Je crois que tout le monde connaissait la sensation de bien-être total après un bon orgasme. Dans mon cas, ce jour-là, celle-là avait été multipliée par trois. J'étais vidé, mais heureux.
Après avoir joui deux fois supplémentaires, je m'étais assoupi et avais rêvé de plein de tee-shirts à slogans marrants. Cependant, je savais que le retour à la réalité serait brutal... mais pas à ce point.
— La police arrive, m'annonça Sara qui s'était douchée et qui portait désormais une salopette ample en denim et un tee-shirt à rayures.
Sa façon de s'habiller était-ce un message ? Plus de tissu entre nous était-ce une sorte de barrière ? Regrettait-elle déjà ? Parce que moi non.
Je m'étais levé et douché à mon tour pour enfiler un tee-shirt blanc, sans slogan cette fois, avec un slim noir.
— Pourquoi la police arrive ? demandai-je en la rejoignant sur le pont supérieur, où une mer totalement noire à cause de la nuit nous entourait. Et comment tu sais ?
Elle me jeta un regard que je n'arrivai pas à déchiffrer. Tout ce que je savais, c'était que la fille qui criait mon nom tout à l'heure était déjà loin.
Elle ne répondit pas à ma question et je décidai de lui laisser de l'espace.
Il était plus de sept heures du soir ; ce qui signifiait qu'on avait passé la journée au lit et qu'on avait sauté plus d'un repas. Il était convenu qu'on dîne à Athènes, ce midi, mais il y avait eu ce mec...
Et là tout me revint.
C'était comme si mon cerveau n'attendait que ce signal pour libérer tout un tsunami d'émotions : colère, impuissance, détresse...
Le comportement étrange de Sara était loin d'être un souci. J'avais des problèmes beaucoup plus grands, comme par exemple : les projets de notre espion avec son appareil photo. Et s'il tenait promesse ; les questions de mes fans à venir, la colère de Turner... J'avais envie de m'effondrer rien que d'y penser.
Les photos ne m'inquiétaient pas tant que ça. Je pourrais toujours trouver un mensonge crédible pour expliquer pourquoi on ne dormait pas ensemble. Mais c'était l'autre phrase dans le bout de papier que j'avais trouvé qui provoquait toute mon angoisse : « J'ai des tas de preuve que ce mariage n'est qu'une mise en scène. »
Quel genre de preuve ?
Comment Michael, était-il au courant ? Était-ce lui qui avait envoyé la lettre ?
C'en était trop ! Mon cerveau allait imploser.
Je voulais ne plus y penser. Je voulais juste...
Bref, me servant de l'éclairage de mon iPhone, j'attrapai une bouteille de Jack Daniel's et la vidai aussi rapidement que s'il s'agissait de l'eau. Puis un deuxième, puis...
La police maritime arriva une demi-heure plus tard et tout se passa comme à travers un brouillard. J'avais répondu à des questions que j'oubliais à la minute où je donnais les réponses.
Et quelles réponses ? Je n'en avais aucune idée. Je me rappelais juste qu'on avait parlé de quelqu'un que je ne connaissais pas. Et ce fut Sara qui se chargea du gros de la conversation.
Je n'avais pas dû dire trop de conneries, car ils repartirent un moment plus tard en laissant leurs numéros, et s'excusant plus que nécessaire.
On avait aussi un nouveau pilote, en uniforme et tout, qui parlait avec un accent grec à couper au couteau.
L'ancien — le vrai — avait été retrouvé, ligoté dans un hangar à bateau.
On nous avait adressé maintes excuses, et la compagnie avait promis de rembourser la moitié de la somme de location pour le manque de sécurité. J'avais envie d'écrier ne serait-ce qu'un « Youpi ! » sarcastique, mais les mots étaient restés coincés dans ma gorge.
Le yacht avait recommencé à bouger dans la nuit noire, mais ce n'était plus un problème, car il y avait l'électricité.
Puis, j'étais retourné dans le bar, à ma bouteille partiellement entamée, mais Sara me l'avait attrapé des mains, avant que je n'en avale une seule gorgée. Je me rappelle lui avoir lancé :
— He, rends-moi ma bouteille !
Mais elle avait quand même gardé ma bouteille. Pourquoi ?
— Je crois que t'en assez fait aujourd'hui, décréta-t-elle d'un ton catégorique.
— Ah bon ? Pour moi, ce n'était pas assez. Ça te dirait qu'on recommence ? tentai-je de plaisanter, mais ça ne la fit pas rire.
Pourquoi ?
— Pour que tu me remercies encore juste après comme une vulgaire pute ? s'excita-t-elle.
Quand ça ? J'avais dit merci après nos ébats ? Mais...
Holà ! Merci c'était poli, non ? Alors pourquoi elle avait l'air de vouloir me tuer. Je ne comprenais pas alors je dis :
— Holà ! Merci c'est poli, non ? Pourquoi as-tu l'air de vouloir me tuer ?
Malgré le taux élevé d'alcool dans mon sang, ce soir-là ; je crois que je me rappellerais à jamais de la suite. Enfin, ma joue gauche s'en rappellerait à jamais, car ce fut là qu'elle m'assena la plus forte gifle de toute ma vie. Et je crois même que je dessaoulai quasiment, juste après.
— Hé ! m'entendis-je protester.
J'insiste sur le quasiment...
— J'arrive pas à croire que tu puisses être dans cet état après ce qu'on nous a appris ! s'insurgea-t-elle.
Ensuite, ses yeux s'arrondirent et elle recula, l'expression horrifiée comme si elle venait de réaliser quelque chose de monstrueux.
— C'était toi ! siffla-t-elle. Tu l'as fait tuer.
— Moi ? J'ai tué personne ! me défendis-je.
— C'est comme ça que vous réglez vos problèmes, vous les célebs ? La vie des gens n'a donc aucune valeur ?
Elle se rapprocha et me martela le torse de coup en vociférant des choses inintelligibles.
Cette scène avait quelque chose de vaguement familier, pensai-je. Ah oui, Alexie et ses crises !
Sauf que Sara n'avait rien à voir avec cette folle. Il devait vraiment se passer quelque chose de grave pour la mettre dans cet état !
J'attrapai ses bras et sollicitai à fond mes neurones encore actifs pour tenter de comprendre pourquoi elle réagissait comme ça.
— Hé ! Parle-moi ! Désolé de t'avoir blessé. Je m'en rappelle pas.
— C'est pas à moi que tu dois des excuses Rick. Peu importe que ce fut un espion au service de Michael. Je suis certaine qu'il avait une famille, il ne méritait pas de finir comme ça. Excuse-toi auprès d'eux.
Les pièces du puzzle se mirent lentement en place dans mon esprit et je compris enfin : le pseudo-pilote avait été tué et Sara pensait que j'avais quelque chose à voir avec sa mort.
— Ou alors, enchaîna-t-elle en libérant ses mains de ma poigne. Tu pourrais envoyer quelqu'un le faire à ta place. Ça au moins c'est dans tes cordes. Parce que t'es incapable d'assumer quoi que ce soit.
Parce que tu ne seras jamais un homme Rick, jamais...
Ça, ce n'était pas gentil !
Je restai planté là, devant le comptoir, à me demander comment cela était-il possible.
Était-ce juste une coïncidence ou il y avait quelque chose de plus complexe derrière ? Personne d'autre à part elle et moi savait ce qui était arrivé dans ce bateau, alors...
Je passai une nuit blanche à retourner ce genre de questions dans mon esprit. Le lendemain, je n'avais franchement pas bonne mine. Lara, ma styliste pleurerait devant l'état de mes cheveux.
Et à part enfiler une casquette noire comme ma tenue ce jour-là, je ne fis aucun effort pour améliorer leur état non plus. Mes yeux cernés eux aussi, étaient les cadets de mes soucis. Je ne me sentais tout simplement pas d'humeur.
Ce fut donc tout normal que je ne décochasse pas le moindre geste à ces gens qui me demandèrent des selfies ou des autographes en traversant le hall de L'intercontinental Athenaeum, l'un des plus beaux hôtels à l'architecture moderne de la capitale grecque.
Grant et Quinn, de qui on s'était séparé au port de Santorini, nous attendaient à Athènes. Je leur fus vraiment reconnaissant de garder les fans à l'écart ; mon air revêche ne semblant pas du tout les décourager.
L'expression de Sara non plus, avec sa queue de cheval bouffante et sa veste en jean oversize n'était pas des plus accueillantes.
Pour une fois, on semblait s'en foutre de donner au monde l'impression qu'on était le plus heureux couple de la terre.
Une fois dans notre suite au décor classique, dotée de meubles en bois épurés et d'œuvres d'art locales contemporaines, je me connectai à la Wi-fi afin d'apprendre ce qui s'était réellement passé.
J'étais vraiment tendu, alors autant dire que les balcons de notre suite, avec vue sur l'Acropole — l'un des sites touristiques les plus célèbres en Grèce — étaient loin de m'émerveiller.
L'info faisait déjà le tour des réseaux. Les gens s'imaginaient tout type de scénario. Certains disaient qu'un paparazzi était mort en nous espionnant. D'autres supposaient que c'étaient mes fans les assassins, pour protéger ma vie privée. Quelques-uns avançaient que j'avais tué un homme pour défendre Sara. Mais les conclusions étaient les mêmes : j'étais maudit.
Génial ! La magie d'internet !
Je n'imaginais même pas le nombre de fans fictions sordides sur le rockeur maudit qu'on devait écrire en ce moment-là. Ce genre d'incidents faisait le bonheur de certaines personnes, car ils renforçaient presque toutes leurs théories sur les mystères qui m'entouraient. Comme je l'avais déjà dit : génial !
Ce qui s'était vraiment passé était qu'en fait, l'homme avait été tué d'une balle, dans un port privé d'Oía après avoir été dépouillé de tout ce qu'il avait sur lui.
Normal que Sara pense que j'y étais pour quelque chose !
On nous reliait à l'histoire, car un autre paparazzi avait publié une photo de nous embarquant dans le yacht cet après-midi-là avec le défunt.
Pourquoi on ne pouvait pas me laisser tranquille ?
Sara par contre y arrivait à merveille. Elle devait être reconnaissante que cette suite, avec salle de séjour séparée possédait trois chambres à coucher. Elle avait l'air de ne plus supporter de rester dans la même pièce que moi. Et honnêtement, même moi, je ne voulais plus rester dans la même pièce que moi. Trop de questions tournaient dans mon esprit et je n'avais aucune réponse.
Malheureusement, il n'y avait plus de place libre dans le vol pour L. A.. On devait attendre encore un jour. Et j'étais là dans ma chambre d'hôtel à me saouler comme un trou et à écouter Sara claquer furieusement des portes.
Mais pourquoi était-elle si convaincue que c'était moi ?
Je n'avais effectué aucun appel depuis mon téléphone ces dernières heures. J'avais passé presque toute la journée avec elle, en plus, je m'étais endormi dans son lit même.
À moins que je fusse somnambule sans le savoir et que j'eusse effectué l'aller-retour à la nage sans mouiller mes vêtements, je ne voyais pas comment ç'aurait pu être moi.
Pourquoi refusait-elle de me croire ?
J'avais des bras putain ! Pas des rames ! C'était évident, non ? De plus, aux dernières nouvelles, Poséidon ne m'avait pas revendiqué comme son fils. Ce serait quand même cool, d'être le frère de Percy Jackson, quoique je me visse plus en fils de Dionysos. Putain, qu'est ce que je m'égarais !
Les flics allaient certainement mettre l'affaire sur le dos de voleurs. Cependant, je savais que quelque chose clochait.
Et même si je n'allais jamais le dire à haute voix, le tueur m'avait rendu service. À moins que lui aussi décide d'utiliser les photos contre moi. Alors là, je serais une fois de plus dans la merde. Mais j'espérais que l'appareil finirait vite sur le marché noir et que le nouveau propriétaire ne trouverait aucun intérêt aux photos.
Quant à Michael, il allait entendre de mes nouvelles.
Jusque-là, nos échanges et nos provocations n'avaient jamais dépassé une certaine limite : des poissons morts dans une loge, des pneus de bus de tournée crevés... Peut-être qu'il ne m'avait toujours pas pardonné cette histoire avec sa sœur. En tout cas, ce n'était rien comparé à ce que je lui réservais.
Ce fut avec mon plan diabolique en tête que je me dirigeai vers les toilettes pour aller pisser.
Mais à peine avais-je franchi le seuil que mon pied se heurta à quelque chose de dur. Pour la suite, je n'ai souvenir que des sons d'un craquement et de ma tête qui heurtait le marbre.
Ce n'est pas très Rock « n' Roll, fut ma dernière pensée d'ivrogne avant que le noir ne m'engloutisse totalement.
Je me réveillai sans avoir une idée d'où je me situais et je le regrettai aussitôt.
Putain de putain ! J'avais fichtrement mal à la tête et ce foutu bip n'arrangeait rien.
De plus, ce médecin avec sa touffe de poils dans le nez brandissant sa petite lampe torche m'énervait déjà. Si c'était ça que tous les patients voyaient à leur réveil, ça ne m'étonnait pas que certaines personnes passassent plus de trois ans dans le coma.
— Comment vous vous appelez ?
Je pris un moment avant de comprendre que c'était à moi que Poils dans le nez s'adressait avec son horrible accent.
Comment je m'appelais ? C'était quoi cette histoire ?
Pu-tain! J'ai mal.
— Ne me dis pas que tu m'as oublié, grommelai-je. Je suis ton beau-père.
J'ébauchai un sourire arrogant et je le regrettai dans la seconde.
J'avais tellement mal à la tête que j'avais envie de pleurer. Et j'eus encore plus mal en tournant brusquement la tête en provenance de l'autre voix.
— Réponds-lui Rick ! intervint Sara d'un ton las, comme si elle s'adressait à un gamin fatiguant. Tu as fait une commotion cérébrale. Il essaie de voir si tu n'as pas perdu la mémoire.
— Ce n'est pas grave, la rassura le médecin avec un petit sourire.
Sara était accoudée sur un canapé à motif fleuri et se massait la tempe d'une main, un magazine sur les cuisses. Depuis quand y avait-il des sofas dans une chambre d'hôpital ? Cette chambre ne ressemblait d'ailleurs à aucune autre que j'avais vue dans une clinique. Où était-on alors ? Il y avait même un autre lit dans la gigantesque pièce avec de magnifiques cadres sur ses murs de couleur pastel.
Sara dut suivre mon regard détaillant la pièce, car elle m'éclaira :
— J'ai dû demander à ce qu'on te place ici. Les paparazzis avaient envahi l'hôpital. Même certaines infirmières n'arrêtaient pas de prendre des photos de toi. Le médecin m'a fait comprendre que tu avais besoin de calme. Ici, c'est la plus belle chambre de l'hôpital, et la plus calme aussi. Elle est au dernier étage. Il faut une carte pour y accéder. Elle n'est pas prise en charge par les assurances, donc elle ne sert jamais, j'ai jugé que c'était la meilleure solution.
— Merci ! soufflai-je avec sincérité.
Elle balaya ma réponse d'un geste de la main et se remit à masser sa tempe.
— Vous rappelez vous de comment vous êtes tombés ? rechargea Poils dans le nez.
J'ai chuté comme une grosse merde, fin.
— Mon pied à cogné contre quelque chose, marmonnai-je de mauvaise grâce.
— Quoi ? insista-t-il en plissant le front.
Il commençait sérieusement à me les casser. La douleur n'améliorait vraiment pas mon caractère.
— Je ne sais pas, mais c'était dur, m'agaçai-je. Et en tombant ma tête a rencontré quelque chose d'encore plus dur. C'est évident, non ?
Il poussa un soupir exaspéré.
— Comme votre femme vous l'a dit ; vous avez subi un traumatisme crânien, mais il n'y a pas eu d'hémorragie interne, ce qui est une bonne nouvelle. On va vous prescrire des antalgiques contre les maux de tête, et vous pourrez sortir dans quelques jours.
— Hourra ! ironisai-je.
— Vous vous êtes légèrement fracturé le poignet gauche, ajouta-t-il. Vous allez devoir porter un plâtre pendant quelque temps.
— Combien de temps ?
– Au moins deux semaines.
Pourquoi avais-je l'impression que cette nouvelle le réjouissait ?
— Je vais vous laisser. Une infirmière viendra dans une demi-heure.
Puis s'adressant à Sara, il recommanda :
— Ne le fatiguez pas trop ! Il a besoin de repos.
Celle-ci acquiesça d'un faible mouvement de la tête, et il partit.
— On est où ? interrogeai-je Sara une fois la porte refermée.
— À l'hôpital, répliqua-t-elle sèchement, sans lever ses yeux de son magazine.
— Où ? insistai-je.
J'avais bien le droit de savoir, non ?
— Dans ta chambre d'hôpital. La commotion a apparemment fait plus de dégât qu'on le pense, commenta-t-elle avec une pointe de sarcasme.
Donc elle m'en voulait encore pour cette histoire !
— Je ne l'ai pas tué, Sara.
— Tu ne m'as pas non plus remercié comme une vulgaire pute, après m'avoir baisée, cingla-t-elle en refermant brusquement le magazine.
Je ne pensais pas à ce que je faisais. Mais j'avais mal, et elle m'avait aidé à aller mieux. Je n'aurais pas pu imaginer que ça la vexerait.
— Je n'aurais pas dû, reconnus-je.
— Mais tu l'as fait.
Je fermai mes yeux en espérant calmer l'élancement de mon crâne, sans succès. Lorsque je les rouvris, Sara s'était levée et rapprochée, plusieurs plis d'inquiétude, lui barrant le front.
— Ça va ? s'enquit-elle.
— Ne fais pas semblant, tu n'as pas envie de savoir.
Au point où on en était. Je doutais que ma mort ne la dérange.
— Bien sûr que j'ai envie de savoir ! rétorqua-t-elle en haussant la voix. Tu sais quelle peur bleue, tu m'as foutue ? T'es resté dans les vapes pendant dix-huit heures.
Elle marqua une légère pause avant d'ajouter, après une profonde inspiration :
— Je ne te le demande pas pour toi, mais pour moi. Maintenant, tu veux bien m'excuser, je vais m'allonger.Elle s'allongea dans l'autre lit et me tourna le dos.Elle s'allongea dans l'autre lit et me tourna le dos.
Je n'avais remarqué les poches sous ses yeux qu'au moment où elle avait mentionné sa fatigue. Je n'arrivais pas à croire qu'elle eût veillé sur moi pendant tout ce temps ! Donc, elle tenait un petit peu à moi, quand même ?Ma tête me faisait trop mal. Il m'était impossible de fermer les yeux. C'était comme si la douleur me maintenait éveillé. Je n'avais pas l'habitude d'être allongé à ne rien faire. Fatigué de ce silence, je décidai de faire la conversation.
— C'est la première fois que je viens à l'hôpital. Je veux dire, pour moi. Je n'ai jamais été malade, tu sais ?
— Ok, cracha-t-elle.
Je la croyais endormie. Nullement découragé, j'enchaînai :
— Je suis allé visiter des enfants atteints du cancer par deux fois. Il y en a un qui chantait mieux que moi et...
— Ouais, je connais déjà l'histoire, coupa-t-elle. En plus de ton généreux don pour l'hôpital. Tu as personnellement pris en charge tous les soins médicaux de ce petit garçon... Blablabla. Bravo Rivera ! Mais sache qu'un mal peut effacer un bien, mais qu'un bien ne peut jamais effacer un mal. Tu as déjà fait tuer cet homme, je sais pas comment tu as fait pour que rien ne te lie à cette histoire, mais je ne sais que tu y es pour quelque chose. Je ne crois pas aux énormes coïncidences.
Je voulais m'en foutre. Je voulais ne rien avoir à faire de ce qu'elle pensait, mais je n'y arrivais pas. Je voulais qu'elle me croie.
— Moi qui te croyais intelligente ! lançai-je.
Elle pivota enfin et me dévisagea en attendant que je développe.
— Jusqu'à ce qu'il s'en aille, ni toi, ni moi ne savions qui il était.
C'est toi qui m'as emmené en Grèce, lui rappelai-je. Comment pouvais-je avoir les coordonnées de l'assassin de la zone ? Ah, tu penses que j'ai de super pouvoirs ?
— Je... Je ne sais pas, bredouilla-t-elle, avec moins d'assurance qu'avant. Je sens juste que tu as un lien avec ce meurtre.
— Eh ben, faudra revoir tes talents de médium. Peut-être que c'est toi en fait, avançai-je. Peut-être que c'est toi qui l'as fait tuer. Ça ne t'arrangerait pas non plus si on découvrait la vraie raison de notre mariage, non ? Pourquoi est-ce moi le seul suspect ?
Son air estomaqué m'encouragea à poursuivre :
— Eh bien, tu vois ce que tu ressens là ? C'est ce que je ressens à chaque fois que tu me sors cette histoire.
Je ne l'ai pas tué, Sara et je l'ai pas fait tuer. Je suis aussi choqué que toi par ce qui est arrivé.
J'essayai de me redresser et ce fut de loin, l'une des pires décisions que j'avais prises de toute ma vie.
La douleur explosa tellement fort dans mon crâne et dans mon poignet que je n'eus même pas la force d'émettre le moindre son. Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour, je prierais pour retomber dans les pommes.
Sara dut lire la douleur sur mes traits, car elle s'empressa de descendre de son lit pour accourir vers le mien.
— Qu'est-ce qui se passe ? s'enquit-elle.
J'essayai, mais je ne réussis pas à prononcer la moindre phrase.
La porte s'ouvrit à ce moment-là, et une infirmière s'empressa d'accourir à mon chevet. Elle jeta un regard aux machines auxquelles j'étais rattaché avant de déclarer à Sara :
— Il doit se reposer.
Elle m'administra quelque chose qui me détendit au moment même.
— Mais il va s'en sortir, hein ?
Leur voix devenait de plus en plus lointaine, néanmoins, je pus entendre Sara poursuivre, inquiète :
— Oui, je sais, ce n'est qu'une commotion. Mais promettez-moi qu'il n'aura rien !
— Il va s'en sortir, lui promit l'infirmière.
— Merci.
Ce fut la dernière chose que j'entendis avant de me rendormir, un sourire au coin des lèvres.
Au moins, elle ne voulait pas que je meure.
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Rock Hard, Love Harder
Algemene fictieRick Rivera est une superstar du rock adulée de toutes. Mais le ténébreux chanteur cache un lourd secret... *** Pour protéger sa célébrité et son homosexualité, Rick accepte de conclure un faux contrat avec Sara suite à un concours de circonstances...