Un bruit horrible train lancé à toute vitesse me fait sursauter. Je tente de me redresser pour savoir d'où peut bien provenir ce bruit affreux, mais j'ai à peine levé la tête que mon crâne se rappelle à mon bon souvenir.
- Debout, marmotte.
Je grogne en entendant la voix de Josie encore plus aiguë qu'à l'accoutumée. Mes yeux s'entrouvrent et je les referme aussi sec.
- Soleil !
Ma voix pâteuse est digne d'un chanteur métalleux à la sortie d'un concert. Merde ! j'ai abusé hier soir. Des bruits de talons qui claquent sur le carrelage de mon salon me vrillent les tympans. Je me demande même s'ils ne sont pas en train de saigner. Jamais eu une cuite aussi monumentale. D'un mouvement brusque, ma protection de fortune contre les agressions solaires – le plaid de mon canapé – est retirée, m'exposant à une mort certaine.
- Josie ! Non ! pesté-je en tentant de la reprendre à l'aveugle.
- Oh non ! Tu n'as pas remis ça !
- Quoi encore ?
Tout en protestant, je me retourne et sens un liquide visqueux couler sur ma poitrine. Immédiatement, mes yeux s'ouvrent en grand. Et là, je constate les dégâts. Ma tenue – la même qu'hier – est recouverte d'un mélange brunâtre. Merde ! je saisis du bout des doigts le pot dont s'échappe la substance incriminée et le pose par terre.
- Tu t'es encore goinfrée de crème glacée et de films cul-cul la praline, c'est ça ?
Je me contente de grogner, tout en me redressant avec la plus grande peine du monde. Je tangue encore et j'ai la gerbe. Josie s'accroupit devant moi et plante son regard chocolat dans le mien.
- Non mais regarde-toi ! Tu crois vraiment que te mettre dans des états pareils va arranger les choses ?
- Laisse-moi mourir en paix. De toute façon, je vais finir vieille fille entourée de centaines de chats, qui vont finir par bouffer mon cadavre.
Josie lève les yeux au ciel et m'attrape la main, m'obligeant à me mettre debout.
- Allez, hop ! A la douche ! Tu pues le chat écrasé justement.
Ma position verticale est plus que bancale et je suis contrainte de prendre appui sur le fauteuil pour ne pas tomber à la renverse. Jo me lance un regard réprobateur et me tend son bras.
- Prends appui sur moi, mais pas de glace sur mon top. C'est clair ? Sinon ça va barder.
- Oui maman, ricané-je.
Mauvaise idée. Rire n'est vraiment conseillé quand à la gueule de bois, s'associe une crise de foie monumentale. Je me traine – enfin Josie me traine – jusqu'à la salle de bains, où elle me fout toute habillée sous un jet d'eau froide. Après avoir poussé un cri strident et injurié sa mère et tous ses ancêtres, je suis maintenant parfaitement réveillée. Malade, mais réveillée. Je m'extirpe de la douche et retire mes vêtements gorgés d'eau. Jo me balance une serviette à la figure.
- Cette crise de boulimie va avoir des répercussions sur ta ligne, chérie.
- J'emmerde ma ligne. D'ailleurs, je vais arrêter de manger des légumes. Je vais me gaver de chocolat, de crème glacée et autres cochonneries jusqu'à en crever.
- Mais bien sûr ! Allez, sèche-toi et va t'habiller, Madame Cro-Magnon. Il est presque midi. Je t'emmène déjeuner et purger ton organisme par la même occasion.
Soudain, un coup de froid traverse mon corps. Midi ? mais quel jour sommes-nous ?
- Merde ! mon taf !
Josie secoue la tête, dépitée.
- Ne t'inquiète pas. Je les ai déjà appelés et je leur ai dit que tu étais malade. La gastro. Ce qui n'est pas tout à fait un mensonge, vu ton état.
- Merci, Josie.
Je baisse la tête, déprimée par mon attitude. Heureusement qu'elle est là pour sauver ce qui reste de ma pauvre vie.
Allez,viens. Tu as besoin de te changer les idées. Allons faire un tour dans ce resto que tu aimes bien.
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Love Therapy
RomanceEtre célibataire plus de deux ans, ce n'est pas un crime, non ? Mais ma meilleure amie ne semble pas de mon avis. C'est pourquoi elle multiplie les tentatives pour me caser, ou du moins me pousser à m'envoyer en l'air. Sa dernière trouvaille, une th...