🌟26. Réaction

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Corine attrapa la télécommande pour fermer la télé, mais je l'interrompis avec un calme qui me surprit moi-même.
— Non, laisse !
Je voulais dire, laisse-le me briser le cœur en public ; laisse-le en finir. Au moins je n'aurais plus d'endroits où avoir mal. J'allais enfin avoir la raison de le détester.
La chanson avait commencé, les fans criaient toujours avec la même fièvre. Cependant, cette fois, la voix envoûtante de Rick n'eut aucun effet sur moi. Mon visage n'exprimait peut-être pas grand-chose, mais j'étais tendue comme un arc.
Maman allait finir par savoir. Comment allais-je expliquer ce manque de respect ? Et tous les gens qui regardaient, pour quoi me prendraient-ils ensuite ? J'étais son « épouse bibelot », comme l'avait fait remarquer la blonde, mais il n'avait jamais été question que des gens en soient au courant. Je croyais qu'il voulait d'un mariage crédible ? À quoi jouait-il ?
Je suppose que mon anxiété avait fini par se lire sur mon visage, car Corine me jetait de temps en temps des regards inquiets.
— Il ne va pas l'embrasser, tenta-t-elle de me rassurer lorsqu'ils arrivèrent au refrain. T'es la seule qui ait réussi à le garder aussi longtemps. Il t'aime, voyons !
J'en avais marre d'entendre cette stupide phrase. Si seulement, c'était le cas, je n'aurais pas à me soucier de ce détail. S'il ressentait pour moi, ne serait-ce que 5 % de cet amour que tout le monde croyait exister, il n'aurait même pas fait monter cette fille.
Mais il ne m'aimait pas. Il voyait quelqu'un d'autre — ou même plusieurs — et ça ne l'empêchait pas de glisser dans mon lit – c'était son lit et j'étais consentante, mais là n'était pas la question. Ce que je voulais dire, c'était que je n'avais aucune garantie qu'il n'allait pas embrasser cette fille et m'humilier.
Andy Biersak avait tout de l'allure du mauvais garçon, mais je ne pensais pas que sa femme avait ce genre d'inquiétude lors de ses concerts. Tout simplement parce qu'une « vraie » épouse n'aurait jamais à s'inquiéter de ce genre de chose. Mais je n'en étais pas une, et je ne pouvais rien révéler à personne ; pas même à Corine. Les clauses de confidentialité que j'avais signées m'y obligeaient. Et Maryse n'avait pas l'air de plaisanter sur le fait que je devais à tout prix garder le silence.
J'avais trouvé cela un peu excessif pour une affaire d'héritage. Sa réaction, plus celle de Rick sur le yacht, m'avaient paru vraiment intrigantes. Je m'étais plusieurs fois demandé ce qu'il y aurait de si grave, si on découvrait que Rick s'était marié pour hériter de la fortune de sa tante défunte. Perso, je ne voyais pas en quoi ses fans l'aimeraient moins. Fallait croire que la psychologie des célébrités me dépassait encore, même si j'en côtoyais une tous les jours...
— Il ne t'humiliera pas devant tout le monde. Il n'est pas comme ça, renchérit ma meilleure amie avec hésitation, comme si elle-même doutait de ce qu'elle avançait.
« Il n'est pas comme ça ! "J'avais envie de rire. Ce mec s'en foutait de ce que pouvaient ressentir les autres. Il ne s'en priverait pas s'il avait envie. Je fixais obstinément l'écran, en attendant que cette satanée chanson prenne fin, et que cette satanée idiote arrête de sourire. Comme je ne répondis pas, Corine enchaîna :
— À moins qu'il n'ait de la drogue dans le sang et qu'il ne sait...
— Il ne se drogue pas, coupai-je.
— Mais...
— Ce sont que des conneries ! renchéris-je d'un ton sans appel.
Je ne m'étais même pas attardée sur cette histoire quand je l'avais vu ce matin. Cette femme de ménage était soit en manque d'attention, ou soit elle était payée pour l'accuser. C'était hallucinant comme ça plaisait aux gens d'inventer des trucs sordides sur lui.
Ce n'était pas un ange, mais il n'était pas non plus le démon qu'on dépeignait dans les médias. J'avais fini par réaliser que le problème, c'était qu'il avait été le fauteur de trouble du show-biz pendant trop longtemps ; le bad boy sombre que toutes les filles voulaient avoir. Car même si on ne connaissait pas Rick pour sa musique, on avait sûrement un jour entendu parler de ses 'frasques' : les soirées qui dérapaient, son comportement odieux, les filles, la drogue, les bagarres, etc. Les gens voulaient donc continuer à faire vivre cette image, car personne ne représentait aussi bien le bad boy parfait que Rick Rivera.
C'était fou, non ? Je lui en voulais à mort, mais je le défendais quand même. C'était un connard, mais il ne se droguait pas... en tout cas, plus. Parce que ses deux précédents passages en centre de désintox n'étaient pas inventés. Il avait dû interrompre Fantasy tour, car il avait failli mourir d'une overdose.
Alors, quelle fut la surprise générale lorsqu'il revint deux mois plus tard et qu'il reprit la tournée comme si de rien n'était ; plus déchaîné que jamais. J'avais lu qu'après cela, dans chaque ville où il donnait un concert, tout le monde s'arrachait les billets, ne serait-ce que pour le voir.
Pourtant, il n'avait jamais fait un seul commentaire sur son internement et les médias avaient arrêté de l'interroger à ce sujet. C'était fou comme il arrivait à être intéressant malgré ses défauts. Ce mec était juste surprenant ! Mais ce mec allait m'humilier.
La chanson se termina sur trois notes lancinantes de Ty, le guitariste principal. La foule hurlait d'excitation, mais aussi d'anticipation. Rick sortit derrière son micro, ramassa quelques fleurs par terre et composa un mini bouquet. Il s'approcha ensuite de la fille avec son sourire de crooner... Et la suite, je ne pus la voir, car Corine avait éteint la télévision.
— Donne-moi la télécommande ! grognai-je d'irritation.
Elle secoua la tête de gauche à droite, la mine grave.
— Je ne m'attendais vraiment pas à ça, Sara. Tu ne dois pas regarder ça.
Avant, j'aurais sauté sur elle. On se serait battue, je récupérais le remote et elle m'aurait fait un doigt d'honneur. Mais depuis qu'elle était devenue paraplégique, j'avais toujours peur de faire certaines choses pour qu'elle n'ait pas l'impression que je profite de son désavantage.
Alors, je ravalai ma frustration et descendis du lit sous son regard inquiet. J'attrapai le fauteuil devant son bureau, grimpai dessus afin d'atteindre la télévision, et appuyai sur le bouton 'Power'.
La scène qui suivit ensuite aurait pu me faire rire, si je n'étais pas dans un tel état de stress. À chaque fois que j'allumais l'appareil, elle l'éteignait quelques secondes après à l'aide de la télécommande. Au bout d'une minute, j'étais au bord des larmes, tellement j'étais énervée.
— Corine ! vociférai-je avec fureur.
— Non ! répliqua-t-elle, implacable.
Sa réaction était stupide, puisque je saurais tôt ou tard. Je pourrais aller regarder dans la télé du salon, car ce n'était pas très loin. La maison était vaste, mais elle avait un seul étage afin de faciliter les déplacements de Corine. Cependant, je calculai le temps que j'y arrive et que je change de chaîne...
En désespoir de cause, j'allumai encore une fois l'écran plat. Cette fois-ci, Corine prit plus de temps avant de réagir, car elle avait déposé la télécommande en pensant que j'avais abandonné. Pendant les quelques secondes que dura mon répit, quelque chose eut le temps d'attirer mon attention.
— Attends ! criai-je.
Peut-être que ce fut la détresse dans ma voix, ou alors elle l'avait remarqué aussi, car elle s'interrompit, le doigt au-dessus du bouton.
L'élue pleurait avec le bouquet improvisé de Rick entre les mains.
— Tu es très belle, affirma la rockstar d'un ton qu'il utiliserait pour calmer un enfant, en tapotant le dos de la brune.
Ça me rappelait la fois où il m'avait pris dans ses bras, le jour où je pleurais dans le dressing. Il ne semblait tellement pas dans son assiette, que j'avais souri, contente de découvrir enfin quelque chose qui le rendait mal à l'aise. Ce mec n'était vraiment pas doué pour les contacts physiques... enfin, pas ce genre-là. Mon cœur battait la chamade en attente de la suite qui ne se fit pas attendre.
— En fait, je t'ai désignée, car tu me rappelais quelqu'un, poursuivit-il avec un sourire nostalgique. C'est ma femme, Sara. Je me suis dit, comme elle n'est pas là, laisse-moi chanter pour quelqu'un qui lui ressemble. Mais je suis désolé, ça s'arrêtera juste à la chanson.
Il se rapprocha ensuite de la fille et fit mine de vouloir lui chuchoter quelque chose à l'oreille. C'était bien sûr pour rire, car il gardait son micro, et tout le monde entendit ce qu'il ajouta ensuite :
— En fait, j'ai bien envie de t'embrasser. Mais elle risque de nous enterrer tous les deux, après nous avoir découpés en petits morceaux. C'est une vraie malade ! C'est pour ton bien que je fais ça. Sara, pas besoin de prendre l'avion, tout est sous contrôle ! ajouta-t-il en feignant un air effrayé devant la caméra.
Le public rigola, certains émirent des" oouh » déçus, tandis que la fille, elle, fonça sur Rick et l'étreignit fort en pleurant.
Les gardes du corps s'empressèrent de la séparer de la star. Peut-être à cause de l'expression scandalisée de Rick à son contact, ou parce qu'ils savaient qu'on ne touchait pas Rick Rivera SANS SA PERMISSION. En tout cas, on emmena la fille qui se débattait et criait tandis que Rivera lui adressait un sourire crispé qu'il voulait rassurant. Il ne supportait vraiment pas qu'on le touche par surprise ! Alors pourquoi moi, la première fois... Ça n'avait aucun sens !
Sans faire exprès, j'exerçai une légère pression avec le doigt que je gardais sur le bouton « Power » en me retournant pour regarder Corine, dont les yeux bruns brillaient d'admiration pour son idole. Je laissai l'appareil fermé et restai figée en haut de la chaise tandis que des larmes que je ne pus contrôler se mirent à couler sur mes joues.
Des larmes de quoi, en fait ? D'incompréhension, si ça pouvait exister. Je m'attendais à avoir le cœur brisé, et là, il me sortait ça ! Je ne savais vraiment pas ce qui était le pire. J'étais confuse comme jamais et je détestais ça. La situation réveilla une vive colère en moi, et j'eus envie de hurler de toutes mes forces.
Rick n'avait pas le droit de jouer comme ça avec moi ! Dès le jour où il était entré dans ma vie, mes émotions montaient et descendaient comme un manège. Son comportement était insensé ! J'avais l'impression que mon cœur était devenu son chewing-gum préféré.
Pourquoi il avait dit ça ? Il m'aimait ou c'était juste comme ça ? Je devais continuer à l'aimer ou le haïr ? En fin de compte, il aurait mieux fait d'embrasser cette fille. Au moins, je serais fixée.
Je descendis de la chaise et la rangeai à sa place dans un mouvement rageur.
— Bonne nuit, Corine ! marmonnai-je en me dirigeant vers la porte.
— Sara ! m'interpella-t-elle avec une pointe d'inquiétude dans la voix.
Je me stoppai, sans me retourner.
— Il vient de prouver qu'il t'aimait. Il vient de... Pourquoi t'es en colère ?
Sa voix trahissait son incompréhension. Oui, apparemment le grand Rick m'aimait ! Tout le monde rêvait d'être à ma place, et moi, je boudais. Vu de l'extérieur, j'étais soit cinglée, soit... super cinglée.
— C'est compliqué, soufflai-je sans pouvoir stopper mes larmes.
— Qu'est-ce que tu ne me dis pas ?
— Encore une fois... c'est compliqué.
— Bonne nuit Sara, je t'aime, finit-elle par ajouter d'une petite voix, après quelques secondes de silence.
— Je t'aime aussi Rine, murmurai-je dans un sanglot en refermant la porte.
Je m'écroulai ensuite sur le lit dans la chambre d'amis, qui était tout comme celle de Corine, en plus petit : décor aux tons jaune pastel et blanc, parquet vitrifié, lit à baldaquin...
Mes pensées ne faisaient que revenir au discours de Rick et je plongeai ma tête dans un oreiller de frustration.
Comment vais-je faire pour tenir un an dans cette situation ?
D'ailleurs pourquoi un an ? Je ne comprendrais jamais ce mec et ses décisions. Et j'avais l'impression qu'il n'était pas prêt de m'éclairer. Il y avait tellement de secrets entre nous !
Mais tu sais pourquoi tu avais signé, me souffla une petite voix.
N'empêche que je ne pouvais m'empêcher d'espérer plus.
J'étais une chouette personne, je le savais. Mais il était arrivé à faire ressurgir mon manque de confiance contre lequel j'avais lutté tellement longtemps.
Je voulais tant qu'il m'aime ! Je voulais dire, m'aimer vraiment. Qu'il arrête de jouer avec moi et m'offre son cœur pour de bon.
Mais quelle chance avais-je que ça arrive ? J'avais tout donné à Caleb et ça n'avait pas suffi. Qu'est-ce que je pourrais offrir à Rick qu'il n'avait pas déjà ? Si même mon tout n'était pas assez, qu'est-ce qui suffirait un jour à quelqu'un ?
Malheureusement, je ne savais pas comment être quelqu'un d'autre, de plus intéressant. J'étais juste une fille paumée, qui à vingt-deux ans n'avait rien accompli de génial dans sa vie ; avec comme seul diplôme sa grande gueule.
Et encore une fois, c'était Rick qui m'avait insufflé le déclic de comment exploiter ce côté-là de moi. Ses tee-shirts stupides m'avaient donné l'idée d'utiliser mon sarcasme et mon côté enfantin à bon escient. Ce mec était partout dans ma vie, il me serait vraiment difficile de lui faire une croix dessus, ou même quasi-impossible, mais il le faudrait...
Je resterais sur la décision que j'avais prise après avoir lu ce message. Je n'accepterai plus des miettes. Je devais changer ! J'allais changer ! J'en avais assez de donner autant et d'être traitée à chaque fois comme de la merde. Je méritais un amour complet. Il ne me restait plus d'énergie pour les aventures sans lendemain. Je ne me sentais plus capable de laisser Rick jouer avec mes sentiments.
C'était ça grandir ! Savoir mettre ses émotions en sourdine. Pas parce que c'était ce qu'on voulait, mais ce qu'on le devait. En rentrant, j'allais remettre mon masque froid et cette fois, j'allais le garder.

Caleb avait dit que je resterais à jamais une gamine. Il avait tort ! J'allais grandir. En gros, j'allais devenir une grande gamine, puisque je ne pouvais rien contre mon côté enfantin et tête en l'air. J'apprendrais à équilibrer, car je ne pourrais pas changer. J'avais toujours été comme ça.
Des fois, je m'en voulais de ne pas pouvoir contrôler mes mots, de toujours agir au feeling, alors que tout le monde prenait le temps de réfléchir. Aussi, des fois je regrettais d'avoir abandonné mes études de langues... Mais je me rappelais que je ne pouvais plus continuer, je ne supportais plus ça.
C'était stupide, tout le monde pouvait me trouver insensée, mais la plupart du temps, je ne faisais rien que je n'aimais pas. On souffrait quand même quand on faisait des choses qu'on détestait, alors il était préférable d'endurer la souffrance que pour ce qui valait la peine.
C'était à la fois ma plus grande qualité et mon plus grand défaut. Dès que je m'attachais à quelqu'un, il m'était difficile de le laisser partir. J'étais toujours prête à tout pour qu'il ne m'échappe pas. Car même si quelque chose me faisait mal, si en même temps elle me faisait du bien, je luttais pour le garder ; c'était ancré en moi.
Mais ça n'allait plus me diriger, j'apprendrais à équilibrer comme prévu. Rick ne m'enlèverait pas le peu d'amour-propre qu'il me restait avec ses jeux. Quand il découvrirait ce qu'il attendait de moi, il saurait où me trouver. En attendant, je n'accepterais pas moins.
De toute façon, on se croiserait peu ces temps-ci, et je ferais tout pour l'éviter. Sauf s'il avait besoin de moi pour jouer le rôle de sa femme à un évènement. Alors là, je ne pourrais pas refuser ; j'avais signé. Mais je n'irais plus dans son lit en sachant que le lendemain, il serait dans celui d'une autre. Mon ego ne pourrait plus le supporter, aussi doué était-il pour me faire... des choses que personne ne pouvait me faire.
J'espère que je resterais occupée afin de ne pas craquer. J'allais lancer ma marque de tee-shirt à slogan. J'avais trouvé quelque chose qui me tenait à cœur comme rien d'autre avant. Je me sentais faite pour ça. J'allais développer cette marque, puis rendre à Rick son argent. Parce que même si c'était bref, chaque moment que j'avais passé à ses côtés m'avait remplie de bonheur. Alors me rappeler que j'avais été payé pour ça m'embarrassait au plus haut point. Il fallait que je règle tout ça...

La dernière fois que j'étais venu voir Corine, c'était il y a six mois. La question ne s'était même pas posée, j'avais dormi avec elle. Mais hier à mon arrivée, elle avait demandé à l'une de ses servantes de préparer la chambre d'amie pour moi. J'avais trouvé cela bizarre, mais je n'avais rien dit. Si elle voulait être seule, je comprenais.
De plus, c'était tant mieux. Penser à Rick, et à ma situation, m'avait rendue maussade. Et quand j'étais dans un tel état, les démons du passé resurgissaient et les mauvais rêves reprenaient. Le plus souvent, je rêvais de mon père en train de m'étrangler et me réveillais couverte de sueur.
Corine était la seule personne sur terre à savoir l'origine de mes cauchemars, mais je me serais sentie coupable de déranger son sommeil en ce moment. Elle avait ses propres soucis et ce serait injuste de l'embêter avec des blessures tellement anciennes qu'elles étaient devenues des habitudes.
C'était l'une des raisons pour lesquelles je déconnais aussi souvent. Je cherchais tout le temps un motif pour rigoler, car je n'étais pas comme la plupart des gens. Les autres étaient « juste tristes ». Moi, je plongeais dans l'obscurité. Une fois que je n'avais plus de force pour maintenir mes barrières mentales, le noir m'envahissait et il m'était quasi-impossible de m'en sortir. C'était l'une des sensations les plus horribles au monde, que d'être piégée dans sa propre tête !
Voilà pourquoi j'avais toujours peur d'être triste. C'était bizarre, mais c'était comme ça. La plupart du temps, je cherchais des choses à faire, des vidéos drôles à regarder, n'importe quoi susceptible de garder à l'écart mes pensées sombres, car rares étaient les choses que je craignais autant qu'elles.
Ce soir-là, par contre, j'étais déjà trop affligée pour lutter contre. Et comme je m'y attendais, mon sommeil fut peuplé de cauchemars. Le lendemain, je trouvai cependant la force de me réveiller tôt, comme à mon habitude, malgré ma nuit agitée. J'enfilai une tenue de sport après avoir fait une molle toilette, et je me forçai à sortir, car courir me changeait toujours les idées.
Je lançai ma playlist spéciale jogging et plaçai mon téléphone dans le sac banane autour de ma taille. J'allais visser mes écouteurs dans mes oreilles quand je suspendis mon geste en passant devant la porte de Corine. Un bruit sourd avait attiré mon attention.

Intriguée, je toquai plusieurs fois, mais n'obtins aucune réponse. Ça m'inquiéta alors j'essayai de tourner la poignée, mais je découvris que celle-ci était verrouillée. De plus en plus paniquée, je tapai dessus et appelai ma meilleure amie de toutes mes forces, mais rien n'y faisait.
— Corine, s'il te plaît, répond !

Rock Hard, Love HarderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant