Chapitre 27

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J'arrive en avance au rendez-vous. J'ai besoin d'une coupe triple chocolat pour assurer mes arrières. J'aurais bien opté pour de l'alcool. Ça m'aurait détendu, c'est certain, mais je risque de perdre mon filtre. Ça, ce serait une catastrophe. Note à moi-même : ne jamais boire en présence de Christian.

J'ingurgite la première bouchée avec gourmandise. Le chocolat, c'est vraiment orgasmique. De quoi calmer un peu mes ardeurs. Enfin, j'espère.

Je regarde l'heure fébrilement. Il est presque 20 heures. Pourvu qu'il ne traine pas trop, j'ai les nerfs en pelote. Même ma glace préférée n'y a rien fait. Je tape la cuillère contre le récipient de verre. Je fixe la porte, m'attendant à tout moment de le voir la franchir. Je tire nerveusement sur le bas de ma robe. Josie m'a fait jurer que j'en mettrais une. Elle m'a même obligé de lui envoyer un selfie depuis le glacier pour être sûre que je tiendrais parole. Comme si c'était mon genre de mentir... bon, d'accord, j'ai failli le faire la dernière fois quand j'ai vu Christian. Mais quand même, on doit toujours avoir confiance en sa meilleure amie.

Soudain, un tintement caractéristique me fait tourner la tête. Le voilà. Il vient de franchir la porte et il est à tomber. Jusqu'à présent, je l'ai toujours vu en vêtements décontractés, mais là il s'est habillé pour sortir. Et ça devrait carrément être interdit par la loi. Pour la préservation du cœur de la gente féminine qui pourrait croiser son chemin. Arrivé à ma hauteur, il me gratifie d'un doux sourire, comme à son habitude. Doux et ensorcelant.

- Bonsoir Michelle.

Comme si quelqu'un venait de me foutre un coup de taser aux fesses, je me redresse d'un coup. Me voilà debout, face à lui, ne sachant quoi faire. Ça commence à devenir une habitude.

- Bonsoir.

Nous nous regardons un instant, sans rien dire. Juste son regard plongé dans le mien. Je me liquéfie petit à petit. Mes jambes se dérobent sous mon poids et je prends la sage décision de m'asseoir. Christian m'imite.

- Tu as déjà commandé ?

Non mais quelle idiote impolie je fais.

- En fait, j'avais faim...

Et morfal par-dessus le marché.

- Et tu as pris quoi ?

- Coupe triple chocolat.

- J'adore le chocolat. Tu permets que je goûte ?

Après un hochement fébrile de la tête, je lui tends une cuillerée. Il la saisit et la porte à sa bouche. C'est la vision la plus érotique que je n'ai jamais vu de ma vie. Je ferme les yeux pour m'en détacher mais rien à faire, c'est imprégné dans ma rétine. De quoi faire des rêves sensuels pour toute la semaine. Et pour finir de m'achever, il émet un grognement rauque de satisfaction.

- Excellent. Je crois que je vais commander la même chose.

Le serveur passe à ce moment-là, prend la commande et repart. Nous voilà de nouveau en train de nous fixer. La soirée promet d'être longue s'il se contente de me regarder. Et je ne pourrais pas tenir aussi longtemps sans lui sauter dessus. Il faut que je me lance et que je brise la glace.

- Tu as eu assez de temps pour réfléchir ?

Je sais, c'est abrupt, mais c'est tout ce que je peux dans mon état actuel. Il rompt le lien en baissant les yeux. Je me mordille la lèvre en me disant que j'y suis peut-être aller un peu fort.

- J'avais besoin de faire le point avant de te revoir.

- Je vois... et alors ?

Il se racle la gorge et relève les yeux vers moi.

- Avant tout, je dois te présenter mes excuses. Ce qui s'est passé... j'ai encore du mal à comprendre. Mais surtout, mon attitude par la suite était incorrecte par rapport à toi.

Aïe, ça s'annonce mal. S'il m'avoue qu'il ne sait pas pourquoi son engin a réagi au quart de tour, c'est qu'il n'éprouve aucune attirance pour moi. Ça me fiche un coup au cœur.

- Michelle, je ne veux pas que tu t'éloignes de moi à cause de ça. J'ai envie qu'on continue de se voir.

J'ai du mal à réprimer un sourire idiot qui pointe son nez.

- Moi aussi, j'aime être avec toi.

Merde ! qu'est-ce que j'ai dit ? idiote, idiote, idiote ! Christian me sourit de nouveau. Je le vois se détendre. Bon, je n'ai pas fait une aussi grosse boulette que je croyais.

- Je tiens à toi, murmure-t-il.

Mon estomac fait un bond et vient percuter mon palpitant qui va bientôt imploser.

- J'ai envie qu'on continue de se voir, mais pas dans un cadre professionnel. Tu comprends ce que je veux dire ?

Toute ma salive s'est fait la malle au pire moment. Sa main se pose sur la mienne et je tressaute sans le vouloir. A tous les coups, c'est un putain de rêve dont je vais me réveiller avant qu'il n'ait le temps de poser les lèvres sur moi, chanceuse comme je suis.

- Tu es quelqu'un d'exceptionnel, une fille hors du commun. Avec toi, j'arrive à parler sans arrière-pensée. Tu ne me juges pas. Tu m'écoutes. Rien à voir avec toutes celles que je côtoie depuis que je suis revenu ici.

Mes mains deviennent moites. Bordel, si ce n'est pas un rêve, je vais devoir aller à la messe pour le prochain mois parce que Dieu est en train de réaliser mon vœu le plus cher.

- Michelle, ton amitié m'est très précieuse. Alors, je t'en prie, pardonne-moi.

Oh putain de douche froide ! Mes oreilles se mettent à bourdonner. Une amie. Il veut juste qu'on soit amis. Non, mais sérieusement, je croyais quoi ? Depuis le début, il s'est montré amical et rien d'autres. Et là, je pensais qu'une simple réaction physiologique allait changer quelque chose. Il n'est pas attiré par toi, bougre d'idiote.

Le serveur choisit ce moment-là pour venir apporter sa commande. Christian plonge avec envie sa cuillère dans la glace et en avale une grosse bouchée.

- Elle est vraiment excellente. Tu as très bon goût.

Je baisse les yeux, troublée. Des goûts de merde, oui ! A choisir toujours les hommes qui ne me sont pas destinés. Pour réprimer une envie soudaine de pleurer, je me jette sur ma coupe. Compenser mes états d'âme par la bouffe, c'est mal, je sais, mais parfois il est bon d'oublier ce genre de conneries diététiques. Je me rattraperai demain avec mon cours de sport.

A cette idée, je laisse, un instant, ma cuillère en suspens. Toujours te laisser une deuxième option. Josie doit avoir un don de voyance. Ou peut-être n'était-elle pas aveuglée par le beau blond assis en face de moi. Pas comme moi. J'ai l'estomac en vrac, mais je dois l'admettre à présent. Je m'étais fourvoyée à son sujet. Aucune chance qu'il pense à moi, autrement que comme une amie.

-    Michelle... Parle-moi.    

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