🌟9b. Him

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« Je peux venir ? », textai-je à Marcos lorsque mes sanglots se furent un peu calmés.
« Je viens de rentrer. Je t'attends ! » répondit-il sans tarder.
Je ne me fis pas prier. Je me changeai, bandai négligemment ma main blessée et me rendis chez lui.
Je sentis immédiatement un peu de tension quitter mes épaules, dès que, de ma voiture, j'aperçus au loin sa maison.
C'était une magnifique demeure en pierre, parée de multiples baies vitrées, qui ajoutaient une allure moderne à la résidence de style classique, située sur un petit promontoire.
— Cette coupure est moche, observa-t-il d'un air soucieux en examinant ma main, lorsque j'arrivai chez lui. Laisse-moi le nettoyer !
Dès qu'il avait remarqué mon bandage qui était désormais imbibé de sang. Il avait délaissé son ordinateur sur lequel il travaillait sur des montages pour ses récentes photos, et il m'avait traîné dans la salle de bain.
Marcos était photographe, et il était super-doué. Comme il était très demandé, il travaillait en free-lance et ne choisissait que les contrats qui lui plaisaient.
Il avait déjà collaboré avec plusieurs grandes marques comme Calvin Klein, H&amp ; M et Dolce&amp ; Gabana et gagnait très bien sa vie.
Je lui répétais tout le temps qu'il serait mieux devant la caméra plutôt que derrière, car il était très beau.
En effet, il avait une magnifique peau caramel due à ses origines antillaises ; des cheveux frisés qu'il portait court ; de très beaux yeux bruns, et un corps maintenu ferme grâce à ses joggings matinaux le long de la côte.
Il arborait aussi un tatouage tribal qu'il s'était fait faire pour ses vingt-et-un ans, six ans plus tôt. Celui-ci recouvrait tout son pectoral gauche, passant par son épaule et s'étendait jusqu'à son avant-bras.
Et oui, il était sexy comme un diable. Pourtant, il avait répliqué que c'était derrière la caméra que les choses sérieuses se passaient.
Je m'attendais un peu à sa réponse, car je savais qu'il aimait se faire discret. Il était quelqu'un de calme. Je ne l'avais jamais vu élever la voix. Il prenait tout sur lui, et même si je me sentais coupable de penser ça ; cela m'arrangeait.
Pas de crise de colère, pas de stupidité, juste quelqu'un prêt à vous offrir son amour et qui vous pardonnait toutes vos gaffes. Qui dirait non ?
Il m'aimait, m'acceptait comme j'étais et n'insistait jamais quand je ne voulais pas parler de quelque chose.
Peut-être qu'un jour il exploserait après tout ce que je lui avais fait endurer. Mais en attendant, je profitais encore de la situation, en ne ratant aucune occasion pour lui exprimer ma reconnaissance : je le couvais de cadeaux et je faisais en sorte que chacun de nos ébats soit inoubliable...
Ce dont il voulait vraiment n'était pas dans la liste, mais j'évitais d'y penser le plus possible, puisqu'il ne me faisait pas chier à me le rappeler.
— Ça va ! mentis-je, avec un sourire que je voulais rassurant. Ma main va bien.
J'arrachai celle-ci des siennes et la cachai derrière mon dos.
— Rick ! tenta-t-il de me raisonner, le front barré de plis d'inquiétude.
— Sincèrement, ça va, répétai-je d'un ton convaincant, désireux de passer à autre chose.
Ma main était le dernier de mes soucis. J'avais envie de m'évader. Pour ça, j'avais besoin de son corps.
— Pourquoi t'es venu ici ? demanda-t-il en se croisant les bras sur le torse, comme si mon comportement l'éreintait.
— Je voulais juste être avec toi, admis-je, sincère.
Peut-être que j'avais tort et que pour une fois, il ne voulait pas me voir.
— La condition pour rester, c'est me laisser nettoyer ta blessure, exigea-t-il, intransigeant.
Alors, c'était ça !
Je finis par céder, non sans lever les yeux au ciel de manière théâtrale. Il nettoya la plaie qui avait recommencé à m'élancer, et ensuite, il me fit un pansement tout propre.
Il avait l'air tellement concentré par sa tâche que ça finit par me faire rire.
— C'est bon, docteur ? m'amusai-je lorsqu'il eut terminé.
Il ne me répondit pas et se contenta de réorganiser sa trousse de premier soin en expirant longuement, comme s'il avait affaire à un enfant insupportable.
J'avais oublié de dire que Marcos Shade était un féru de l'ordre. Tout se devait d'être rangé au centimètre près chez lui. Je me plaisais souvent à déranger ses affaires, juste pour le voir rager. Et qu'il était beau quand il rageait !
Je l'attirai à moi, et ça fit tomber la bouteille d'eau oxygénée qu'il tenait.
Sans lui laisser le temps de protester, je recouvris tout de suite sa bouche de la mienne, mais il se dégagea doucement.
— Tu ne veux pas en parler avant ? s'assura-t-il de son ton de maman poule. Je veux dire, la cause de ta blessure et...
— Ma vie, c'est de la merde. Fin ! Maintenant laisse-moi t'embrasser, fis-je en me rapprochant de lui.
Mais il m'interrompit de ses paumes, l'air peu convaincu.
— Tu es sûr. Tu ne veux rien manger...
— Marcos ! m'agaçai-je.
— D'accord, céda-t-il, mais je voyais clairement que c'était à contrecœur.
Il avait quoi, finalement ?
— Tu n'as pas envie de moi ? soufflai-je, mi-vexé, mi-troublé.
— Qu'est-ce que tu racontes ? Je m'inquiète juste pour toi.
— Je veux pas de ton inquiétude maintenant. Je veux ton corps. Ou tu préfères peut-être que je m'en aille ?
— N'y pense même pas ! me prévint-il d'un ton menaçant.
— Tant mieux, souris-je, satisfait de sa réponse.
Je le poussai contre le mur en pierre de la salle de bain et la brutalité du geste lui arracha un hoquet de surprise. Ensuite, je collai mes lèvres contre les siennes et l'embrassai avec ardeur.
La surprise passée, il se reprit très vite en répondant passionnément à mon baiser. D'ailleurs, celui-ci s'intensifia rapidement et je le plaquai un peu plus contre le mur en glissant un genou entre ses jambes. Je soulevai ensuite son tee-shirt et embrassai son torse.
— Je t'aime, émit-il dans un souffle lorsque je revins à ses lèvres.
— Je t'aime aussi.
L'instant d'après, je l'entraînais dans sa magnifique chambre aux murs principalement occupés par des photographies en noir et blanc. Il y en avait une de moi, accrochée au-dessus de son lit.
Elle me représentait en train de dormir dans ses draps même.
La photo était magnifique, mais elle était vraiment différente de tous les clichés de moi, auxquels j'étais habitué. J'y avais l'air tellement serein, tellement vulnérable ; et c'était la raison principale pour laquelle il l'avait capturé.
— J'aime avoir des pièces uniques , avait-il expliqué. Je crois être le seul à avoir cette version de toi chez lui, et ça me plaît.
Si ça pouvait lui faire plaisir !
Il le méritait bien, après tout.
☆☆☆
— Tu t'en vas déjà ? s'informa-t-il lorsque je me levai pour m'habiller au beau milieu de la nuit.
Je jetai un œil vers son réveil-matin. 4 h 22. J'étais réveillé depuis un bon moment et je n'arrivais plus à trouver le sommeil. Mais je pensais que lui dormait encore.
— Non, je veux juste me promener, l'informai-je avec un haussement d'épaules nonchalant. Tu viens ?
Il avait acquiescé et voilà comment on s'était retrouvé à nous promener à l'aurore, le long de la côte californienne.
Je lui tenais la main et on marchait en silence, bercé par le bruit des vagues.
La zone n'était pas vraiment habitée. Les habitations voisines étaient toutes de belles villas, servant sans doute de résidences secondaires ou de locations pour vacancier.
Je crois que la maison de Marcos située en haut de la falaise était la seule occupée toute l'année. C'était un vrai havre de paix. Mon autre échappatoire après ma salle de musique.
— Tu te maries quand ? demanda-t-il avec un air désinvolte, certainement feint.
C'était la dernière question que je m'attendais à ce qu'il pose.
Immédiatement, l'ambiance se plomba ; j'enlevai ma main de la sienne et la mis dans la poche du sweat, que je lui avais emprunté à cause du vent frais du dehors. Celui-ci portait encore son odeur poivrée.
— Dans un mois, je crois, répondis-je d'un ton évasif, pas du tout emballé d'aborder ce sujet avec lui.
— Elle te plaît ?
— On a un contrat, c'est tout.
— Vous avez...
— Arrête ! coupai-je d'un ton catégorique. Je ne l'aime pas. On n'a pas couché ensemble. Elle ne m'intéresse pas. Je t'aime, toi.
Il serra les lèvres d'un air coupable, hocha lentement la tête et on poursuivit notre promenade en silence.
Oui, j'avais été dur. Mais je ne voyais pas l'intérêt de parler d'elle avec lui.
Durant toute la matinée, mes mots n'arrêtèrent pas de retourner dans ma tête. Surtout, lorsque je vérifiai mon téléphone par deux fois afin de vérifier que je n'avais pas d'appels de Sara.
Elle ne m'intéresse pas...
Avais-je vraiment été sincère ?

Rock Hard, Love HarderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant