🌟49. À nu

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Ce soir-là, il me fut impossible de trouver le sommeil, alors j'en profitai un peu pour visiter le chalet. En sifflotant, je parcourus la villa de trois étages et découvris une totale de six chambres à coucher. Elles étaient presque toutes agencées selon le même style champêtre et cosy, et possédaient pour la plupart un balcon aménagé.
Je trouvai aussi une cave à vin, un parking ; une terrasse munie d'un barbecue et de plusieurs chaises longues avec vue sur le village... Cependant, ma plus spectaculaire découverte, ce soir-là, resterait bel et bien le spa ; avec son jacuzzi, son sauna, son hammam et ses appareils de fitness... Je savais déjà que j'allais passer du temps dans cet espace.
D'ailleurs, je décidai séance tenante de faire un peu de muscu, en pensant que la fatigue aurait raison de mon insomnie. Pourtant, même après mes deux heures d'exercices et ma douche divinement relaxante, je me retrouvai à tourner encore et encore dans mon lit.
Je n'arrêtais pas de repenser à Marcos ; à toutes ces photos de moi qu'il avait refilées à son cousin. Ça m'appartenait de dévoiler cette part de moi ou pas. Je ne lui aurais jamais pardonné s'il était allé jusqu'au bout.
Mais il ne l'a pas fait.
Mais il ne l'avait pas fait, effectivement. Et ça me mettait dans une situation plus qu'inconfortable. Parce que, si ses paroles à l'hôpital m'avaient autant blessé, c'était parce qu'elles contenaient bien une part de vérité.
Dans un autre contexte, j'aurais pu tourner la page et continuer notre relation. Il avait supporté tellement de choses pour moi ; à mon avis, j'aurais peut-être fini par lui pardonner, ne serait-ce que par gratitude. Mais je n'étais qu'un lâche, qui allait profiter de ce faux pas pour ne plus lui adresser la parole ; tout en gardant le beau rôle...
Il méritait tellement mieux ! Et je me sentais trop mal. Je lui en voulais encore, mais je ne pouvais m'empêcher d'éprouver un énorme sentiment de culpabilité. Cependant, je savais que c'était décidé — lâchement, de manière éhontée — mais lui et moi, c'était fini pour de bon...
2 h du mat en heure locale, et j'étais encore là, à me tourner et retourner dans mon lit sans arriver à m'endormir.
Fatigué de fixer le plafond, je me levai, me vêtis d'un peignoir en laine et me dirigeai sur le balcon de ma chambre. Cependant, même la vue de la montagne enneigée, digne d'une carte postale, n'arriva pas à me détendre complètement. Je ne vis alors qu'une solution, et celle-ci se tenait dans un gros tee-shirt, la mine grave, les yeux bouffis de sommeil derrière sa porte entrouverte.
— Quoi ! grogna Sara d'une voix ensommeillée, visiblement peu ravie.
— Je fais des cauchemars, inventai-je sur le coup.
— Je me suis endormie, il y a à peine un quart d'heure, Rick. Et avant, j'avais clairement entendu tes pas dans la maison. Alors sérieusement, quoi ?
J'étais grillé.
— Ah, fis-je d'un ton que je voulais léger. Toi non plus tu n'arrivais pas à dormir !
— Non. Par contre, moi, je n'ai pas menti, maugréa-t-elle.
— J'ai dit ça pour que tu aies pitié de moi et me réconforte en me serrant contre tes seins, admis-je avec l'espoir de l'attendrir.
— T'es pathétique, pouffa-t-elle en s'écrasant le visage dans une main, comme si elle ne savait plus quoi faire de moi.
Estimant que c'était mieux que son attitude meurtrière, quelques secondes plus tôt, je me sentis plus en confiance pour demander :
— On fait quelque chose ?
Elle considéra ma proposition quelques secondes avant d'acquiescer :
— OK, mais je vais pas me bourrer la gueule et te faire un strip-tease ensuite.
— Tu vas le faire sobre alors ? la provoquai-je. Tant mieux. Cette fois, on ira jusqu'au bout.
— Tu sais quoi, bonne nuit ! s'agaça-t-elle.
Je mis mon pied en travers de la porte avant qu'elle ne la ferme. Putain, qu'est-ce que ça faisait mal ! Mais en même temps, je l'avais bien mérité, pour me comporter comme un gros connard en rut.
— J'ai... j'ai de la beu ! annonçai-je en désespoir de cause.
— Je veux pas fumer, rétorqua-t-elle platement.
— J'ai découvert une cave à vin dans la maison, retentai-je.
— Je veux pas boire.
— OK ! Venons parler. Tu l'as dit toi-même à L.A., on ne se parle pas.
J'attendais sa réponse avec impatience. Je la suppliais du regard d'accepter, car je n'avais vraiment pas envie d'être seul à nouveau. Avec un soupir résigné, elle finit par rouvrir la porte, et soupira de soulagement.
On s'installa ensuite dans le sofa en U face à la fenêtre panoramique. Elle avait recouvert ses jambes d'un plaid puis les avait repliées sous son menton, comme une gamine. Moi, j'étais assis normalement, tapotant juste périodiquement le parquet filmé du pied.
— Demain on part au ski ? s'informa-t-elle en plongeant son regard forêt dans le mien.
— Je ne vais nulle part, décrétai-je, flegmatique.
— Mais on va pas passer notre séjour enfermé ici ! protesta-t-elle, révoltée.
— Ça ne me dérange pas.
— On est en Suisse, le pays avec les meilleures stations de ski au monde. Tu ne peux pas refuser d'aller skier !
— Je viens de le faire, pourtant.
— T'as peur que je te voie tomber ? fit-elle la tête inclinée sur un côté d'un air légèrement amusé.
— Non, démentis-je d'un ton blasé.
— Rick, je vis avec toi depuis quoi ? Quatre mois ? T'es le genre de mec qui ne fait que ce en quoi il est bon, juste pour avoir l'air badass en toute occasion.
C'était vrai, mais je n'allais pas l'admettre devant elle. Je ne prenais pas souvent de risque et me contentais la plupart du temps du confortable, même si je pouvais avoir mieux...
— Tu me juges là ? feignis-je de m'offenser avec un haussement de sourcils.
— Non, j'énonce des faits, rétorqua-t-elle d'un air serein. Il n'y a rien de mal à tomber, tu sais. Ou encore à galérer pour apprendre quelque chose. L'important, ce n'est pas si tu as l'air cool en le faisant, mais plutôt si tu t'amuses.
Moi qui croyais avoir atteint mon seuil d'admiration pour elle...
— Laisse-moi deviner. T'as suivi des cours de philosophie par correspondance aussi ? la taquinai-je.
— Non, mais je te parle d'expérience. On ne vit pas si des détails insignifiants comme paraître cool nous empêchent de nous amuser.
— D'expérience ? m'intriguai-je de plus en plus fasciné.
En fait, je l'enviais. Elle faisait tout ce qu'elle voulait, quand elle le voulait. Je me demandais si elle avait toujours été comme ça...
— Oui, d'expérience. Tant que je m'éclate, je me fous de quoi j'ai l'air. Je parie que tu n'oserais jamais faire du saut en bungee, car tu ne trouverais pas cool d'avoir peur et de crier.
Exactement.
— Parce que toi, t'as fait du saut en bungee ? doutai-je.
— Oui, en Arizona, dit-elle avec un sourire nostalgique
— Parce que t'as été en Arizona aussi ? fis-je de plus en plus intrigué.
Ce fut là que je me rendis compte qu'on ne se connaissait pas tant que ça, en fin de compte. J'étais tombé amoureux de la personne têtue, drôle, unique qu'elle était, mais que savais-je de son histoire ? Pas grand-chose, apparemment. Heureusement qu'on avait tout un séjour à durée indéterminée pour y remédier. Ça tombait bien, car elle avait toute mon attention.
— J'ai habité plus de dix villes, m'informa-t-elle. J'ai dû beaucoup travailler, mais dès que j'avais du temps, je filais m'amuser sans me soucier d'avoir l'air géniale ou pas. C'est ça être cool, tu sais : pouvoir s'en foutre de ne pas en avoir l'air.
Je réalisai à ce moment-là que pour la première fois de ma vie, une personne suscitait vraiment mon admiration ; pas en étant un dieu du rock comme Paul McCartney ou une chanteuse incroyable comme Amy Lee, mais en ne faisant rien de plus qu'être elle-même.
— Allons skier, reprit-elle pour meubler le silence, car j'étais trop absorbé à la vénérer de mes yeux.
— Non, décidai-je d'un ton catégorique.
Je m'étais mis sérieusement à considérer ses mots. En fait, je savais qu'elle avait raison. Mais on ne changeait pas de vie en un jour. Je n'allais pas d'un coup arrêter de complexer de ne pas toujours avoir l'air parfait. Or j'étais nul en ski ; tout simplement parce que je n'en avais jamais fait.
— OK ! concéda-t-elle en levant les yeux au ciel. Tu ne veux pas sortir, j'ai compris. Dis-moi pourquoi tu voulais à ce point fuir L.A. dans ce cas ?
— C'est compliqué, soufflai-je en fixant la vitre.
Je ne voulais pas qu'elle sache ce que je traversais. Et si après elle me jugeait ? Je ne pense pas que je pourrais le supporter.
— T'aimes pas te confier hein, observa-t-elle.
Je gardai le silence sans avoir le courage de la regarder, car je craignais de céder si mes yeux croisaient les siens. Je devais résister, car j'avais encore ce goût amer, dû au fait d'avoir été trahi récemment, après m'être livré à quelqu'un.
Les gens comme moi ne se confiaient pas. Notre réalité était trop différente de la vision que les gens en avaient. Personne ne comprendrait vraiment ; on se faisait forcément juger et critiquer ; et au final on regrettait d'en avoir trop dit. Je savais que Sara était intelligente, mais voilà... Je n'y arrivais pas. Je n'y arriverais plus.
— Mon père a tué quelqu'un, me surprit-elle au bout de quelques minutes de silence. Il l'a étranglé. J'étais là quand elle s'était débattue pour la dernière fois, confia-t-elle d'un air absent, comme si elle revivait l'horrible scène. J'étais restée pétrifiée, incapable de réagir et cette fille est morte sous mes yeux. Elle s'appelait Chloé. Mon père dirigeait sa boîte d'immobilier et elle était son assistante. À mon avis, ils avaient eu une aventure, mais celle-ci voulait plus et menaçait de tout révéler. Or, mon père était obsédé par l'image de notre famille parfaite. Lui et ma mère étaient des modèles : tout le monde les admirait en tant que couple. Il ne voulait pas que ça change, alors il l'a assassinée.
Elle s'interrompit pour essuyer une larme et c'était comme si moi, j'étais pétrifié à mon tour. J'étais trop choqué pour arriver à émettre le moindre son. Elle avait été témoin d'un meurtre ? Je n'arrivais pas à y croire. J'allais bégayer mon ressenti quant au fait qu'elle ait dû vivre cette horreur, mais elle poursuivit avant que j'en ai eu le temps :
— Quand il a fini de la tuer. Il m'a découverte devant son bureau et il m'a souri. Tu te rends compte ? Il n'avait même pas eu l'air désolé, il a juste dit : « Elle voulait mettre fin à notre belle famille. Et rien ne mettra fin à notre belle famille, pas vrai ? Rien ? On est heureux tous ensemble, et on le restera. » Il ne l'avait pas prononcée, mais la menace était là. Personne ne devrait mettre fin à notre belle famille, même pas moi, renifla-t-elle.
— Je...
— Non, laisse-moi terminer. Je ne l'avais jamais prononcé à haute voix. Il faut que je termine... Pendant plus de six mois, je me suis tue, mais j'étouffais dans la maison. Toutes les nuits, je faisais le cauchemar où il m'étranglait à mon tour et je me réveillais en sueur. Puis un jour, notre famille parfaite est allée faire une promenade sur notre yacht et je suis tombée sur un bouton. Et comme un ouragan, le souvenir de cette soirée épouvantable s'est abattu sur moi et je me rappelai où j'avais vu ce bouton avant.
Elle s'interrompit et entoura plus fortement ses jambes de ses bras, comme si elle avait besoin de réconfort pour la suite. Je fus tenté pendant une seconde de la prendre dans mes bras, mais je ne savais pas comment elle le prendrait. Ensuite, je fus dispensé de me décider, car elle avait repris sa narration, et je fus à nouveau captivé.
— C'était celle de la chemise de Chloé. La pauvre n'avait même pas eu droit à un enterrement, il l'a jetée à la mer... Ce soir-là, en rentrant à la maison je craquai. Je ne pouvais plus vivre de la sorte. Je savais que maman ne me croirait jamais si je lui racontais. De plus, tout lui avouer risquait de nous mettre toutes les deux en danger. C'est fou dit comme ça, mais elle était plus en sécurité à côté de mon père, car celui-là tenait trop à leur image pour lui faire du mal sans raison. Enfin, c'est ce que je m'étais répété pour faire taire ma culpabilité, avant de m'enfuir sans laisser de traces... J'ai sillonné le pays comme une criminelle. Je sais qu'ils ont essayé de me retrouver, car j'étais partie après la terminale ; deux mois avant d'atteindre ma majorité, mais ils n'y sont jamais parvenus. Ma maman pense que c'est parce qu'elle n'a pas été une bonne mère ; elle croit que je m'étais sauvé à cause d'elle. Ça me tue, mais je préfère la laisser avec le souvenir d'un mari aimant et parfait, plutôt que lui avouer avec quel malade elle dormait tous les soirs...
Elle essuya les quelques larmes qui s'étaient échappées durant son récit. Puis ensuite, elle se recomposa un visage réconfortant, comme si elle s'adressait à un enfant.
— Tu vois, je sais me taire. Il n'y a rien que tu puisses me dire qui pourrait me choquer ou...
— Je t'aime.
Je ne trouvai rien d'autre à dire devant autant de force. Elle avait assisté à un meurtre, elle s'était enfuie en ayant conscience de ce qui aurait pu arriver si elle se faisait attraper. Elle s'était débrouillée pour vivre d'elle-même et malgré tout, elle était devenue la personne géniale que je connaissais désormais. En plus de l'aimer, je la respectais. Cette fille était vraiment hors du commun.
— Je viens de te raconter une histoire glauque. Toi, tu me dis que tu m'aimes, fit-elle avec un petit rire triste.
— C'est juste que... tu as supporté tout ça. Je me sens désormais ridicule. Je me rends compte finalement que le plus badass de nous deux, et ben, c'est toi... Je suis désolé pour ce que ton père a fait à cette fille.
— Ça va maintenant, assura-t-elle d'un air sincère. Ce qui est fait est fait. Par contre, je ne peux pas m'autoriser à être éternellement triste, à cause de ça. Je n'aime pas la personne que je vois dans le miroir quand je me laisse abattre. Je vis et profite de chaque moment. Allons skier.
On devrait la sacrer changeuse de sujet de l'année. Je l'aimais tellement ! Ça me démangeait de ne pas la prendre dans mes bras et lui embrasser le haut du crâne pendant qu'on regarderait la neige tomber. J'étais amoureux d'une héroïne. Peut-être que je ne la méritais pas en fin de compte. Mais j'étais trop égoïste pour abandonner.
Je la voulais entièrement. Je voulais que cette personne exceptionnelle me regarde avec amour, et me murmure qu'elle m'aime avant que je ne m'endorme. À ce moment-là, j'aurais l'impression d'avoir accompli quelque chose d'extraordinaire dans ma vie ; et plus rien d'autre n'aurait de l'importance. Si je gagnais Sara, je gagnerais le jackpot.
— Qu'est-ce qui n'allait pas à L.A. ? me demanda-t-elle d'une voix douce, presque maternelle.
Je pris une grande inspiration et sans m'arrêter, je brisai tous les clichés qui m'entouraient. Je ne lui dirais jamais pour moi et Marcos, mais je la laissai quand même découvrir le Rick que peu de personnes connaissaient. Le Rick brisé par son père ; le Rick faible dont on tirait les ficelles comme un pantin. Celui qui était loin d'être aussi sûr de lui qu'il le paraissait et qui ne pouvait ignorer ce que les autres disaient de lui. Celui qui était prêt à tout pour ne pas perdre son statut d'idole. Le Rick en manque d'amour... Le Rick qui avait besoin d'elle.
— Des fois, je ne supporte pas de me regarder dans un miroir, avouai-je. Entre la personne que je souhaiterais être et celle que je suis, il y a un si grand fossé... Je me sens paumé. Je suis perdu Sara, et j'ai peur de ne jamais vraiment m'en sortir...
J'avais mis mon cœur à nu. Peut-être avais-je détruit mes chances avec elle. Peut-être aimait-elle que les hommes forts comme elle, des hommes qui la mériteraient vraiment. Après avoir terminé de parler, je m'étais mis à m'angoisser. Et si elle me jugeait ? Cependant, toutes mes craintes s'évaporèrent lorsque j'osai finalement croiser son regard. Elle ne me jugeait pas, au contraire, ses émeraudes ne reflétaient que clémence. Pour la première fois depuis longtemps, j'avais enfin l'impression d'être compris.
— Veux-tu que je t'apprenne à devenir cinglé comme moi ? sortit-elle de but en blanc.
Comment avait-elle fait ça ? Dans une situation pareille, elle avait quand même réussi à m'arracher un rire. C'était fou, mais je n'avais même pas honte de m'être livré de la sorte. Elle n'était pas comme tout le monde ; la vie lui avait appris que les images qu'on choisissait de projeter n'étaient pas le reflet de la réalité. Je lui avais montré la personne derrière le masque et elle l'avait chaleureusement accueilli. J'aimais cette fille.
Elle aurait dû me mépriser pour m'être laissé manipulé comme ça ; ou pour avoir utilisé mon enfance difficile comme excuse pour être un tel connard... Mais elle n'en fit rien de la sorte. Et c'était tout ce dont j'avais besoin, parce qu'au fond, je regrettais la personne que j'avais été.
J'avais fini par comprendre que rien ne nous obligeait à devenir celui qu'on ne voulait pas. On ne pouvait certes pas contrôler les circonstances, mais on pouvait toujours opter pour qui on choisissait d'être dans ces moments.
Les personnes fortes comme Sara décidaient de devenir des meilleures versions d'elles-mêmes. Et il y avait ceux comme moi, qui préféraient accuser le monde entier au lieu d'admettre qu'ils étaient juste de mauvais élèves dans la vie, qu'ils étaient juste des lâches... Mais cette fois-ci, j'avais appris.
— Moi, j'accepterais toujours de les écouter, relança-t-elle d'un ton sincère.
— Quoi ? m'enquis-je.
— Les chansons dont ils ne veulent pas. Joue-les-moi, je suis certaine qu'elles sont toutes magnifiques. Tu es doué, et tu es plus qu'un sex-symbol ou un bad boy sombre comme on en voit à la télé. Je suis désolée de t'avoir jugée comme les autres. Je suis prête à te connaître. Et je suis partante pour faire des trucs stupides qui ne correspondent pas à l'image que les gens ont de toi... Comme passer du vernis, ou danser sur du Justin Bieber... C'est quand tu veux, promit-elle avec bonne humeur.
— Merci, mais je me passerai de ce programme-là, m'esclaffai-je.
Elle n'était pas bourrée de préjugés. J'aurais pu lui dire à ce moment-là. J'aurais pu lui confier pour ma sexualité, mais je me ravisai encore une fois au dernier moment. Au final, à quoi ça me servirait ? À quoi ça nous servirait ? Il était clair que notre relation avait franchi un nouveau cap, je n'allais pas tout gâcher avec un détail sans importance.
— T'as les mots pour tout, toi, l'admirai-je avec un sourire franc.
— Il paraît qu'on trouve toujours les mots parfaits pour la parfaite personne. C'est psychique.
Nos regards s'accrochèrent et ne se séparèrent pas avant longtemps. Je ne pouvais m'empêcher de repasser ses derniers mots dans ma tête. Éprouverait-elle quelque chose pour moi ? Et si elle aussi, elle m'aimait ? Pourquoi ? Je m'en foutais, mais et si c'était le cas ?
Elle se leva ensuite, avant que je n'ose prononcer quoi que ce soit et elle prononça tendrement :
— J'ai aimé discuter avec toi. Bonne nuit Rivera.
— Moi de même. Bonne nuit Hood.
Elle me sourit une dernière fois avant de tourner les talons.
— Je t'aime, lançai-je après qu'elle ait entamé la première marche.
— Arrête, j'aurais presque envie de te croire, répondit-elle d'un ton rieur par-dessus son épaule.
— Il n'y avait pas meilleur moyen de m'encourager, admis-je avec un grand sourire.
— Bonne chance à toi ! fit-elle avant de disparaître en haut de l'escalier.
J'en ferais bon usage, promis.

Rock Hard, Love HarderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant