— Attends ! me rattrapa Jason devant la porte de la suite.
— Je suis fatigué, m'excusai-je en me passant une main dans les cheveux. Je rentre dormir.
Il me détailla d'un air dubitatif avant de s'enquérir, le front plissé :
— Tu ne t'amuses pas, c'est ça ?
— Ces filles sont bien, prétendis-je, l'impatience me gagnant peu à peu. Je ne suis juste pas d'humeur.
— T'es pas d'humeur à grand-chose dernièrement, commenta-t-il d'un ton accusateur.
Je n'avais pas la force de continuer à discuter. Alors je haussai tout simplement les épaules d'un air nonchalant et soufflai :
— Ouep.
Je sortis ensuite et grimaçai un faible « bonne nuit » en refermant précipitamment la porte derrière moi, avant qu'il n'ajoute quoi que ce soit.
Je me traînai ensuite jusqu'à ma chambre au bout du couloir, les épaules lourdes, en passant devant les deux gardes du corps, sans leur jeter un seul regard.
Je m'écroulai finalement sur mon lit tout habillé et un petit rire hystérique me gagna en repensant à ce que j'avais dit à Jason. Ces filles étaient bien ? Quel menteur j'étais ! Ces pauvres groupies étaient toutes pathétiques.
Leurs déhanchés, leurs numéros de charme, et même leurs rires... tous étaient pitoyables ! Pas besoin de dire qu'elles m'avaient plus agacé qu'autre chose. Je ne les trouvais pas le moins du monde intéressantes. Elles n'étaient ni drôles, ni amusantes, ni rien de tout ça... Elles n'étaient pas Sara.
Sara !
Et là, mes souvenirs avec elle me submergèrent comme un tsunami, et la glace que je m'escrimais à garder H 24 autour de mon cœur fondit.
Je me redressai en position assise, car je me sentais sur le point d'étouffer. Le masque d'impassibilité que je portais la journée ne pouvait plus tenir... Pas lorsque j'étais seul et que son absence se faisait tellement ressentir. Elle me manquait trop ! J'allais mal. Vraiment mal.
Et si je l'appelais ? Et si je mettais fin à cette douleur une bonne fois pour toutes ? Et si elle n'avait pas menti ?
D'un côté, il y avait une petite voix qui me soufflait qu'elle m'avait ridiculisé... qu'elle m'avait menti. Mais d'un autre, j'avais tellement mal, putain !
Je décidai finalement que si jamais elle et Shawn, c'était du sérieux, alors elle devait me le confirmer elle-même. Je ne voulais pas passer ma vie à me reprocher d'avoir peut-être surréagi à cause d'un malentendu.
L'autre petite voix me rappela tout de suite qu'elle avait embrassé cet abruti et que c'était désormais partout. Sans oublier qu'elle m'avait promis de ne plus lui parler, mais avait continué derrière mon dos. Pourquoi si ce n'était qu'elle l'aimait ?
Ou pas...
Je m'étais mis à faire les cent pas dans la chambre d'hôtel au décor épuré, en me tirant les cheveux. J'avais l'impression que ce soir-là, la douleur était pire. C'était peut-être parce que j'avais eu la confirmation qu'aucune autre fille n'arriverait à m'intéresser après elle.
Après une dizaine de minutes de cogitation intense, j'interrompis brusquement mes allers-retours, car j'avais pris une décision. Mon ego pouvait aller se faire foutre. Je retirai mon téléphone dans ma poche et composai le numéro.
Mon cœur battait à tout rompre. Et si elle décrochait ? Qu'allais-je dire ? Je transpirais alors qu'il ne faisait même pas chaud. Et si elle m'envoyait bouler ? Cette éventualité fut pour moi comme une douche froide et me figea quelques bonnes secondes.
J'avais encore changé d'avis. Avant d'appuyer sur « appeler », je fichai l'appareil par terre et l'écrasai sous mes bottes. Je le piétinai encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne ressemble plus à rien. Puis je m'écroulai sur la moquette, vidé, en ramenant mes cuisses contre mon torse.
Je n'allais pas l'appeler. Je n'allais pas en plus accepter de paraître pitoyable, alors que je passais déjà pour un idiot sur tous les réseaux sociaux. C'était elle qui aurait dû insister. Elle m'avait menti. Elle m'avait blessé. Elle m'avait brisé le cœur. Elle savait où me trouver si elle voulait de moi.
Un mal terrible me rongeait à l'intérieur des côtes. Je déposai lourdement mon front sur mes bras croisés au-dessus de mes rotules et je pleurai. C'était horrible ce que je ressentais... horrible. Et je n'allai même pas un peu mieux lorsque mes larmes eurent tari quelques minutes plus tard.
Avec un soupir à fendre l'âme, je me remis debout et pris la direction de mon sac.
Et là, je manquai de faire une crise lorsque je réalisai que je n'avais plus d'herbe. Comment allais-je faire pour dormir ? Il était presque deux heures du mat. Bien que je n'avais pas de concert à donner le lendemain, mais il fallait bien que je me repose. Or, je n'arrivais à trouver le sommeil ces jours-ci, que si j'étais complètement saoul ou défoncé.
Je n'avais plus d'herbe, bordel !
Dans ma panique, je faillis ne pas remarquer Jason qui se tenait tout près de la porte et me dévisageait avec une expression étrange. Comment avais-je pu oublier de verrouiller la serrure ? Et que venait chercher le bassiste dans ma chambre ? Pourquoi n'était-il pas en train de faire la fête ?
— Je ne devrais pas te proposer ce que je vais te proposer, débuta-t-il d'un air circonspect. Mais j'ai horreur de te voir dans cet état.
— Ça va, assurai-je en insérant mes mains dans mes poches arrière.
Je devais sûrement être le mec le moins crédible du monde avec mes cils humides et les traces de larmes sur mes joues.
D'ailleurs, Jason me le fit comprendre en levant les yeux au ciel et il soupira :
— Pitié, Rick. Tu t'es regardé ?
Je savais parfaitement ce qu'il voyait : un fantôme. Même le meilleur maquillage n'arrivait pas à me donner bonne mine dernièrement. L'éclat dans mes yeux avait disparu, de même que celui de mes cheveux. Je ressemblais parfaitement à un mort-vivant. En fait, j'étais un mort-vivant...
— T'as plus de weed ? demanda Jason après quelques secondes.
Comment avait-il pu deviner ? Je n'avais pas le souvenir que le bassiste fumait autre chose que des cigarettes, mais je secouai quand même la tête en signe de dénégation. Si seulement il pouvait me dépanner !
— Attends, je reviens, promit-il d'un air déterminé.
Je poussai un long soupir de soulagement, mais quelque chose me traversa l'esprit avant qu'il ne franchisse la porte et je l'interpellai :
— Hey !
— Quoi ?
— Ne dis pas aux autres que... que tu m'as vu dans cet état.
Jason avait compris avant même que je ne termine et il me sourit faiblement d'un air rassurant :
— Ça va, Rick.
Puis il disparut. Je n'avais pas vraiment d'autre choix que de lui faire confiance.
Au lieu de rester planté là, comme le zombi que j'étais, j'entrai dans la salle de bain me passer un peu d'au sur le visage.
Lorsque le blond revint, je m'attendais juste à un paquet de shit, mais la trousse que je découvris entre ses mains me statufia.
— Mais c'est du smack ! paniquai-je comme si j'avais vu La Mort.
Ce qui peut-être était le cas.
Il hocha la tête et prononça d'un air hésitant :
— J'ai pensé que...
— Tu te drogues ? l'interrogeai-je sans pouvoir détacher mon regard de la trousse.
— Pas vraiment, fit-il avec un haussement d'épaules désinvolte. Je réserve ceci pour de rares occasions, quand je suis vraiment au fond du trou.
— Ça veut dire que Lucas aussi... soufflai-je d'un air hébété, comme en transe.
— Non ! admit-il en se passant une main dans sa blondeur d'un geste embarrassé. Il a eu la frousse de sa vie après ton overdose. Écoute, moi aussi, j'ai eu peur pour toi. Mais là, je ne peux pas te regarder comme ça. Tu n'as pas à t'inquiéter, je sais comment arrêter. Je ne suis jamais devenu dépendant, tu vois. Donc si ça peut t'aider à aller m...
Devant mon immobilité et la tension qu'il devait lire sur mon visage, il se décontenança et recula :
— Au fait, oublie ! Je... suis désolé. C'était une mauvaise...
— Attends, m'écriai-je en fermant les yeux.
Je n'arrivais pas à croire que j'avais dit ça. Mais en même temps, j'avais si mal. Si ça pouvait cesser, même un instant... Je me fis la promesse que ce serait la dernière fois.
— OK, acceptai-je dans un murmure.
— T'as une bouteille d'eau ? m'interrogea-t-il, d'un air plus détendu.
J'acquiesçai et il débarrassa la table en face du lit, sous la télévision. Il entreprit ensuite de déposer le contenu du kit + que tout toxico digne de ce nom utilisait pour les injections, d'un geste expert.
Pendant ce temps, je me dandinais sur mes jambes, un peu en retrait, comme si ça risquait de minimiser mon implication dans ce que j'allais m'infliger. Jason finit de tout disposer, mais se figea un moment. Je voyais bien ce qu'il lui manquait : un stericup pour le mélange de la poudre d'héroïne avec l'eau et l'acide.
Peut-être que c'était un signe que ne ne devrais pas.
Ou pas... car le blond avait vite trouvé une solution.
Il se dirigea vers le charriot que j'avais poussé dans un coin et il attrapa la cuillère à côté de la cloche sur mon repas. Sauf que pour une raison mystérieuse, il s'attarda plus que prévu près de la petite table à roulettes et observa dans un murmure :
— Tu n'as rien mangé.
— Ça va, éludai-je avec un geste de la main. T'as la cuillère. Viens !
Il me regarda longuement, comme s'il me voyait pour la première fois et il laissa tomber la cuillère par terre.
— Mais qu'est-ce que tu fous ? m'insurgeai-je.
— C'était une mauvaise idée, opina-t-il tout bas, comme pour lui-même.
— Tu vas pas te défiler maintenant ! protestai-je en me passant nerveusement les mains dans les cheveux.
Je l'avais vu désormais, j'en voulais. Je ne pourrais pas lutter. Oui, le rugissement de ce désir malsain couvrait largement celui de ma conscience. On ne balançait pas de la drogue sous le nez d'un ancien toxico, pas quand il était dans un état de détresse pareil.
— À quand remonte ton dernier vrai repas ? s'informa le bassiste, l'air vraiment inquiet.
— Ça n'as pas d'importance. Je veux cette piqûre ! l'implorai-je pitoyablement.
— Non !
— Jason !
— Désolé, mais ce sera sans moi.
— Fais chier ! m'énervai-je. Fallait pas me balancer ta merde sous le nez ! criai-je. Maintenant, j'en ai besoin. De toute façon, je sais comment m'en procurer.
Je fourrai ma main dans ma poche arrière, en me souvenant trop tard que j'avais fichu mon téléphone. Jason, qui n'en était pas au courant, fut devant moi en moins de deux et me poussa brutalement contre le mur pour m'empêcher de mettre ma menace à exécution.
Devant son air déterminé, je partis d'un rire hystérique et lançai d'un ton ironique :
— Tu te crois dans Twilight ?
Il ne semblait vraiment pas d'humeur à plaisanter. Au contraire, ses yeux brillaient d'une intensité bestiale que je n'arrivais pas vraiment à interpréter.
— C'est moi qui t'ai mis cette idée dans la tête, reconnut-il d'une voix étonnamment faible. Et je regrette. Le seul appel que tu vas passer sera pour commander à manger. Rick reprends-toi, mec. Je ne peux pas te voir comme ça.
Pourquoi autant de sollicitude d'un coup ? Et pourquoi était-il si près ?
— Calme-toi l'alpha. Je n'ai pas de téléphone. Regarde par terre derrière toi. Je l'ai démoli.
Sauf qu'il ne se retourna pas. Il continuait de me dévisager avec cette drôle d'intensité dans le regard.
— Bon là, t'es dans mon espace vital, si tu l'as pas remarqué, protestai-je. Tu vas dégager, oui ou non ? J'ai presque envie de croire que tu crèves d'envie de m...
Je ne pus continuer, parce qu'il m'avait fait taire en déposant abruptement ses lèvres sur les miennes.
... que tu crèves d'envie de m'embrasser.
Je restai droit comme un piquet, car surpris était un bien faible mot pour exprimer mon état. Je ne rêvais pas ? Jason McGraal m'embrassait ?
Sauf qu'il s'arrêta aussi rapidement qu'il avait commencé et admit d'une voix rauque, le souffle court :
— J'ai toujours eu envie de faire ça.
Je ne savais pas quoi dire. Je ne savais pas quoi penser. Mon cerveau avait littéralement buggé. J'étais juste là à le dévisager comme un attardé.
— Je... suis perdu, bredouillai-je en clignant des yeux. Tu es...
— Je n'aime pas me mettre dans une case, me coupa-t-il en déposant ses bras sur le mur de part et d'autre de mon visage. J'aime baiser avec des filles, mais j'ai toujours eu envie de toi. Il y a pas longtemps, j'ai essayé avec d'autres mecs... juste pour voir... et j'ai kiffé. Et ça n'a fait qu'augmenter mon désir pour toi. Je ne sais pas pourquoi je dis ça maintenant, mais Rick, je crève tellement de voir ton petit air arrogant se transformer en supplique quand tu me prieras de te faire jouir.
Ma bouche forma un « O » abasourdi, mais aucun son ne parvint à franchir de mes lèvres.
Je ne réussis à sortir de mon état d'hébétude que lorsque le blond se pencha à nouveau pour m'embrasser. Là, je glissai sous son bras et surgis derrière lui en me tenant la tête entre les mains.
Je ne savais pas ce que je ressentais. Je connaissais Jason depuis quatre ans, et qu'il me sorte ça comme ça... C'était un gros choc. JE NE SAVAIS PAS, si j'avais aimé ce baiser. Je ne savais pas si j'accepterais qu'il recommence. J'étais juste perdu. Je ne savais rien du tout.
Lorsqu'il pivota finalement et que son regard forêt croisa le mien, je pus y lire tout son dépit. Alors je balançai le premier truc à me passer par la tête, le temps de reprendre mes esprits et de lui dire vraiment ce que je pensais de cette situation :
— Qui d'autre sait ?
Ça sembla fonctionner, car les plis de déception autour de sa bouche disparurent et il répondit d'un ton plutôt neutre :
— Quoi ? Que je couche avec des hommes ? Tous ceux qui veulent le savoir. J'ai jamais vu des gens s'excuser de baiser des filles, pourquoi l'inverse existe ? Je trouve vraiment stupide ce truc qu'on appelle coming out. Pourquoi ai-je à m'expliquer devant des gens que je ne vais pas baiser ? Ça ne les regarde pas. S'ils le savent, OK. Sinon, en quoi ça va améliorer mon quotidien ou le leur, si je leur raconte ce que j'aime faire avec mon sexe ?
Ça, c'était du discours ! Comment pouvait-il dire ça avec un tel détachement ? Comment ça faisait pour sortir aussi facilement ? Oui, dans mon cas, c'était ça le problème : il y avait un putain de blocage en moi. Je ne m'imaginais pas un jour atteindre un tel niveau de confiance.
Je regardais Jason sous un nouveau jour, désormais. Je l'enviais en fait. Quant à ce qu'il ressentait pour moi, je ne savais toujours pas quoi penser.
— Donc tu ne rentres pas seulement avec des filles dernièrement ? résumai-je. Comment ne l'avais-je pas remarqué ?
— Tu vas me juger ? me nargua-t-il avec un haussement de sourcils provocateur.
— Non, non, non ! Pas du tout.
Et voilà ! La suite refusait de sortir. Je ne vais pas te juger Jason. Moi aussi, je suis comme toi, ou presque... Les couilles en moins.
Devant le silence qui s'étirait, il souffla par la bouche et dit :
— Bon bah... Bonne nuit !
Il se dirigea vers la commode pour remballer ses affaires d'un pas traînant et je me sentis quelque peu coupable. L'avais-je blessé ? Se sentait-il rejeté ?
— Écoute Jason...
— Ça va ! m'interrompit-il calmement, sans se retourner. Ne me sors pas une excuse bidon, parce que t'as pitié de moi. Les mecs, c'est pas ton truc et t'es complètement dingue de Sara. Je l'accepte. Juste, garde ça pour toi, s'il te plaît. Je veux pas que les autres sachent que je craque pour toi. Même toi, tu n'aurais pas dû le savoir. T'embrasser était une idée merdique. J'ai que des idées pourries ce soir, conclut-il dans sa barbe, comme pour lui-même.
Je ne me sentais pas la force de le convaincre qu'il se trompait. De plus, c'était pour le mieux, en fin de compte. Si on couchait ensemble, la suite risquerait de devenir complètement ingérable. Je le voyais tous les jours, après tout. Et si ensuite il se mettait à se faire des idées ? C'était mieux si ça s'arrêtait là, décidai-je.
Cependant, lorsqu'il arriva devant la porte, je réalisai que je ne voulais plus être seul. Il ne me faisait pas complètement oublier ma peine, mais j'appréciais plus sa présence que ces connes qui étaient prêtes à se casser quelques vertèbres pour m'impressionner avec leurs strip-teases merdiques.
Il avait déjà tourné la poignée lorsque je criai :
— Attends !
— Quoi ? soupira-t-il d'un ton las.
— T'es plutôt passif ou actif ?
Il leva un sourcil interrogateur, et je détournai le regard, gêné. J'avoue, c'était assez inattendu comme question. Mais c'était la première à m'être passé par la tête.
— Jusque-là, actif, admit-il d'un air circonspect, comme s'il essayait de deviner où je voulais en venir. Pourquoi ?
— Heu, pour rien, bafouillai-je.
C'était vrai ; je n'allais rien faire de cette information. Jason était beau, mais il ne m'avait jamais attiré dans ce sens-là. Quoique je devais avouer que la ligne acérée de sa mâchoire était vraiment... bien. Et son regard verdoyant tacheté d'or...
Il fallait me reprendre ! Je délirais complètement.
— D'accord, bonne nuit ! répéta-t-il avec une petite moue en mettant un pied dehors.
— Attends ! m'écriai-je à nouveau en fermant les yeux, embarrassé.
Cette fois-ci, il parut vraiment s'impatienter, car sa mâchoire tressauta lorsqu'il répondit :
— Quoi ?
— Je ne veux pas rester seul, confessai-je en me dandinant sur mes jambes.
— Tu veux que je t'envoie l'une des filles ?
— Non.
Il referma la porte et se tourna pour plonger son regard pensif dans le mien.
— Tu sais, j'ai presque envie de croire que je ne t'ai pas laissé indifférent.
J'avais presque envie d'y croire moi aussi. M'avait-il tenté ? Peut-être ? Oui ? Non ? Oui ?
— T'as envie d'essayer ? demanda-t-il avec un sourire en coin. C'est vraiment différent des idées reçues, tu sais. C'est pas... dégueulasse.
Je ne savais que trop bien. Pourtant, je ne relevai pas et me contentai de me passer les mains dans les cheveux d'un geste mal assuré.
Il prit mon silence pour un oui, car il se rapprocha d'un pas plus confiant et susurra :
— Si tu as peur, je...
Ce fut moi qui déposai ma bouche sur la sienne, cette fois pour le réduire au silence. Son étonnement fut de courte durée et il m'attira prestement contre lui tandis que notre baiser gagnait rapidement en intensité. Il me plaqua ensuite violemment contre un mur et m'empoigna la nuque en continuant à me dévorer les lèvres. Il aimait donc dominer à ce point !
Moi aussi, j'avais toujours été plus actif que passif, mais là, je m'en foutais. Je me foutais de tout, en fait. Je ne savais même pas ce que je faisais. C'était juste qu'au lieu de l'élancement habituel dans ma tête, ces deux dernières semaines ; je ressentais autre chose sans être obligé de planer ou d'être bourré à un point illégal. Son contact me faisait du bien, je n'allais pas le laisser partir. Et même si on couchait ensemble ? Qui blesserais-je ? Je ne tromperais personne, à ce que je sache.
Les baisers et les caresses de Jason étaient autoritaires, gourmands et pleins de promesses. Mon excitation grandissait petit à petit et je pouvais sentir le sien encore plus puissant, dans son jean. Je n'avais déjà plus ma veste et mon tee-shirt et on titubait en direction du lit, lorsque quelqu'un frappa à la porte.
— Rick, tu dors ?
Merde, c'était Monica !
On s'interrompit, le souffle erratique, et Jason me questionna du regard sur ce qu'il devait faire. Comme si moi, je le savais !
Ça ne le dérangeait pas qu'on sache qu'il couche avec d'autres hommes, mais j'avais compris qu'il ne souhaitait pas que les autres découvrent son attirance pour moi. Et moi, je n'avais pas besoin de préciser que ça m'arrangeait.
— Rick, réponds ! reprit ma sœur d'une voix inquiète.
Je ramassai mon tee-shirt par terre pour m'empresser de l'enfiler, sauf que cette chieuse était déjà rentrée avant que je ne termine. Donc elle me surprit le torse à moitié nu, avec un Jason, le regard fuyant, en arrière-plan.
— Tu ne répondais...
Elle se figea et nous dévisagea tour à tour les sourcils relevés au point de vouloir rencontrer ses racines.
Génial ! Tout ce qu'il me fallait en ce moment.
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Rock Hard, Love Harder
Ficção GeralRick Rivera est une superstar du rock adulée de toutes. Mais le ténébreux chanteur cache un lourd secret... *** Pour protéger sa célébrité et son homosexualité, Rick accepte de conclure un faux contrat avec Sara suite à un concours de circonstances...