Chapitre 14

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Je me lève, tire sur mon tee-shirt pour le remettre en place et souris à Josie.

- Je crois que je vais aller danser.

- A la bonne heure. Va donc bouger ton petit cul de rêve sous le nez de ces pervers.

Je lève le ciel, tout en rigolant. Je rejoins la piste et commence à me déhancher sur la musique pop diffusée par les haut-parleurs. Je ferme les yeux et me laisser porter. La tête me tourne un peu mais c'est quand même agréable. J'avoue que ça fait longtemps que je n'ai pas dansé, sans me soucier de ce qui m'entoure, sans me cacher des autres, sans craindre leur regard. Là, j'ai juste envie de me défouler, qu'importe si un mec vienne m'aborder ou pas. Juste moi et la musique, c'est déjà suffisant.

Alors qu'une musique au rythme latino commence à faire vibrer ses notes dans mon corps, je sens deux mains masculines se poser sur mes hanches. Je me fige quelques secondes, puis recommence à bouger. Allez, Michelle, laisse-toi aller. Comprenant que je lui donne l'autorisation de continuer, l'homme se rapproche de moi, se colle contre moi. Je remonte les mains au-dessus de la tête, ferme les yeux et accentue ma cambrure. Ses mains se font plus aventureuses, glissent sur mon ventre. Son souffle vient caresser ma nuque et je frissonne. C'est enivrant de se sentir désirée. Je me retourne pour voir à quoi il ressemble. Pas mal. Un beau brun à la musculature sèche. Je lui souris et un sourire en coin éclaire son visage.

Le jeu n'est pas fini. Il pose sa main dans le creux de mes reins et reprend sa parade sensuelle. Sa jambe se glisse entre les miennes et nous voilà aussi proches qu'on puisse l'être sur une piste de danse. Ses doigts se glisse dans mes cheveux et son front se pose sur le mien. Putain, j'ai le corps qui commence à partir en vrille. Ce que ça me manquait. Mes mains s'accrochent à son cou et je me mordille la lèvre. Son souffle se mêle au mien, nos lèvres ne sont qu'à quelques centimètres. Mais nous restons là, à onduler l'un contre l'autre, attendant que l'un ou l'autre cède. Je ne me rappelle pas la dernière fois que j'ai joué ainsi au chat et à la souris. En fait, jamais. Avec Nathan, j'étais trop jeune, trop innocente. Ça a été l'amour fou avant même de penser au sexe.

Et me voilà en train d'allumer un mec au beau milieu de dizaines de personnes. Et franchement, je me sens juste puissante, conquérante, sûre de moi comme jamais. Sentir que j'ai ce pouvoir sur un homme est juste euphorisant. Ça et la dose d'alcool qui m'a à coup sûr complètement désinhibée. Je passe ma langue sur ma lèvre d'une manière si suggestive que c'est lui qui cède et fond sur ma bouche. Je ferme les yeux sous l'impact de ce baiser passionné. Sa langue se fraie un chemin de force. Je suis surprise, mais je me laisse faire. J'avoue que je ne m'entendais pas à ça. Ce n'est pas aussi bon que dans mes souvenirs. Et surtout ce n'est pas Nathan. Ni même Christian.

Je le repousse, complètement perturbée par les pensées qui viennent de traverser mon esprit. Je suis à bout de souffle, je sens la nausée venir me comprimer la cage thoracique. Ses sourcils se froncent et il me sort sèchement.

- Quoi ? Il y a problème ?

- Je suis désolée... je... ne me sens pas bien.

Je me détourne et pars vers les toilettes, en titubant. Il me rattrape et m'oblige à me retourner.

- Arrête de me prendre pour un idiot. Tu m'allumes et maintenant, tu veux te tirer !

Il a l'air franchement en colère. Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Nathan et maintenant Christian. Quand est-ce que mon cerveau comprendra qu'il ne faut pas s'accrocher à des mecs inaccessibles.

- Je ne te prends pas pour un idiot. J'ai envie de vomir.

- C'est ça, répond-il, sur un ton acerbe. Tu n'es qu'une petite pute qui n'assume pas son comportement.

Mes yeux s'arrondissent et ma main part toute seule. Le bruit de la gifle qu'il se prend retentit autour de nous. Quelques danseurs se retournent, intrigués par le drame qui se joue. Je reste interdite devant ma réaction. Le mec, à la main sur sa joue, commence à virer au rouge.

- Putain, je vais t'étriper.

Je fais un pas en arrière devant son agressivité, mais il est plus rapide et m'attrape le bras. Il est fort et sa prise me fait mal.

- Lâche-moi !

- Pas avant que tu ne te sois excusée, vocifère-t-il.

- Tu viens de me traiter de pute et tu veux que je m'excuse. Je préfère crever.

- Dans ce cas, je vais t'apprendre à respecter les autres.

Son visage est venu se coller au mien, mais il n'a plus rien d'excitant. Il me fait juste peur. Alors que je sens que la situation est sur le point de dégénérer, quelqu'un le tire en arrière, l'obligeant à me lâcher.

- Tu vas lui foutre la paix ou je vais m'occuper de toi personnellement.

Tony tient ce salopard par le col. Son regard de tueur n'a pas l'air d'impressionner cet imbécile.

- Sinon quoi, connard ?

- Sinon j'appelle les flics et je te colle un procès au cul, du con. Tentative d'agression, tu connais jusqu'où ça va chercher ? Moi oui, vu que c'est mon boulot.

Les deux se jaugent, puis le brun finit par céder, non sans me traiter de tous les noms d'oiseaux qu'il doit connaitre. Il est loin mais je ne me sens pas pour autant mieux. Je me sens juste sale, nulle et encore plus merdique qu'avant. Les larmes me montent aux yeux. J'ai envie de m'enterrer sous une tonne de couettes et de me laisser mourir. Josie vient me prendre dans ses bras, mais je ne réagis même pas.

- Pourquoi je suis aussi nulle, Jo ? qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?

- Oh ma chérie, ça n'a rien à voir avec toi. C'est juste que tu tires les mauvais numéros.

- Eh bien, j'en ai marre de toujours tomber sur des mecs qui me font du mal.

Les larmes se sont mises à couler et je renifle bruyamment.

- Je veux rentrer chez moi.

- Je te raccompagne, enchaine-t-elle.

- Non, pas la peine. Je vais appeler un taxi. J'ai juste envie de prendre une douche et de dormir.

Josie acquiesce, sans rien ajouter. Tony, qui a suivi l'autre, revient à ce moment-là.

- C'est bon, il est parti. Non mais quel con ! Il croyait quoi là ? qu'il allait pouvoir poser la main sur toi ?

J'ai presque envie de rire. Tony, mon chevalier servant. Malheureusement, il est déjà pris et par ma meilleure amie. Putain ce que je l'envie, là, tout de suite. Je le prends dans mes bras et le sers le plus fort que je peux.

- Merci, tu es mon héros.

- C'est la moindre des choses, Grumpy. Josie tient à toi et moi aussi. Jamais je ne laisserai qui que ce soit te faire du mal.

Je lui souris tendrement, en me remémorant la colère non dissimulée qui l'habitait quand Nathan m'avait laissée tomber. Je le crois sur parole. Cet homme est en or. Et Josie est vraiment chanceuse de l'avoir à ses côtés.

Après un dernier au revoir, je me laisse tomber sur le siège du taxi, marmonne au chauffeur mon adresse et laisse mon regard se perdre dans le paysage. Bientôt mes larmes refont surface. C'est seule, l'âme déchirée, que je retourne chez moi, dans cet appartement qui ne m'a jamais paru aussi vide. 

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