Chapitre 20

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Christian m'entraine à sa suite dans la petite chambre. L'air est encore saturé d'encens, mais je commence à apprécier cette odeur. Il se plante au milieu de la pièce, me fixe un instant avant de déclarer très sérieusement :

- Nous allons changer un peu. Aujourd'hui, je voudrais que ce soit toi qui prennes les rênes.

Je le dévisage, cherchant l'humour sous-jacent.

- Comme ça prendre les rênes ?

- Tu choisis la musique, tu me dis quoi faire. Je suis entièrement à ta disposition.

Oh bordel de merde, Christian, ne fais pas de telles promesses. Je risque d'envoyer se faire foutre toutes les règles à la con qui tu as établi. Je laisse mon esprit divaguer et ce n'est franchement pas une bonne idée. Arrête de t'emballer. Il ne s'agit pas de passer à la vitesse supérieure, juste d'inverser les rôles.

Pour éviter à mon cerveau de partir en vrille, je me détourne de lui pour me diriger vers l'enceinte. J'attrape le baladeur mp3 et fais défiler la playlist. Je tombe enfin sur un morceau qui me parle et le lance. La voix chaude et trainante de Etta James se diffuse dans la pièce.

- Du jazz ? choix intéressant.

- Mes parents adoraient danser sur cette chanson. Quand j'étais petite, je les admirais. Ils étaient tellement beaux. Je rêvais de trouver un jour quelqu'un avec qui partager un amour comme ça.

Et j'avais cru un moment l'avoir trouvé, mais je m'étais lourdement trompée. Je lève les yeux vers lui et son regard triste est de retour. Je me mords la lèvre en me rendant compte de ma bourde.

- Je suis désolée.

- De quoi ? cette chanson est magnifique. Tu as fait un très bon choix.

Il se rapproche de moi, attrape mes mains et me tire vers lui jusqu'au lit. Debout l'un en face de l'autre, les doigts entrelacés, avec cette chanson aux tonalités si romantiques, je me rends compte qu'au contraire, c'est une très mauvaise idée. Au lieu de me détacher de mes sentiments, ils ne font que se renforcer. Ma gorge se serre, ma respiration devient plus difficile. Christian replace une de mes mèches de cheveux derrière l'oreille.

- Lâche prise. Ferme les yeux.

Sa main se cale dans le creux de mes reins. Doucement, nous commençons à nous balancer sur le rythme lent de la musique. Ça fait bizarre de danser tout contre lui, mais c'est très agréable. La chanson se termine et enchaine sur une autre, beaucoup plus langoureuse. Mon regard croise le sien et je me dis que c'est le moment où jamais sinon je risque de m'enfuir à toutes jambes car je sens que je suis de plus en plus submergée par une foule d'émotions.

Je le fais reculer jusqu'à ce que ses jambes butent contre le bord du lit et le pousse légèrement pour qu'il y tombe. Son corps atterrit dans un bruit sourd et me voilà avec un apollon à mes pieds. Je ne sais pas vraiment comment réagir. Je n'ai jamais été dans cette situation. J'ai toujours eu l'habitude de me laisser guider. Et voir qu'on me laisse le choix, je me sens un peu dépassée. Je repense à ses paroles. Toujours me calquer sur la réaction des autres ne m'a jamais rien apporté de bon. Autant essayer l'autre manière.

Alors j'ose ce que je n'aurais jamais pensé. Je grimpe à califourchon sur lui. Ses mains viennent naturellement se poser sur mes hanches. Les miennes hésitent. Mes yeux cherchent par où commencer. Son visage, ses bras, son torse. J'aimerais pouvoir parcourir de mes doigts sa peau dorée, l'effleurer juste un peu, sans que quoi ce soit se mettre entre lui et moi.

- Enlève ton tee-shirt.

Christian fronce subrepticement les sourcils. Merde, je suis peut-être allée trop loin. J'inspire profondément pour rassembler mes esprits, prête à faire machine arrière. Mais encore une fois, il me surprend en se redressant. Sa bouche est maintenant si proche que j'en ai le souffle coupé. Ses mains quittent mes hanches pour saisir le bas de son vêtement et le faire passer par-dessus sa tête. Durant quelques secondes, il reste là, à fixer mes lèvres. Je ne sais pas si c'est la musique ou ce changement d'approche, mais je me suis encore plus à fleur e peau.

Il se rallonge, sans avoir prononcé le moindre mot, plongeant son regard dans le mien. Ses doigts reprennent leur place. Je suis obligée d'entrouvrir les lèvres pour reprendre ma respiration. Je crois bien que je vais suffoquer ou mourir par combustion spontanée. Mes mains se lèvent mais restent en suspens, hésitant à se poser sur ce corps offert à mes caresses.

- Arrête de réfléchir. Fais ce dont tu as envie. Tu connais les limites. Du moment que tu ne les transgresses pas, le reste est à toi.

Il ne se rend pas compte des efforts que je fais pour me limiter. Je ne rêve que de me laisser aller, mais je sais que ce n'est pas possible. Alors je me fais violence pour me contenir du mieux que je peux. Mes doigts effleurent la courbe de ses pectoraux, en dessinent les contours. C'est presque comme si je façonnai une statue à l'effigie de mes fantasmes les plus inavouables. Parcourir ce qui m'était interdit il y a si peu de temps me galvanise. Je me penche sur lui, glisse mon nez dans son cou, inspire profondément pour m'enivrer de son parfum. Mes doigts continuent leur exploration, s'aventurent à la lisière du domaine interdit. Je sens ses muscles se contracter à mon passage et j'en redemande. Alors que la dernière fois, je m'étais sentie tellement misérable devant son absence de réaction. Je me réjouis de voir qu'il est tout de même un peu réceptif à mes caresses.

Je prends appui sur ses biceps et commence à onduler contre lui. C'est grisant, presque immoral, mais tellement excitant. Ses mains posées sur mes hanches se contentent de m'accompagner. Je suis seule aux commandes. Je prends ce que je veux, je profite de cet instant pour me gaver de lui. Une dernière fois. Mes murmures se muent en gémissements. Je n'ouvre plus les yeux pour ne pas chercher quelque chose dans ses yeux. J'ai bien trop peur de ce que je pourrais y trouver. Sa main vient me caresser la joue, glisse sur ma mâchoire, touche ma lèvre. Je lui saisis le poignet pour l'empêcher de la retirer. Ma bouche se referme sur son pouce et le suce avec appétit. Il a un goût salin, celui de l'océan, du soleil, du plaisir. Un grognement rauque vient briser ma concentration.

J'ouvre les yeux et tombe sur son visage.

Une expression indéfinissable entre la surprise et le désir magnifie ses traits. Je suis moi-même stupéfaite devant sa réaction. Je sens son corps se tendre et durcir entre mes cuisses. Putain de merde. Ne me dites pas que... Ses yeux s'écarquillent. Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il me jette de l'autre côté du lit et se met debout dans un même mouvement. Sa respiration est saccadée. Je vois ses larges épaules monter et descendre à un rythme effréné.

- Je suis désolé... ça n'aurait jamais dû se produire. Ce n'est absolument pas professionnel de ma part.

Mon cœur se serre, même si ma libido fait des bonds de kangourou. Je me sens flattée pour avoir su lui faire de l'effet, mais je m'étais imaginée qu'on était passé à autre chose, qu'on était au-delà de ça. Christian ne se retourne pas, il est comme figé. Je ne sais pas ce que je suis sensée faire à présent.

- Je crois qu'il vaut mieux que tu partes. Il faut que je... On en reparlera plus tard.

Il sort précipitamment et claque la porte derrière lui.    

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