⭐29. Le choix

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Je venais de rentrer chez moi après une journée plus que fatigante. Insatisfait de la performance des gars sur l'instrumental de la sixième chanson, j'avais donc exigé qu'on recommence plus d'une fois, même si ça impliquait que je le fasse aussi.
Je poussai donc un gros soupir de soulagement en arrivant finalement chez moi. Cependant, à peine avais-je refermé la porte d'entrée que des bras m'étreignirent par-derrière.
— Putain, tu m'as fait peur ! m'écriai-je en reconnaissant leur propriétaire qui se raidit aussitôt, apparemment vexé de ma réaction.
La peau foncée, cette chemise en denim, l'odeur poivrée légèrement citronnée, ce ne fut pas bien difficile de deviner qui.
Pourtant, il devait bien savoir que je détestais les contacts surprises. Il n'y avait aucune histoire louche derrière. Je ne les supportais pas, c'est tout. Dans mes mauvais jours, rien que ça pouvait me faire péter un câble. Cependant, là, je me contentai de me dégager doucement afin de ne pas trop le froisser. Ensuite, je lui fis face et m'enquis d'un air enjoué, totalement feint :
— Qu'est-ce que tu fais là ?
Il sourit, mais ne répondit pas tout de suite. Ce qui m'agaça quelque peu, et me donna de plus en plus de mal à cacher ma tension.
— Comment es-tu entré ? insistai-je. Marcos, tu sais qu'il ne faut jamais venir chez moi.
— Relax ! dit-il doucement. C'est mercredi, non ? T'as pas d'employés ce jour-là ; je m'en souviens. À part Nan bien sûr, mais elle partait quand je suis arrivé. Tes gardes me connaissent comme ton cousin, t'as oublié ? Attends, tu n'avais pas envie de me voir ? termina-t-il en fronçant les sourcils.
Pas vraiment. Je voulais juste me doucher et me reposer. Cependant, je répondis :
— Non, ce n'est pas ça. Tu sais qu'il faut être prudent.
— TU dois être prudent Rick, rectifia-t-il d'un ton étrange. Pas moi.
Suite à cela, il tourna les talons et je fus bien obligé de lui emboîter le pas. Il arriva dans la cuisine et se plaça devant le plan de travail où il se mit à émincer des poivrons. Il se tenait droit comme un piquet, et rien qu'à sa position, je pouvais sentir que quelque chose clochait.
— On ne va pas avoir cette discussion encore une fois ! repris-je en adoptant mon ton le plus aimable pour ne pas le vexer. C'est moi qui vais chez toi, pas l'inverse.
— Je te prépare à manger. Nan a déjà cuisiné, mais je n'aime pas rester sans rien faire. T'en veux ? fit-il, mine de rien.
— Marcos, c'est sérieux, insistai-je. Ne reviens plus chez moi !
Il leva les mains en signe de reddition et pivota pour me faire face.
— J'ai compris Rick ! C'est juste que je t'avais appelé ce matin pour te dire qu'on devait parler, mais tu n'avais pas décroché.
— Je n'avais pas fait attention à mon téléphone, répondis-je avec un haussement d'épaules.
C'était la vérité. Au studio, on avait établi quelques règles, dont le premier était : pas de distraction. J'avais dû me faire violence toute la journée pour ne pas sortir mon portable et appeler Sara, même si je savais que ce serait en vain. Elle filtrait mes appels, c'était évident.
— D'accord, reprit Marcos. Où est ta... femme ?
— Elle est partie quelque temps, admis-je en insérant mes deux mains dans les poches arrière de mon slim, mal à l'aise.
Embrouilles, plus qu'à quelques mètres...
— Bien ! Installe-toi, Rick. Comme je te l'ai dit, on doit parler, fit-il d'un ton plus sérieux.
On savait tous que dans une relation de couple, qu'elle soit dite par une fille ou un garçon, cette phrase n'augurait rien de bon.
Génial ! Tout ce qu'il me fallait en ce moment...
— Je préfère rester debout, affirmai-je en me dandinant.
— Bien ! Un nouveau piercing ? observa-t-il, apathique, comme si en réalité, il s'en foutait.
— Ouep !
On regardait partout sauf dans la direction de l'autre, une tension palpable planant entre nous. Il finit par se croiser les bras sur le torse et lancer :
— Qu'attends-tu de moi ?
— Hum ? feignis-je de ne pas avoir entendu afin de repousser l'inévitable.
— Rick, je suis sérieux, soupira-t-il en déposant ses mains à plat sur le plan de travail. Qu'est-ce que tu attends de moi ? Ou d'elle ? Qu'attends-tu de tout ça ?
— J'ai pas envie d'en parler Marcos.
Il rit, mais sans entrain. Il me détailla ensuite de la tête au pied et reprit, placide comme toujours, malgré la situation :
— Ne me dis pas que d'habitude ça marche ? J'attends des réponses, et tu vas me les donner... maintenant.
— Seulement si j'en ai envie, et là, ce n'est pas le cas, tranchai-je avant de faire demi-tour.
— Pas si vite !
Il contourna l'îlot et me fit barrage de son corps. Mes yeux contrèrent finalement les siens, marrons, qui exprimaient une profonde amertume. La culpabilité m'envahit et je détournai le regard tandis qu'il prononçait :
— Alors c'est vrai ! C'est arrivé. Tu me trompes avec elle.
Ce n'était pas une question. Il savait. Nier ne servirait à rien, néanmoins je tentai :
— Ce n'est pas ce que tu crois...
— Bien sûr que c'est ce que je crois ! s'excita-t-il. Pourquoi faut-il que tu sois toujours si égoïste ? Tu étais censé m'aimer... même un peu. Après tout ce que j'ai fait pour toi, Rick. J'ai été patient, j'ai attendu encore et encore que tu assumes enfin. J'ai même mis mon amour-propre de côté et toléré ce stupide mariage ! Mais là? Je suis perdu, souffla-t-il, dépité. Je ne sais même plus dans quel but, je me bats. Je ne sais pas pourquoi je suis là à attendre que tu me dises qu'il ne s'était rien passé entre vous, alors que je sais pertinemment que c'est faux.
Une larme échoua sur sa joue et je sentis des griffes me labourer de l'intérieur. Il avait mal. Sara avait mal. Je ne me sentais pas en droit d'avoir mal, mais c'était trop tard, moi aussi j'avais mal.
— Je ne sais pas quoi dire, admis-je dans un murmure. Tout ce que je sais, c'est que je ne veux pas te perdre.
Je levai ensuite une main pour lui toucher la joue, mais il pivota la tête pour l'éviter. Découragé, je laissai lourdement mon bras retomber le long de mon corps et repris difficilement, la gorge nouée :
— Crois-moi, Marcos, je t'aime. J'ai besoin de toi. Ce qui est arrivé avec Sara était... une erreur et je...
Il m'interrompit d'un geste de la main et entama une longue respiration. Ses yeux étaient voilés de larmes et il lutta longtemps afin de les ravaler, sans succès.
— Tromper n'est pas une erreur, reprit-il d'une voix chevrotante. Ça ne l'est jamais. Quand on aime vraiment une personne, on ne peut pas toucher à une autre, sans penser au mal que ça va lui faire. Si ton désir pour quelqu'un d'autre peut-être assez fort pour faire taire l'amour que tu es sensé me porter, on ne parle pas d'amour. Je ne sais pas ce que tu ressens Rick, mais ce n'est pas de l'amour.
Il tourna les talons et se rendit dans la salle à manger au décor minimaliste contiguë à la cuisine. Il attrapa ensuite sa veste qu'il avait soigneusement déposée sur le dossier d'une chaise et l'enfila.
— Ne pars pas, l'implorai-je d'une voix rendue faible par l'émotion.
— C'est ça le problème Rick. Je m'en vais, mais je ne pars pas, déclara-t-il avec une expression dépitée. J'aimerais franchir cette porte et ne plus revenir, mais je ne vais pas me mentir. Je sais que je reviendrai, car ces miettes que tu me donnes sont devenues ma drogue. Voilà ce à quoi l'amour m'a condamné.
Je m'écroulai contre le mur le plus proche lorsque le bruit de la porte d'entrée qu'il refermait derrière lui me parvint. À ce moment-là, j'aurais tout donné pour n'être qu'un spectateur de ma vie, et pouvoir dire que je n'aimerais pas être à la place du type qui serait moi.
Mais hélas !
Je finissais toujours par blesser les gens autour de moi. Pas grand-chose n'avait changé après toutes ces années finalement. Ça me faisait du mal de le voir dans cet état, mais à quoi m'attendais-je exactement ?
Le pire, c'était que je ne pouvais pas dire que je regrettais ce qui s'était passé avec Sara. Pourtant, je ne voulais pas perdre Marcos.
C'était ce qui s'appelait vouloir le beurre et l'argent du beurre.
Je respirai un bon coup avant de me lever en direction de la salle de sport. Je réfléchissais toujours mieux après avoir fait de l'exercice. J'espérais que l'effort m'aiderait à voir plus clair à la situation.
Pourtant ça ne marcha pas cette fois. Après plus de deux heures à fatiguer mes muscles, j'étais crevé, mais je n'avais toujours aucune idée de la décision à prendre.
Il était plus de minuit lorsque n'arrivant pas à trouver le sommeil, je décidai d'appeler Daphney.
— Daph, je peux venir chez toi ?
— Enfin, il se rappelle de mon existence ! soupira-t-elle de façon théâtrale.
Je l'imaginais accompagner ses paroles de grands gestes de la main et je souris. Effectivement, ça faisait un bail qu'on n'avait pas eu de vraies conversations comme au bon vieux temps. Mais ce soir-là, je n'avais vraiment pas vu vers qui d'autre me tourner.
- Viens donc, reprit-elle, de façon plus avenante. En fait merci de m'avoir appelé, je cherchais mon téléphone depuis plus d'une heure.
Ça ne m'étonnait pas le moins du monde. Daphney avait la manie de perdre tout ce qu'elle touchait.
— Je vais chercher de la glace, ajouta-t-elle comme pour me convaincre en cas d'hésitation.
— Je ne mange pas après vingt-trois heures, rappelai-je.
— C'est ce qu'on va voir ! lança-t-elle avant de raccrocher.
En effet, pas plus d'une demi-heure plus tard, j'étais dans son salon bleu au décor industriel, en train de me gaver de crème à la glace — gros doigt d'honneur à mon régime — alors que ce n'était même pas mon cheat day. Le jour de relâche, comme je l'appelais le plus souvent, était le seul jour dans une semaine, où j'avais le droit de manger toutes les cochonneries qui me plaisaient.
Oui, je faisais très attention à mon corps, à mes cheveux et... à mon apparence en général. C'était normal, elle représentait une bonne partie de mon gagne-pain. Mais aussi, je prenais soin de moi, car j'aimais être fier de mon reflet dans le miroir. Mon corps avait tendance à stocker rapidement du gras et je détestais quand ça arrive. À mon avis, ne pas pouvoir me faire plaisir tous les jours afin de protéger mes abdos, c'était la moindre des choses.
Mais il faut dire que Daphney était douée pour me convaincre. Je ne savais pas comment elle avait fait pour dégoter ce gros pot de Ben & Jerry's, saveur framboise — ma préférée — à une heure aussi tardive. J'avais vécu pendant plus de seize ans à Pacific Palissades, et à ma connaissance, il n'y avait pas des supermarchés ouverts aussi tard. Peut-être que ça avait changé après mon départ.
Pacific Palissades était un quartier résidentiel avec de grandes villas, quelques maisons anciennes, des condos et des appartements modernes, qui donnaient sur des rues calmes et impeccables.
Daphney y habitait dans un deux-cents mètres carrés de style méditerranéen, avec une vue imprenable sur la côte et les eaux vives du Pacifique. Elle avait vendu l'immense demeure de ses parents, voisine à celle de Dant, pour s'installer dans une autre, plus petite à seulement quelques kilomètres.
Ça paraissait fou, mais je comprenais parfaitement. C'était dans les grands espaces que la solitude se faisait le plus sentir ; j'en savais un rayon sur le sujet.
On demeura tranquillement, pendant plus d'un quart d'heure, à nous gaver de cochonneries sur son canapé : elle, en position de lotus dans un short et un débardeur en satin, moi, dans un survêtement gris enfilé à la va-vite.
On matait Gossip girl ou plutôt « terrain de critique de Daphney Bross », car à chaque nouvelle scène, elle lançait des commentaires du genre : « Non, mais la meuf elle peut pas porter ça ! » , « Non, mais je rêve ? ».
Eh oui, c'était Daphney ; il n'y avait qu'elle seule qui savait s'habiller.
— T'es allé voir ton père ? demanda-t-elle au bout d'un moment sans quitter la télé des yeux.
— Rouge ! prononçai-je la bouche pleine de crème glacée.
— Quoi rouge ? s'intrigua-t-elle en pivotant la tête d'un mouvement vif, qui fit voltiger sa queue de cheval.
— C'est mon mot-clé pour dire que tu es allé trop loin, expliquai-je.
— C'est pas un truc sadomasochiste ça ? fit-elle, pensive. J'étais même pas au courant qu'on baisait. T'es un super mauvais coup alors, je ne ressens rien du tout.
Et ce fut comme ça qu'elle m'arracha mon premier rire de la journée.
— Demander pourquoi t'as l'air de porter le monde sur tes épaules, c'est rouge aussi ? reprit-elle en embrochant un chips.
— J'ai couché avec Sara, admis-je en gardant mes yeux sur l'écran pour éviter de croiser les siens.
Oui, depuis le début, elle avait dit que j'étais égoïste et que je ne pourrais pas m'empêcher de me la faire sans penser aux conséquences sur Marcos. Et moi, je détestais plus que tout qu'on me dise : « Je te l'avais dit. »
— Tu parles d'une surprise ! commenta-t-elle, sarcastique.
— Et j'ai aimé, ajoutai-je.
— Preuve de ton manque de goût.
— C'est différent avec elle.
— Sa soumission t'excite ?
— Tu te trompes sur elle, protestai-je avec véhémence. Elle est loin d'être soumise. Je sais que tu ne l'aimes pas, mais j'ai besoin de ton aide.
— Ce n'est pas que je ne l'aime pas, corrigea-t-elle en passant négligemment ses doigts dans sa blondeur. Je la hais ! Je ne te parle même pas de son look, on dirait une clocharde qui...
— Daphney ! grondai-je, agacé.
— Bon, ça va, céda-t-elle en levant les yeux au ciel. Crache le morceau !
— Marcos en a marre.
— Arrête de déconner ! Va le trouver ! C'est simple.
Je déposai le pot de glace par terre et m'accoudai sur mes cuisses, le visage dans les paumes.
— Non ce n'est pas simple. Je ne comprends pas ce que je ressens pour elle... C'est étrange, j'ai toujours envie de plus. Mais en même temps, Marcos ne mérite pas ce que je lui fais.
— Attends ! s'exclama Daphney en mettant la télé sur mute comme pour mieux se concentrer. Es-tu en train de me dire que tu es amoureux de cette... fille ?
— Non, m'écriai-je en me posant intérieurement la même question. Je... Je ne sais pas ce que je ressens, OK ? C'est totalement inédit pour moi. Je ne comprends rien... Je n'arrive pas à démêler tout ça.
— Ah d'accord, commenta-t-elle d'une voix neutre.
— C'est tout ? m'étonnai-je. Ah d'accord ?
— Que veux-tu que je te dise ? s'emporta-t-elle.
— OK, calme-toi ! Pas la peine de s'énerver.
Pourquoi elle s'excitait d'ailleurs ? Ça n'avait pas de sens !
— Tu sais, reprit-elle. Je pouvais encaisser le fait que tu sois gay. Mais que tu l'aimes...
— Je n'ai pas dit ça, contrai-je d'un ton dubitatif, comme si je n'étais pas entièrement sûr de ce que j'avançais.
Elle se leva du canapé et déclara de façon trop hésitante pour être honnête :
— Je... je dois aller... nourrir K-pop.
— K-pop dort, observai-je en désignant le Shih Tzu de l'autre côté de la pièce.
— Je vais me coucher alors, retenta-t-elle, de moins en moins convaincante.
Je voyais bien qu'elle essayait de s'échapper, je ne comprenais juste pas pourquoi.
— Tu m'as dit que t'avais passé l'après-midi à dormir...
— Alors la vérité, c'est que je ne veux plus te voir, Rick ! finit-elle par exploser. Qu'est-ce que t'espérais que je te dise ? Je te connais depuis la maternelle où t'avais ta petite salopette de merde et tes horribles lunettes à la Harry Potter. Je t'ai vu sauter toutes ces filles, alors que moi, je...
Elle interrompit ses grands gestes et ses mains retombèrent lourdement contre ses cuisses. Elle ferma les yeux longuement avant de poursuivre d'une voix lasse :
— Quand tu m'avais confié que t'étais gay ; en quelque sorte, j'avais été satisfaite. Je me suis dit, tu vois Daphney, ce n'est pas toi le problème. Vingt putains d'années que je te connais ! Cette salope avec ses mochetés à fleurs ridicules arrive, depuis quoi ? Quatre mois et... tu l'aimes ? répéta-t-elle comme si elle n'en revenait toujours pas. Ferme la porte derrière toi, Ricardo ! intima-t-elle d'une voix dure en tournant les talons.
Ce n'est pas vrai ! Ce béguin ne pouvait pas encore être là ! Je préférais croire que c'était l'injustice de la situation qui la révoltait. De plus, je n'avais jamais dit que j'aimais Sara. Daphney faisait toujours dans l'excès.
C'était de l'excès, non ? Pourquoi avait-elle conclu que c'était de l'amour ? Pourquoi pas autre chose ?
Ça lui passera, pensai-je en me levant pour rentrer chez moi.
Oui, on se connaissait depuis tout petit. Et après notre fausse relation en seconde, on avait essayé de sortir ensemble en terminal. Je me souvenais bien qu'un jour, dans ma chambre, nos baisers simples jusque-là, avaient pris de l'ampleur. On serait certainement allé plus loin si je n'avais pas décidé de tout arrêter.
Malheureusement, elle l'avait pris comme une offense, parce que j'avais franchi le cap avec la majorité de ses amies. Cependant, si j'avais couché avec elle, je savais ce qui se serait passé : je l'aurais jetée comme toutes ses copines dont elle estimait chanceuses d'être passées dans mon lit.
Je n'avais pas vu comment lui expliquer que si j'enchaînais autant les filles, c'était parce qu'aucune n'arrivait à me combler totalement. À chaque fois, je croyais que c'était la bonne ; on passait de bons moments, mais à la fin je me retrouvais comme rassasié, mais jamais satisfait.
Ensuite, je passais à une autre, je finissais encore une fois déçu, puis une autre... Tout ça plutôt que d'avouer que ce n'étaient pas elles le problème ; que Crysta avait raison depuis le début ; que j'étais gay.
J'avais décidé que Daphney m'était trop précieuse pour que je prenne ce risque. Parce que peu importait son mauvais caractère, c'était ma plus vieille amie et elle comptait beaucoup pour moi. Cependant, elle ne l'avait pas compris comme ça.
Sur le point de perdre son amitié, je fus bien obligé de lui avouer la vérité. J'admis que j'avais commencé tout ça pour donner tort à Crysta ; que les filles ne m'intéressaient pas vraiment, mais que j'étais arrivé à un point où je ne pouvais plus faire marche arrière.
Je pensais qu'elle avait fait une croix sur moi, puisqu'elle était au courant pour moi et Marcos... et Sara. Quoique Sara, c'était une autre histoire : je ne comprenais toujours pas comment cette fille arrivait à me faire ressentir toutes ces choses.
Notre situation avait quelque chose de perturbateur et d'excitant à la fois. Et même si c'était insensé, je me sentais si vivant, si à l'aise avec elle. Mais peut-être que ça allait nous perdre tous les deux. Elle devait être aussi troublée que moi d'ailleurs. De plus, sa disparition après le texto prouvait bien sa position. Je doutais fort qu'elle s'ouvre encore une fois à moi après ce coup-là.
Finalement, il fallait mieux que j'ignore ces « trucs » que je ressentais. Daphney avait peut-être raison : c'était simple, il fallait que j'aille voir Marcos. Notre relation avait au moins l'avantage d'être confortable, paisible et ... rassurante. Il faudrait juste que j'arrête de déconner. Il avait tant supporté depuis le début, il le méritait bien après tout.
C'est ce que tout le monde aurait choisi, si ?
La seule chose que Marcos ait fait dans cette histoire, c'était trop m'aimer. Et moi, j'avais profité de sa tolérance pour le blesser. Ce que je lui faisais n'était pas juste ! J'en avais totalement conscience.
Mais et Sara alors ? me souffla une petite voix.
Je savais ce que je voulais : ne pas avoir à faire de choix. Cependant, je savais aussi ce qu'il fallait faire : choisir.
Ce que je fis à contrecœur...

Rock Hard, Love HarderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant