander, avec un regain d'espoir.

– Sauf si malgré les risques que tu sais que tu encourras, tu dévoiles toi-même ton secret à tes fans.

– Tu plaisantes là ? m'étranglai-je presque.

Elle haussa les épaules, l'air de dire qu'elle ne faisait que proposer et je me laissai aller avec un soupir las contre le dossier de mon fauteuil.

– Je ne peux pas, Maryse. Tu sais que je ne peux pas. Je ne me sens pas prêt.

Je me passai une main sur le visage, respirai un bon coup et m'enquis à contrecœur :

– Et tu as une idée de qui serait ma charmante épouse, par hasard ?

– Pourquoi pas Daphney ? suggéra-t-elle d'un ton beaucoup plus enthousiaste. C'est ton amie depuis toujours, elle accepterait volontiers car elle craque pour toi. De plus, elle est au courant pour ton secret, fit-elle remarquer en tapotant l'accoudoir du canapé de ses ongles manucurés. Il faudra quand même lui faire signer des papiers pour qu'elle ne puisse rien révéler de la nature de votre mariage, mais ça...

– Je ne veux pas me marier avec Daphney, coupai-je d'un ton sans appel. C'est... Daphney !

– Ce ne sera qu'un mariage de couverture, tu le sais, argua-t-elle en se décroisant les jambes pour s'accouder sur ses cuisses. Vous irez aux soirées ensemble. Vous vous embrasserez devant la presse. Vous filerez le parfait amour en public, mais ce que tu choisis de faire ou de ne pas faire avec elle en privé, ça te regarde. Réfléchis bien, il n'y a pas de meilleure candidate qu'elle.

– Non ! répliquai-je, obstiné.

– Ton mariage devra être le plus crédible possible, insista Maryse en adoptant la voix qu'elle utilisait pour obtenir ce qu'elle voulait lors des réunions. Juste au cas où le mec de la lettre mettrait ses menaces à exécution. Si à ce moment-là, on s'aperçoit que ce n'était qu'une vulgaire comédie, ça n'aura servi à rien, et tu perdras des fans en masse.

– C'est non, non et non. Je ne veux pas de Daphney.

– S'est-il passé quelque chose dont je ne suis pas au courant ? demanda-t-elle, soupçonneuse, devant mon entêtement.

Elle ne devait pas comprendre pourquoi j'étais si déterminé à ne pas épouser Daphney. C'était ma plus vieille amie ; on avait grandi ensemble et c'était l'une des rares personnes avec qui j'étais resté proche au fil des années. Son défunt père et le mien étaient associés et partageaient une grande amitié. On avait fréquenté les mêmes écoles privées et habité côte à côte jusqu'à notre majorité.

Par la suite, on avait essayé de sortir ensemble après la terminale, mais ça n'avait pas marché. Je ne ressentais pas ce genre d'attirance pour Daphney. Je la considérais plutôt comme une sœur... casse-couille certes, mais je l'aimais quand même.
Lorsque ses parents furent tués dans un accident d'avion, elle n'avait que dix-huit ans, mais elle avait refusé de vivre seule dans sa grande maison et encore moins de rejoindre ses autres proches.

Elle avait presque emménagé chez moi, où on passait pratiquement toutes nos journées ensemble, puisqu'à l'époque, on prenait tous les deux une année sabbatique avant notre entrée à la fac.

Je n'y étais finalement jamais allé, brisant le rêve de mon père de me voir avocat. Elle non plus d'ailleurs, préférant passer son temps à voyager, et à liquider la fortune de ses parents.

Elle comptait beaucoup pour moi, mais il s'était passé quelque chose pour lequel je ne voulais pas que ce soit elle. Je refusais de l'expliquer à Maryse, elle ne pourrait pas comprendre.

N'obtenant aucune réponse de ma part, la manager soupira et reprit d'un ton légèrement agacé :

– Bien ! Y a-t-il quelqu'un à qui tu penses en particulier ? Une actrice ? Attends ! s'exclama-t-elle comme si elle venait de mettre le doigt sur quelque chose. Pourquoi pas Alexie ? Ça te fera un coup de pub. Ils sont tellement nombreux à attendre le retour de Ralexie ! termina-t-elle en illustrant le dernier mot d'un geste théâtral.

L'idée d'allumer un joint m'effleura l'esprit à ce moment-là, mais je savais que Maryse allait me faire chier avec ça. Je n'aimais pas parler d'Alexie Carpenter, tout simplement parce que ça me rappelait notre rupture, pas très... romanesque, je devais le reconnaître. Malgré tout, c'était de loin ma plus longue relation.

Et, oui, je savais que me remettre avec l'actrice était le souhait de bon nombre des Rrivers, mais je ne me sentais pas capable de sourire à Alexie après ce que je lui avais fait, même si je savais qu'il ne me serait pas bien difficile de la reconquérir.

– Alexie ne voudra plus de moi, mentis-je, car l'idée ne m'emballait pas vraiment.

– Tu sais autant que moi que c'est faux. Elle en a connu des vertes et des pas mûres à cause de toi, mais il te suffira de jouer un peu la comédie et t'auras à nouveau le chouchou d'Hollywood dans la poche. La deuxième saison de sa série cartonne en ce moment ; imagine la pub pour Darkist.

Darkist serait le nom de mon prochain album. Mes quelques mois de vacances pourtant bien mérités ne m'avaient pas été favorables. J'avais une audience à reconquérir. Et encore une fois Maryse avait raison : Alexie pourrait bien m'être utile.
Je me levai et me dirigeai vers le home bar afin de me servir un verre. Cette conversation m'avait donné mal à la tête et j'avais envie d'être seul. Cependant, la petite sœur de ma défunte mère m'avait emboîté le pas dans la salle noire aux ampoules de néons blancs, et ne me laissa pas cette chance.

– Tu décides quoi, Rick ?

J'attrapai une bouteille de Whisky sur l'une des étagères lumineuses ; en remplis un verre et avalai cul sec le liquide ambré. Je m'accoudai ensuite au comptoir en inox en expirant par la bouche et je me pris la tête entre les mains.

Je pouvais bouder, gueuler, vider le home bar, mais ça ne résoudrait pas mon problème. Je savais que je devais prendre une décision, et c'est ce que je fis, à contrecœur.

– D'accord, soufflai-je, vaincu. J'irai voir Alexie, je lui offrirai des fleurs, je sortirai le grand jeu, je feindrai d'être amoureux et quelque temps plus tard, je lui demanderai sa main. Satisfaite ? fis-je avec une moue sarcastique en écartant les bras.

Il y avait des jours où je donnerais tout pour être un mec normal.
Habituée à mon caractère, la manager ne se démonta pas et répliqua d'un ton moralisateur qui me fit lever les yeux au ciel en descendant un autre verre :

– Non ! Tu ne le fais pas pour moi, mais pour sauver ta carrière. Il le faut. Et cette fille t'aime à un point irraisonnable, je suis sûre qu'elle te comprendra, et qu'elle...

– Attends, attends, coupai-je d'un geste de la main en plissant les yeux. Elle comprendra quoi ? Je ne vais rien dire à cette folle, tu me comprends ? Je ne supporterai pas cette situation plus d'une année. OK, je vais me marier avec elle, mais juste pour te donner le temps de découvrir qui m'a menacé. Après celui-là, on le paiera ou... je ne sais pas. Mais fais vite !

Quand je disais que je n'avais jamais eu envie de me marier, je ne plaisantais pas. Tout ce qui s'apparentait de près ou de loin à de l'engagement me faisait peur. D'ailleurs, rien que d'imaginer que cette situation pouvait durer plus de temps que prévu, m'avait mis dans tous mes états.

Je pris cependant une longue inspiration pour essayer de retrouver mon calme et tranchai :

– Je sors !

– Attends, tu vas déjà la voir ? s'enquit-elle d'un air étonné. Il est plus de minuit !

– Je doute de changer d'avis si j'attends demain, expliquai-je en faisant de grands pas.

Arrivé devant la porte d'entrée, Maryse me retint par le bras.

– Sois prudent, insista-t-elle de sa voix maternelle. Tu connais tous les enjeux.

– Je les connais, confirmai-je en contractant les mâchoires. Et c'est soit elle, soit Daphney. Ce n'est pas un choix

– Que vas-tu lui raconter ?

– J'ai ma petite idée ! assurai-je, pensif.

– Rick je crois qu'il est préférable de lui dire la vérité, suggéra-t-elle en fronçant les sourcils d'un air inquiet. Il ne s'agira plus de cacher ton secret à tes fans, mais à ta femme qui vivra sous le même toit que toi. Tu imagines les conséquences si elle le découvre ? Elle se sentira trahie et manipulée. La vengeance d'une femme trahie est terrible.

– On n’aura qu'à lui faire signer des papiers stipulant de ne rien dévoiler de notre mariage. Je lui trouverai un bobard. Elle ne découvrira jamais rien, promis-je en adoptant une expression déterminée.

– Pourtant, quelqu'un l'a découvert, souligna-t-elle.

Je crispai à nouveau les mâchoires de frustration. Elle venait d'appuyer là ou ça faisait mal.

– Elle ne le découvrira pas, répétai-je plus durement.

– J'espère que tu sais ce que tu fais, Rick.

– Moi aussi, je l'espère, conclus-je en fermant la porte.

Je choisis l'Aston Martin dans le garage et pris la direction de l’adresse d’Alexie. Je savais qu'elle habitait un loft dans un immeuble luxueux et récent du quartier résidentiel de Brentwood. Et j'étais certain de la trouver chez elle à cette heure, car elle n'était pas du genre à sortir faire la fête un dimanche soir.

Il ne me fallait qu'un quart d'heure pour me rendre à son adresse en empruntant Sunset Boulevard, et seulement treize minutes si je passais par Wilshire Boulevard. Cependant, je roulai exprès dans la mauvaise direction, juste pour retarder le moment où je la croiserais.

Je finis par atterrir dans le quartier de Willowbrooke, à plus d'une demi-heure de ma destination initiale et décidai de m'arrêter devant un petit supermarché pour me trouver vite fait quelque chose de fort avant de reprendre définitivement la route.

Oui, j'avais déjà bu et alors ?
Je remontai la capuche de mon sweat noir Marshmello, qui accompagnait mon jean de la même couleur déchiré aux genoux, et traversai le parking désert d'un pas vif pour rentrer dans l'établissement.

Rien que de penser à ce que j'allais dire à Alexie, j'avais la bouche sèche. Pourtant, mon choix de boissons se porta sur une bouteille de Jack Daniel's, bien que je fusse au courant que c'était une très mauvaise idée au volant. Malheureusement, je savais aussi que je ne pourrais pas jouer la comédie sobre ; en tout cas, pas la première fois.

Je me rendis ensuite vers la caisse afin de payer et tombai sur une jeune femme avec un gros sac de voyage pendu à une épaule et les cheveux bruns rassemblés n'importe comment en une queue de cheval lâche. Celle-ci entretenait une discussion animée avec le caissier. Ça ne m'aurait pas dérangé le moins du monde s'ils n'avaient pas fini par me taper sur les nerfs. Je voulais payer pour partir, et ces deux-là ne semblaient pas sur le point d'en finir.

– Mais si je te dis que je l'avais tout à l'heure, on m'a volé mon argent ! affirma la jeune femme à la petite robe à fleurs, accompagnée de Converse, avec véhémence.

– Il ne fallait pas ouvrir ces chips avant d'avoir payé, contra le vieux caissier au crâne dégarni d'un ton légèrement sarcastique. Tu pensais pouvoir t'en sortir avec ton joli minois, peut-être ? Désolé ma belle, ça marche pas sur moi.

– C'est que des Pringles, merde ! Je ne suis pas une voleuse. J'ai vraiment perdu mon argent !

– C'est quand même bizarre que tu aies mangé trois d'un coup, et que ton argent ait mystérieusement disparu juste après, ironisa le vieux vendeur.

– Bon ça va ! intervins-je, agacé. Ajoute ça à ma note ! soupirai-je en déposant ma bouteille avec deux billets de cent sur le comptoir.

L'homme parut presque déçu que j'aie interrompu sa petite dispute avec la pseudo-voleuse. Il devait vraiment manquer de distraction à cette heure de la nuit. La jeune femme se retourna pour découvrir son mystérieux sauveur et plissa les yeux pour tenter de bien voir mon visage sous ma capuche que j'avais rabattue assez bas pour éviter d'être reconnu.

– Merci, finit-elle par dire.

Je balayai son commentaire d'un geste de la main et me tournai vers l'homme en attente de ma monnaie.
Pendant ce temps, l'inconnue avait repris :

– Ne croyez pas comme lui que je suis une voleuse, j'avais vraiment perd...
Elle s'interrompit et ses grands yeux verts s'écarquillèrent de surprise – elle m'avait donc reconnu malgré tout. Elle recula ensuite d'un pas, puis de deux, sous mon regard soupçonneux.

Son visage me semblait vaguement familier, sans que je n'arrive à mettre le doigt sur où je l'avais déjà rencontré.

Elle se mit finalement à courir et je lui emboîtai le pas après quelques secondes de réflexion en abandonnant la bouteille et la monnaie. Sa réaction m'intriguait, et j'étais curieux de savoir qui elle était, car j'avais vraiment l'impression de la connaître.

Elle courait plutôt vite pour une fille aussi mince avec un sac de cette grosseur sur l'épaule. Cependant, ayant de grandes jambes, il ne me fut pas bien difficile de la rattraper.
Je lui fis barrage de mon corps devant le magasin et elle s'immobilisa, prise entre la vitrine du supermarché et moi. Elle avait l'air nerveuse et regardait tout autour de nous comme si elle s'attendait à ce qu'on soit encerclé d'un moment à l'autre.

– Je sais que je n'en avais pas le droit, mais je ne savais pas que c'était vous quand je l'ai fait. Je ne veux pas de problème ! Comment se fait-il que vous m'ayez retrouvé ? débita-t-elle, visiblement angoissée.

– Je ne me souviens pas de toi, avouai-je en fronçant les sourcils. Je... pourrais-tu me rappeler qui tu es ?

– Vous ne vous rappelez pas ? souffla-t-elle comme pour elle-même, l'expression hagarde, mais légèrement moins tendue. Ce n'est pas pour le baiser, alors pourquoi m'avez-vous poursuivie ?

Alors là, tout me revint. Je compris que je venais de tomber encore une fois sur cette fille qui m'avait utilisé quelques mois plus tôt pour rendre un mec jaloux. Je pensais ne plus jamais la revoir.

Elle marquait un point. Quel genre de coïncidence était-ce ?

Rock Hard, Love HarderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant