Il l'avait fait pour le show, non ?
Bien sûr idiote, qu'il l'a dit pour le show. Le mec a déjà une, ou même plusieurs copines. Qu'est-ce que tu crois ?
Pourtant, mon cœur avait littéralement bondi dans ma poitrine. Entendre cette phrase de sa bouche faisait partie de mes plus grands souhaits, depuis le jour où j'avais compris que je l'aimais.
C'était vraiment la première fois qu'il prononçait ces mots devant moi. Pendant tout le temps qu'avait duré notre comédie, jamais il n'était allé jusque-là, même si ça aurait pu rendre notre relation plus crédible. Tout au fond de moi, j'avais espéré que lorsqu'il les dirait, ce serait uniquement quand ce serait vrai. Et là, sans scrupule aucun, voilà qu'il me balançait ce mensonge en pleine tronche.
Imaginez-vous qu'enfant, vous rêviez d'un nouvel animal de compagnie ou d'un nouveau jouet. Imaginez que vous le vouliez de tout votre cœur. Ensuite, visualisez votre joie lorsque finalement, un jour, l'un de vos parents vous annonçait qu'il vous l'avait eu. Et enfin, essayez de concevoir ce que vous ressentiriez plus tard dans la journée, après avoir compris que non, vous n'auriez pas votre cadeau ; que votre parent avait dit cela dans le simple but d'impressionner un quelconque invité. Vous voyez le tableau ? Imaginez maintenant l'état de mon cœur à ce moment-là.
— Coupez, m'écriai-je entre deux toux. Je... je ne vais pas bien. Je reviens.
Je pus parfaitement entendre le bruit de mes talons lorsque je quittai le plateau devenu subitement silencieux, comme si toute âme vivante l'avait d'un seul coup déserté. Pour être honnête, leur réaction était le cadet de mes soucis. Je voulais juste être seule un moment pour me calmer. Et j'y arrivais parfaitement, accoudée au comptoir de notre loge, la tête entre les mains, à essayer de m'éclaircir les idées... Jusqu'à ce que Rick arrive quelques secondes plus tard et que son « Je t'aime » me revienne à l'esprit.
— OK, je n'aurais pas dû, admit-il, appuyé contre la porte d'entrée.
— Bien sûr que non, tu n'aurais pas dû, explosai-je en essayant de ne pas trop élever la voix. J'accepte tous les mensonges, mais s'il te plaît, pas ça.
— Qui a dit...
— Arrête, coupai-je d'un geste de la main. Je ne veux rien entendre.
Je fermai les yeux pour stabiliser les battements de mon cœur et il relança de façon circonspecte :
— C'est à cause de ton ex que tu n'acceptes pas qu'on te dise qu'on t'aime ?
— Caleb n'a rien à voir là-dedans. Je joue ce rôle, tu mens, je mens. Mais ça, c'est ma limite ! Je ne veux plus jamais l'entendre...
Tant que ce n'est pas la vérité, ajoutai-je intérieurement. Cependant, je ne le mentionnai pas, car sinon ça signifierait que j'espérais que ça arrive un jour. C'était le cas, mais je ne voulais pas passer pour une désespérée. Plus jamais.
Je l'aimais, mais je m'aimais encore plus. Et j'avais décidé de ne plus le laisser jouer avec mon cœur. Enfouir mes sentiments avait été la première étape, et j'y arrivais à merveille, jusqu'à ce qu'il me sorte cette phrase...
— Tu sais que je n'ai jamais fait la cour à personne ? annonça-t-il quelques secondes plus tard comme s'il s'agissait d'une information classée secret défense.
On aurait presque pu croire que ce qu'il s'apprêtait à dire ensuite le mettait mal à l'aise. Mais je m'en foutais d'avance. Je ne voulais rien savoir. Ce fut donc d'un ton cassant que je lui informai :
— Je me contrefous de ta vie sentimentale, Rick.
— Par contre, tu sais que t'es casse-couille ?
Je lui adressai un regard torve dans le miroir et il leva les yeux au ciel. Il souffla ensuite par la bouche comme pour se donner du courage, puis s'exprima d'une voix douce qui me laissa interdite quelques instants :
— Dîne avec moi ce soir !
S'il s'agissait de quelqu'un d'autre, j'aurais vraiment cru à la sincérité de son ton. Mais c'était Rick. Ça devait sûrement faire partie du jeu pervers auquel il se livrait, qui consistait à naviguer entre plusieurs femmes à la fois. Ce serait sans moi, décidai-je.
— Non ! répondis-je fermement.
— Je viens de te proposer un rendez-vous galant ! Rien que nous deux. Sans aucune arrière-pensée. Certains tueraient pour ça, assura-t-il l'expression scandalisée, comme si je l'avais giflé et pas juste refusé un dîner.
— Propose-le à M.S., suggérai-je froidement.
— Serais-tu jalouse Sara ?
Oh que oui, s'écria ma conscience.
— Même pas en rêve, niai-je avec un petit rire méprisant. Je te remettais juste à ta place.
— Ma place est auprès de toi... Ou en toi. Tout dépend de tes envies, ma belle, rétorqua-t-il avec mon sourire.
— Pft ! jetai-je en levant les yeux au ciel.
— Dîne avec moi, répéta-t-il avec le plus grand sérieux.
Pourquoi insistait-il ? Il n'avait qu'à appeler l'une de ses putes et se débrouiller pour ne pas être vu ; si c'était ça qui l'inquiétait.
— Pourquoi ? m'intriguai-je en veillant à ne pas exprimer trop d'intérêt dans ma voix.
— T'es ma femme. J'ai envie de passer du temps avec toi, enchaîna-t-il avec la même intonation grave.
— Trouve autre chose ! fis-je en claquant la langue d'un air suffisant. M.S. est occupée ? Ou alors, fatiguée après au autre baise torride ?
— La seule baise torride que j'ai eue hier soir, c'était avec toi, dans mes rêves, après l'érection monstre que tu m'as donné. D'ailleurs, où diable as-tu appris à danser comme ça ?
Je priai fort qu'il n'ait pas remarqué comment je m'étais raidie à la suite de sa question. En tout cas, je souhaitais de tout cœur qu'il n'obtienne jamais sa réponse.
Et sincèrement, je devrais vraiment prendre mes distances avec l'alcool. Qu'est-ce qui m'avait pris de danser pour lui ? En me réveillant ce matin, j'avais tellement eu honte !
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Rock Hard, Love Harder
General FictionRick Rivera est une superstar du rock adulée de toutes. Mais le ténébreux chanteur cache un lourd secret... *** Pour protéger sa célébrité et son homosexualité, Rick accepte de conclure un faux contrat avec Sara suite à un concours de circonstances...