Los Angeles m'avait manqué.
Après treize mois à parcourir le monde pour ma tournée, je ne rêvais que d'une seule chose : rouler dans les rues de L.A..
J'avais visité des pays merveilleux, rencontré des personnes formidables... Les Rrivers — le surnom que mes fans s'étaient octroyé en référence à mon nom, Rick Rivera — m'avaient témoigné un soutien hors norme. Ces gens ne me lâchaient jamais. Malgré les caprices du temps, fatigués ou non, ils étaient toujours prêts à chanter avec moi, jusqu'au bout de la nuit. Et ça me faisait souvent verser quelques larmes de gratitude à la fin de chaque concert.
Fantasy tour, qui s'était achevée par un concert géant au Staples Center — la plus grande arène de la Californie — avait été couronnée de succès. On pouvait, en effet, dire que ma troisième tournée mondiale avait été de loin la plus réussie.
Cependant, comme je l'avais déjà dit, La Cité des anges m'avait manqué. Cette ville était comme une épouse, une sorte de Pénélope. Peu importait le nombre de continents que je visitais, j'avais toujours hâte de revenir dans ses bras.
Ça faisait une semaine que j'étais rentré et aussi une semaine que j'opérais ce petit rituel. Tous les après-midi, je prenais mon Aston Martin et je me mettais à rouler sans but, me contentant juste de conduire dans ma ville.
Metallica à fond, je passai sur Rodeo drive, cette célèbre rue mondialement renommée pour ses boutiques de luxe, et souris à la vue des palmiers bordant les deux côtés de la route. J'étais donc vraiment chez moi !
Même la circulation sur Vine Street, non loin de la tour de Capitol Records, n'arrivait pas à m'enlever ma bonne humeur. J'étais rentré, et j'allais profiter de ces quelques mois d'agenda quasi vide pour faire des folies.
À la sortie de Fairfax, l'un des quartiers les plus encombrants de la ville, avec son mix bizarre de gens : vieux immigrés, jeunes patineurs, créatifs ; je me garai près de Canter's Deli, un restaurant servant des mets traditionnels juifs, fréquenté par diverses célébrités.
Cependant, ma destination n'était pas le restau, mais le marchand de hot-dogs installé tout près depuis bientôt trois ans.
Le contraste entre le bloc d'établissements industriels à proximité, et le commerçant sur le perron était assez saisissant. Pourtant, à ma connaissance, personne n'avait demandé au vendeur de se retirer ; ce qui était assez surprenant.
Je connaissais plutôt bien ce dernier. Souvent, quand je n'étais pas à l'étranger, je passais acheter et discuter un peu.
Certains piétons s'arrêtaient toujours pour me sourire, me saluer, ou prendre des selfies. On pouvait trouver beaucoup de photos de moi sur Internet, avec un hot-dog en main, ou à mi-chemin vers ma bouche.
Ça ne me dérangeait pas le moins du monde. De plus, d'après ma manager, qui s'avérait être ma tante, ça me rapprochait un peu plus de mes fans. Les gens aimaient savoir que leurs célébrités préférées faisaient des choses aussi normales qu'eux, contrairement à ce que notre mode de vie laissait supposer.
Le vieil homme sourit en me reconnaissant. C'était un quinquagénaire avec un visage sympathique et un sourire chaleureux. Le genre de personne que je choisirais comme père sans hésiter, si jamais je pouvais choisir ma famille.
On fit la conversation pendant une bonne dizaine de minutes. Je m'apprêtais à retourner dans ma voiture lorsque, soudainement, une jeune femme brune arriva comme une furie, et m'empoigna par le poignet, faisant tomber ma saucisse-pain par la même occasion.
L'instant d'après, elle me traînait presque en direction du resto ; et je fus bien obligé de lui emboîter le pas pour ne pas m'étaler par terre. Je me surpris à me demander où elle trouvait une telle force puisqu'à première vue, elle avait l'air plutôt svelte.
Elle s'arrêta près de l'une des portes, puis elle me plaqua contre l'un des murs couleur abricot du restaurant avec la grande enseigne néon « Canters ». Elle se mit ensuite à jeter des regards furtifs à l'intérieur de l'établissement, à travers la devanture en vitre. C'était comme si elle surveillait quelque chose ou quelqu'un en particulier.
Elle ne me regardait même pas. Toute son attention était focalisée sur la porte. Lorsque celle-ci s'ouvrit enfin sur un homme aux cheveux bouclés qui tenait une rousse par la taille, ma kidnappeuse eut juste le temps de prononcer d'un ton méprisant entre ses dents :
– L'enfoiré !
Le temps que l'information fasse son chemin vers mon cerveau, elle m'embrassait déjà fiévreusement, me laissant plus perplexe que jamais.
Mon labret à la lèvre inférieure ne semblait pas du tout la déranger, contrairement à certaines filles à qui j'avais eu affaire.
Je ne savais pas trop quoi penser. Pas parce que je n'étais pas habitué à toutes sortes de démonstrations de la part de mes fans. Mais là, j'avais l'impression qu'elle se foutait de qui j'étais. À mon avis, elle ne l'avait même pas remarqué. Elle voulait juste rendre L'Enfoiré jaloux. Et moi, j'étais le jeune homme plutôt pas mal, qui était au bon endroit, au bon moment.
En tout cas, je ne réfléchis que quelques secondes avant de me prêter au jeu et de répondre à son baiser avec ardeur. J'allais même jusqu'à empoigner ses fesses fermes à travers sa petite robe à fleurs, tandis que ses mains agrippaient le tee-shirt blanc qui accompagnait mon perfecto et mon jean troué. Pour ma défense, elle m'utilisait sans scrupules, donc moi aussi, j'avais le droit de profiter de la situation, non ?
Je ne vis pas le temps passer et je ne saurais pas détailler, si comme elle l'avait espéré, L'Enfoiré avait remarqué notre échange.Apparemment, à elle, ça ne lui échappa pas. Lorsqu'elle estima qu'il était bel et bien parti, elle mit fin à notre baiser et me détailla plus attentivement. Ses billes vertes plongèrent dans les miennes, claires à reflets bleus/verts étincelants.
Ce qu'elle découvrit lui plut certainement, car je vis ses yeux se teinter d'une lueur appréciative.
J'avais conscience d'être agréable à regarder. Avec mes cheveux noirs que je prêtais souvent à des magazines et que je portais ce jour-là en un chignon bas ; ma peau mate, mes longs cils dont bon nombre de femmes m'enviaient, mon corps sculpté que j'entretenais par plusieurs séances hebdomadaires à la salle de sport. Oui, j'avais un physique avantageux qui m'avait ouvert bien des portes.
Ma tante me disait souvent que j'avais hérité de ce qu'il y avait de mieux chez mes deux parents. Ma mère était une métisse aux ascendances dominicaine et américaine. Maryse me racontait souvent que sa sœur était très belle. Je ne pouvais pas en témoigner, puisque je ne l'avais jamais rencontrée.
Par contre, je savais que mes yeux bleus me venaient de mon père qui, lui, était italien. Pour résumer, le mélange de ces deux-là avait donné moi : Rick Rivera, cette Rockstar internationale, qu'on ne pouvait plus rater depuis quelques années, tant par ses « frasques » que par sa musique.
Je vis presque les rouages du cerveau de ma kidnappeuse se mettre en place lorsqu'elle réalisa enfin qui j'étais. Sa bouche s'arrondit en même temps que ses émeraudes, et son visage adopta une expression scandalisée.
– Oh, mon Dieu ! Vous... vous êtes... ?
Elle recula et plaça ses mains devant sa bouche, comme si elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait de faire.
– Et je vous... ? C'est pas vrai !
Elle fit ensuite quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas du tout : elle partit en courant.
– Hee ! la hélai-je sans succès, décontenancé par sa réaction. T'aurais quand même pu me rendre mon hot-dog.
Qu'on aille approfondir ce baiser dans un endroit plus convenable aurait aussi fait l'affaire, ajoutai-je mentalement.
Que voulez-vous ? J'étais un mec facile, et elle savait embrasser.
Le lendemain, un article dans l'un de ces multiples magazines à potins rapporta mon enthousiasme à embrasser ma énième nouvelle copine, dans la rue, à mon retour de tournée.
Je trouvais cela amusant, car je ne connaissais même pas le nom de ma pseudo-copine. Cependant, en regardant la photo prise par le paparazzi, on pouvait presque jurer qu'il y avait un truc entre nous.
Je ne cherchai pas à les démentir. Je les laissai penser ce qu'ils voulaient, car je savais qu'ils finiraient par trouver d'autres distractions. J'avais moi-même oublié cette histoire.
Jusqu'à ce que je reçoive cette lettre…
VOUS LISEZ
Rock Hard, Love Harder
Ficción GeneralRick Rivera est une superstar du rock adulée de toutes. Mais le ténébreux chanteur cache un lourd secret... *** Pour protéger sa célébrité et son homosexualité, Rick accepte de conclure un faux contrat avec Sara suite à un concours de circonstances...