🌟7. Confession

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« Rivera n'a qu'un seul tatouage, il est sur sa fesse gauche. Je l'ai vu quand il m'a prise dans sa loge à Dallas. » lit Jimmy sur sa tablette avant de s'adresser à moi :

– Rick, qu’as-tu à dire sur ce tweet ?

Je présume que ce furent mes clignements répétés des yeux, accompagné de mon air complètement abasourdi qui fit rire le public.

– Je n'ai pas de tatouage sur la fesse gauche, démentis-je d'un ton las en m'écrasant le visage dans une paume.

Je n'ai aucun tatouage. Il faut que vous arrêtiez de m'en inventer. Sincèrement, sur la fesse gauche ? répétai-je, incrédule, en plissant des yeux.

Jimmy  éclata de rire, avant d'enchaîner avec le tweet suivant qui s'afficha sur l'écran derrière le plateau.

Les gens aimaient imaginer des tas d'histoires sur des détails pourtant si simples de ma vie. Je n'avais pas de tatouages parce que je n'en voulais pas. Les sept bagues à mes doigts n'étaient pas des signes d'appartenance à une quelconque secte, ou des symboles de mon mariage avec le diable, mais juste des cadeaux de mes fans. Il se passait quoi dans leurs têtes ?

« Rick, as-tu une grosse bite ? » rapporta le présentateur, et l'assemblée éclata à nouveau de rire.

Je... heu... fis-je, hagard, sous les regards des spectateurs hilares qui attendaient visiblement une réponse. Je...

Je ne pus continuer, car je m'étais mis à rire à mon tour. Ces gens pouvaient être tellement drôles. En quoi cette information allait servir à cette internaute ?

J'avais été invité à une émission pour parler de mon prochain album qui sortirait dans cinq mois, précisément en décembre. Je ne me rappelais vraiment pas comment nous en étions arrivés à lire les tweets les plus bizarres de mes fans.

Je pivotai pour voir le nom d'utilisateur de l'internaute sur l'écran derrière moi et m'exprimai :

– Écoute heu... Maya, si tu veux savoir, tu dois passer par le même procédé que les autres curieuses avant toi. Je fais pas de faveurs. Que dirais-tu de venir découvrir par toi-même ? proposai-je, joueur, avec un clin d'œil suggestif à la caméra qui provoqua la joie de l'assemblée sur les gradins dans la salle.

– Tu es sûr ? s'amusa Jimmy avec un air dubitatif. Qu'en pensera donc ta nouvelle copine ? Oui, Rivera, parle-nous de cette fille. On vous voit partout ensemble dernièrement. Comment vous êtes-vous rencontrés ? C'est quoi votre histoire ? On vous a aperçu tous les deux, il y a huit mois. Et là, on vous voit encore ensemble. On s'interroge. Qui est cette fille qui a su garder ton attention pendant tout ce temps ?

L'assistance poussa un « ouais » d'encouragement et le présentateur haussa les épaules d'un air amusé. Je dégageai un peu la mèche sur mon œil droit et tirai sur mon labret avant qu'un sourire franc étire mon visage en repensant à Sara et ses robes à fleurs.

– Cette fille... Elle est géniale, elle est drôle, elle est... différente. Notre rencontre est des plus banales, mais il y a quelque chose... quelque chose que je n'arrive pas à décrire chez elle qui la rend spéciale. Peut-être que c'est pour ça qu'elle a su garder mon attention comme vous le dites. Je t'embrasse Sara, conclus-je en adressant mon plus beau sourire à la caméra.

Le public poussa des « ouuuh » enjoués,  tandis que Jimmy me dévisageait en plissant les yeux d'une façon comique, qui me fit éclater de rire.

Je venais d'officialiser notre relation. Je venais de mentir à plus d'un millier de personnes et je ne me sentais pas plus coupable que ça. Mon cœur se serra un moment en pensant à Marcos, car il devait sûrement être en train de regarder l'émission. Mais je me calmai en me répétant qu'il le fallait.

– Putain ! Même moi, j'ai failli te croire, railla Sara, appuyée au cadre de la porte de ma chambre avec un sourire en coin.

Elle n'avait même pas frappé. Si elle était arrivée deux minutes plus tôt, elle m'aurait trouvé à poil. J'avais à peine terminé d'appliquer mon masque à l'avocat concocté par Lara, avant d'enfiler un bas de pyjama gris.

Je n'avais pas de tee-shirt, et ses yeux verts se baladèrent sans gêne sur mon torse nu. J'étais loin d'être pudique, mais l'intensité de son regard me donna l'impression d'être un beau morceau de viande. Et je ne pouvais même pas lui rendre la pareille, car elle portait un large tee-shirt Star Wars lui arrivant au-dessus des genoux, avec des pantoufles tête de cochons.

– Tu dors pas ? l'interrogeai-je, comme si ce n'était pas évident.

Le fait était que ça me surprenait quelque peu qu'elle soit encore debout, car j'étais rentré à deux heures du matin et ça devait faire une bonne demi-heure depuis.
J'étais passé chez Marcos après l'émission.

Il m'avait assuré qu'il ne l'avait pas regardée, car il savait que ça lui ferait du mal. Je n'avais pas su si je devais m'en réjouir ou pas et je l'avais juste embrassé afin de clore le sujet.

– Non, j'y arrive pas, m'avoua ma... promise.

Moi non plus je n'avais pas sommeil. Pourtant, j'aurais dû après mes multiples orgasmes de tout à l'heure. Je lui en informai — que je n'avais pas sommeil, pas que je venais de jouir — et elle s'en réjouit :

– Tu proposes quoi ? Un film ?

– J'ai déjà enlevé mes lentilles. Je sais plus où j'ai mis mes lunettes. Pas de film pour moi, refusai-je en parcourant ma chambre au décor minimaliste en noir et blanc du regard, comme si les lunettes risquaient de se matérialiser à l'instant.

La bouche de mon interlocutrice  forma un grand « O » pendant une bonne dizaine de secondes et je demandai :

– Quoi ?

– Tu portes des lentilles ?

– Je suis myope depuis toujours, admis-je, en haussant les épaules, résigné.

Sa bouche reforma le « O » et ça eut le mérite de m'agacer.

– Bon, là, arrête !

– Une rock star myope ! C'est moi ou cette phrase est trop bizarre. Tu portes des lunettes, répéta-t-elle, comme si elle n'arrivait pas à y croire.

– Je peux compter le nombre de fois que je les ai portées, tentai-je maladroitement de me justifier comme si porter des lunettes était un crime. Je préfère mes lentilles.

Je détestais mes lunettes, je savais même pas pourquoi j'avais ces trucs à monture en bois. Je ne sortais jamais avec. Mais bon, comme je les avais égarées. Techniquement, je ne les avais plus.

– Ça, c'est pas une information qu'on trouve  sur Wikifan ! commenta Sara d'un ton pensif en se passant la main dans ses cheveux bruns.

Un sourire releva lentement les pans de mon visage.

– Tu consultes mon Wikifan ? fis-je, amusé en me croisant les bras sur le torse.

– Puisqu'on en a encore pour un moment. Allons au-dehors, on pourra jouer, proposa-t-elle avec bonne humeur, sans relever ma remarque.
Je levai un sourcil intrigué.

– Jouer ?

Elle haussa ses épaules qui nageaient dans son large tee-shirt Star wars.

– J'ai dit ça comme ça. On pourrait aussi faire autre chose, enfin si tes yeux te le permettent. Mais avant, je veux que tu me donnes ton masque pour le visage. Je m'étais toujours demandé comment tu faisais pour avoir une si belle peau.

Je souris et l'invitai à  me suivre dans la salle de bain en marbre noir. Elle appliqua le masque de Lara puis lança de manière tout à fait désinvolte avant de sortir :

– Mets un tee-shirt ! Tu me troubles quand t'es comme ça.

Elle avait cette façon désarmante d'être sincère. Cette fille, c'était clairement autre chose.

On se mit d'accord pour s'installer dans le patio. Il faisait doux au-dehors, et les étoiles étaient magnifiques cette nuit-là dans le ciel dégagé. On finit par tremper nos pieds dans la vaste piscine, illuminée par les fibres optiques sous la surface, tout en fumant des joints.

– Tu sais, lança-t-elle au bout d'un moment, en penchant la tête d'un côté comme elle le faisait toujours quand elle réfléchissait. J'ai été un peu déçue de ta réponse à la télé.

– Quelle réponse ?

Je venais à peine de tirer une nouvelle latte lorsqu'elle répondit :

– Celle sur ta bite.

Je m'étranglai avec la fumée et passai un bon moment à tousser.
Le fait était que les gens étaient rarement aussi directs avec moi. La plupart du temps, ils contrôlaient leurs mots pour éviter de dire quelque chose de travers en ma présence. C'était sans doute pour ne pas me froisser, alors que c'était ça qui me fâchait : les longues dissertations afin de m'informer d'un simple truc. Avec Sara, c'était tout le contraire.

– Je suis une personne, vous savez ! feignis-je de m'offenser alors que j'étais amusé. Pas une bite sur patte ornée d'abdos. Intéressez-vous à moi, putain ! Pas qu'au contenu de mon pantalon !

Elle se marra en rejetant ses cheveux en arrière d'une façon trop sexy. Son rire était contagieux, car je me surpris à sourire rien qu'en la regardant. Lorsqu'elle se calma, elle éteignit son mégot et dit avec bonne humeur :

– C'est juste que ça nous ferait pas de mal de savoir. Mais bon, puisque tu veux qu'on s'intéresse à toi. Jouons au jeu des confessions. Tu me confies une chose sur toi, je t'en confie une et ainsi de suite... Mais aucun d'entre nous n'a le droit de commenter l'aveu de l'autre.

– J'aime pas ce jeu, grommelai-je

– T'as pas trop le choix, décréta-t-elle.

Bien sûr que j'avais le choix. Et j'eus l'idée de refuser juste pour lui prouver. Mais on passait un très bon moment, et je n'avais vraiment pas sommeil. Je n'aurais qu'à contrôler mes paroles dans son stupide jeu.

– Bon vas-y, soupirai-je en finissant mon joint.

– J'ai eu un gros crush sur toi, jusqu'à l'année dernière, commença-t-elle en fixant ses pieds qu'elle agitait dans l'eau qui donnait l’impression d'être bleu fluo à cause des fibres optiques.

– Pourquoi jusqu'à l'année dernière ? m'intriguai-je en lui accordant toute mon attention.

– C'est ton tour de me confier une chose, me reprit-elle avec un petit sourire mutin. Rappelle-toi, on n'a pas le droit de commenter.

– Ok ! J'aimerais savoir pourquoi tu avais un crush sur moi l'année dernière et pas maintenant.
Ses magnifiques fossettes apparurent lorsqu'elle s'esclaffa en pivotant pour me regarder :

– Toi t'es un marrant ! OK, à moi. J'aime Eminem.

– Hé ! T'as pas répondu ! protestai-je.
J'étais curieux de savoir pourquoi son crush sur moi avait disparu. Non pas que ce fut important... Enfin, juste un peu. Et pourquoi m'avait-elle dit ça si c'était parti ? Je ne comprendrais jamais le fonctionnement de son cerveau.

– On n'a pas le droit de commenter Rick, répéta-t-elle d'un air espiègle. À ton tour !

– Bien ! cédai-je à contrecœur, frustré par son petit jeu. J'aime les pingouins.

– Les pingouins ? rigola-t-elle en sourcillant.

– À ton tour Sara ! l'imitai-je d'un ton froid, un peu satisfait d'avoir eu une petite revanche.

– Bieeen, monsieur ne veut plus tricher, gloussa-t-elle. J'avais un hamster quand j'étais petite, il s'appelait... Hamster.

Très recherché comme nom ! pensai-je avec sarcasme. Cependant, je ne relevai pas, car je ne savais pas si j'aurais pu faire mieux. Personnellement, je n'avais jamais eu d'animaux de compagnie.

– Mon goût de chewing-gum préféré est la framboise, enchaînai-je.

– J'aime les vêtements de style vintage, embraya-t-elle avec enthousiasme.

Ça, j'avais remarqué.

– Je suis allergique au soja.

– J'étais une super élève à l'école, m'informa-t-elle, l'air nostalgique avec un demi-sourire.

– J'aime pas mes pieds, confessai-je en fixant ceux-ci dans l'eau.

– T'as un complexe ! s'exclama-t-elle, les yeux écarquillés.  Je pensais que c'était un truc réservé au commun des mortels, nous les normaux quoi ! Rick Rivera a un putain de complexe !

Elle considérait donc que je ne faisais pas partie du commun des mortels ?
Oui, je me trouvais beau, mais je n'aimais vraiment pas mes pieds. Je les trouvais trop grands.

J'avais une peur, elle était stupide. Mais voilà, je redoutais d'un jour entrer dans un magasin et qu'on m'informe devant tout le monde que ma pointure n'existait pas.

Ça n'était bien sûr jamais arrivé, mais comme souvent avec les complexes, je ne pouvais pas m'empêcher d'y penser. Je n'avais jamais raconté ça à quiconque.  Ce n'était sûrement pas le genre de chose qu'on s'attendait à entendre d'une personne comme moi. Je ne savais même pas pourquoi je l'avais dit à Sara, qui certainement encouragée par mon aveu, me confia :

– Je ne me suis pas enfuie seule de chez mes parents.

Peut-être qu'elle avait de nouveau fait exprès, car elle savait que ça attiserait ma curiosité. Elle s'était enfuie avec qui ? Elle s'attendait sûrement à ce que je lui pose la question pour ensuite me répondre qu'il ne fallait pas tricher. Je tins bon tout en me promettant de le découvrir plus tard.

– Ricardo est en fait mon deuxième prénom, révélai-je.

Mon sourire triomphant s'élargit devant sa mine interrogatrice. Elle ne savait pas !

C'était quelque chose dont très peu de personnes étaient au courant, car je m'étais débarrassé du premier avant même de devenir célèbre, celui-ci me rappelant trop de mauvais souvenirs.

– Je me trouve passable, finit-elle par confesser avant de se mordre la lèvre inférieure, comme embarrassée par cet aveu. Pas belle, pas laide, juste passable.

Moi qui la croyais débordante de confiance en elle ! Elle était tellement à côté de la plaque. Elle était belle, même avec ce masque à l'avocat sur le visage. Elle était unique. Comment pouvait-elle en douter ?

– À ton tour, m'encouragea-t-elle en se passant nerveusement une main dans les cheveux.

Elle ne voulait pas qu'on s'attarde sur le sujet, c'était évident.

– J'ai toujours voulu faire partie d'un groupe, avouai-je en rivant mon regard sur la piscine.

Elle m'interrogea du regard l'air de dire  « Tu ne fais pas déjà partie d'un groupe ? ».

J'avais des musiciens qui jouaient pour moi, c'était différent. Lucas et Jason étaient des amis d'enfance. Sam avait Lara. Ty était tellement réservé ; il pouvait passer des jours sans prononcer un seul mot. J'avais connu de super moments avec eux, mais s'ils décidaient de partir, je ne pourrais que l'accepter.

On n'était pas uni par une histoire commune, comme les 5sos. On n'avait pas galéré ensemble pour nous faire connaître comme les Black veil brides.

J'avais déjà une certaine popularité après le concours organisé par Starecord lorsque j'avais obtenu mon contrat. Le label les avait engagés par la suite et on avait continué ensemble. On n'avait pas ce lien fraternel qu'on retrouvait dans presque tous les boys band. Si j'avais un problème grave, je ne crois pas que je pourrais le confier à l'un d'entre eux, parce que comme la plupart des gens, ils voyaient en moi la star avant la personne, et ils me jugeraient sûrement en conséquence.

– J'ai encore mal en repensant à Caleb, poursuivit Sara en remuant les pieds dans l'eau tiède, le regard lointain.

J'imagine que Caleb, c'était son ex !
Le jeu prenait une tournure trop intime à mon goût. On était peut-être trop détendus à cause de la beu.

J'avais peur de continuer à me laisser aller et de confier quelque chose que j'allais regretter par la suite. Alors je décidai de lancer :

– Elle est grosse !

– Quoi ?

– On ne triche pas, lui rappelai-je, non sans arborer un sourire narquois.
Je savais qu'elle n'aurait pas pu résister à demander quoi.

– Non, je veux savoir... attends ? C'est la réponse au tweet ? Tu viens de me dire que t'as une grosse teub ? s'esclaffa-t-elle en basculant les cheveux en arrière.

– Peut-être, peut-être pas. J'aimerais bien te le dire, mais dommage qu'on n'ait pas le droit de tricher, m'amusai-je.

Elle continuait de rire de ce rire cristallin que j'aimais tant. Elle était magnifique quand elle était heureuse. En fait, elle était magnifique tout court.

– Elle est grosse, réussit-elle à placer entre deux fous rires. T'es pas croyable ! Tu me balances ça comme ça. Je ne m'y attendais pas putain ! S'il te plaît, dis-moi que tu ne parlais pas de ta teub.

Son hilarité finit par m'atteindre. Et on rigola ensemble pendant un bon bout de temps avant qu'elle ne décide :

– Je te dirai pourquoi mon béguin pour toi est parti, si tu me dis ce qui est gros. Allez !

Elle savait vraiment comment m'avoir celle-là.

– D'accord ! Ma bite, confirmai-je et on recommença à se marrer comme des fous.

Lorsqu'elle se fut calmée, elle s'essuya les yeux et me confia :

— Le béguin est parti après ce que tu as fait à Alexie.

Un lourd silence suivit son aveu et toute trace d'hilarité disparut dans l'air.

Oui, j'avais été un vrai salaud avec cette actrice et je détestais parler d'elle, pourtant ce n'était pas pour les raisons qu'on croyait.

— Il se fait tard, on rentre ? proposai-je après un moment.

Brusquement, j'avais sommeil. Même en son absence, Alexie arrivait à plomber l'ambiance. C'était surprenant !

Sara acquiesça et on sortit nos pieds de l'eau.

— J'ai adoré discuter avec toi, confia-t-elle devant la porte de sa chambre à l'étage.

– Moi de même.

— Bonne nuit, Rick !

— Bonne nuit, Sara !

Elle sourit doucement et verrouilla la porte.

Oui, moi de même Sara.

Rock Hard, Love HarderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant