Chapitre 22

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Quand Mike disparait enfin, Josie tire sur ma bretelle et la fait claquer sur mon épaule. Je sursaute et l'injure copieusement.

- Mais qu'avez-vous fait de ma meilleure amie ?

- Putain, Josie, tu me saoules. C'est quoi ton problème ?

- Depuis quand tu te laisses draguer et en plus par Monsieur je saute sur tout ce qui bouge ?

Je hausse les épaules.

- Il ne voulait pas me laisser passer. Il fallait bien que je trouve un moyen pour entrer. Et puis, ce n'est qu'un cours.

- Mouais. Avant, tu l'aurais traité de tous les noms d'oiseaux que tu connais, jusqu'à ce qu'il te laisse passer, juste pour que tu arrêtes de parler.

- Et alors ? il m'a laissé passer, non ? c'est tout ce qui compte !

Josie me toise, un rictus moqueur sur les lèvres.

- Tu as changé, ma chérie. Et en bien. Il faudra vraiment que j'offre un truc hyper cher à ton Christian. Tu crois qu'il accepterait une montre water-résistant, comme celle de Tony. Je suis sûre qu'il doit toujours être dans l'eau. Un corps comme le sien a été façonné par l'océan. Il n'y a pas de doutes.

- D'abord, ce n'est pas « mon » Christian, râlé-je. Et arrête de baver sur lui. C'est pitoyable.

- Ah ! Je me disais aussi. Miss Grumpy n'a pas tout à fait disparu.

Je croise les bras et grogne à son attention. Elle n'énerve. Son intérêt soudain pour le corps d'apollon de Christian m'agace. Même si ce n'est pas « mon » Christian, j'éprouve une certaine possessivité à son égard. Complètement débile, je sais.

- Alors tu craches le morceau ? c'est quoi le souci avec Mister Beau gosse ? Tu n'as pas réussi à lui demander, c'est ça ?

- Bien sûr que si. On l'a même refait. Il y a une demi-heure. Je t'ai dit que je le ferais.

Josie pousse un petit cri strident et tout le monde tourne la tête vers moi. Je la tire par le bras pour la faire taire.

- Mais t'es une grande malade, toi ! La discrétion, tu ne connais pas ?

- N'essaie pas de changer de sujet. Je veux tout savoir.

Je grimace. Les ennuis commencent.

- Alors par où commencer ?

- Quand vous êtes tout nus dans le lit !

- Mais n'importe quoi ! on n'a pas fait ça, réponds-je, du tac au tac, rouge comme une pivoine.

- Oh ! vous n'avez toujours rien fait. Moi qui me faisais une joie !

- Obsédée.

- Comme si tu n'en rêves pas depuis la première fois où il t'a fait prendre ton pied.

Ma bouche s'ouvre et se referme. Elle me fait chier quand elle a raison. Voilà ce que ça me rapproche de me confier.

- Ce n'est pas de ça que je veux te parler...

Je chercher désespérément mes mots. Comment lui expliquer la situation ?

- En fait, je ne sais pas trop comment aborder le sujet. Moi-même j'ai du mal à comprendre, vu sa réaction.

- Non ! ne me dis pas que tu lui as sauté dessus pour lui arracher ses vêtements et qu'il a pris peur.

Je lève les yeux au ciel devant son état hilare.

- J'essaie de te parler de quelque chose de sérieux et de compliqué. Et toi tu fais de l'humour.

- Ok, d'accord. J'arrête. Vas-y, déballe comme ça vient.

Je prends une grande respiration et me lance.

- Pour être honnête, je n'avais pas l'intention de prendre ce fichu rendez-vous. Toute cette situation est trop compliquée. Je voulais juste aller au cours et te faire croire que tout s'était bien passé. Et comme ça, j'aurais pu tirer un trait là-dessus.

- Quoi ? tu voulais me mentir ? à moi, ta meilleure amie, ta quasiment sœur ? Je suis choquée, outrée que tu...

- Josie, la ferme.

Elle reste la bouche ouverte, mais rien n'en sort. Très bien, je vais pouvoir parler.

- En fin de compte, il m'a invité à venir chez lui pour discuter un peu. Il parait qu'il t'a contactée. Mais ça, tu ne m'en as pas parlé, n'est-ce pas ?

- Mensonge par omission. Je jure.

Je plisse les yeux devant son air faussement innocent.

- Donc, il voulait qu'on parle de ma mauvaise rencontre au bar. Il m'a parlé de lui, qu'avant lui aussi avait été un connard et qu'il ne fallait pas que je me prenne la tête à cause d'un abruti pareil.

Josie ouvre la bouche, prête à lâcher un flot de paroles, mais je la stoppe en levant la main.

- Et une chose en entrainant une autre, il m'a proposé de faire une autre séance.

- Nous y voilà !

Elle est accoudée à la machine, les yeux rivés sur moi. Je crois que j'ai toute son attention.

- Il a voulu que ce soit moi qui mène la danse. Et je t'avoue que ça m'a franchement déstabilisée.

- J'imagine bien. Je t'ai toujours dit qu'avec Nathan, c'était bancal de ce côté-là. Il ne te laissait jamais choisir le moment, le lieu ni même la position. Tout était trop planplan. Un vieux couple dans le mauvais sens du terme.

Je la fusille du regard.

- D'accord, je la ferme et j'écoute. Compris, chef !

- Bref, tout se passait bien. J'avais réussi à me détendre et à prendre les commandes. Jusqu'au moment où tout est parti en vrille. Je crois que j'ai fait quelque chose que je n'aurais pas dû parce que ça l'a complètement retourné et il s'est barré sans plus d'explication.

- Bon sang, mais qu'est-ce que tu as fait ? tu lui as mis la main sur son service trois pièces ou quoi ?

Je secoue la tête, dépitée.

- J'ai juste sucé son pouce. Ce qui a provoqué une réaction de son service trois pièces justement. Et après il s'est barré.

- Bordel de merde ! lâche Josie.

- Comme tu dis.

Nous restons un moment à nous regarder. J'ai l'impression de voir les méninges de Jo s'agiter dans tous les sens. Une ride s'est formée entre ses sourcils. Celle qui veut dire qu'elle réfléchit à un plan d'action, qui est souvent à double tranchant quand il me concerne. Alors j'attends avec appréhension sa décision.    

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