Chapitre 49

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De l'autre côté de la ligne, je l'entends s'étouffer avec ce qu'elle devait sûrement grignoter tout en m'écoutant.

- Quoi ?

- Tu as très bien entendu. Ne m'oblige pas à me répéter.

Après cette révélation choc, Josie laisse un grand blanc avant de lâcher.

- Où ? Quoi ? Comment ? Je veux tous les détails.

Ben tiens ! Ça m'aurait étonné aussi. Elle ne me laisse aucun répit, m'assomme de milliers de questions et de cris hystériques, à tel point où les gens, assis à côté de moi, me regardent bizarrement. Au bout d'un quart d'heure d'interrogatoire poussé qui m'a obligé à chuchoter pour lui confier les détails croustillants, elle a fini par conclure sur un ton un peu réprobateur.

- Je sais qu'on en a déjà parlé mais je te le répète. Ce genre de comportement ne te ressemble pas. Tu vas t'en mordre les doigts. Surtout que là, les choses sont différentes. Il s'agit de Christian. Le mec sur lequel tu as craqué.

Je soupire bruyamment avant de marmonner.

- Jo, s'il te plait...

- Je ne dis pas ça pour te culpabiliser ou quoi que ce soit d'autre, mais je n'ai pas envie de te ramasser à la petite cuillère.

Pas encore une fois. Mais elle s'abstient de le préciser et je l'en remercie. Une histoire compliquée à la fois. Je sais qu'elle a raison, mais je préfère garder mes œillères ou mes espoirs un peu fous. Tout dépend du point de vue.

- Bon, il faut que je te laisse. J'ai un dossier à boucler avant 18 heures et je n'ai pas beaucoup avancé.

- Prends soin de toi, ma chérie. Tu sais à quel point je t'aime. Et si le blondinet abîme ton petit cœur, je viendrai lui broyer les parties avec mes talons préférés.

Je laisse échapper un petit rire avant de raccrocher. Josie a réussi à me redonner la pêche. Je vais l'employer pour rattraper mon retard. Pas le temps de prendre un dessert, je file au bureau pour me remettre au travail.

Dix-neuf heures à la salle de sport. Je m'accoude à l'accueil. La coach de permanence me sourit et m'indique l'étage du dessus quand je lui demande où est Mike. Dans son regard, j'ai cru voir un éclat de malice. J'ai comme l'impression que tout le staff est au courant de nos ébats dans son bureau. Je crois que je ne vais plus savoir où me mettre. Je gravis rapidement les marches pour rejoindre mon entraîneur. Quand j'arrive en haut, je le trouve en pleine discussion avec une fille. Vu sa posture et la distance restreinte entre eux, il est évident que je ne vais pas lui manquer. Tant mieux, je me sentirai moins coupable.

- Salut.

Il se retourne et me fait un grand sourire.

- Tu es enfin arrivée !

- Je suis à l'heure, me moqué-je.

- Tu me laisses deux minutes, le temps de raccompagner Olivia ?

- Evidemment ! Prends ton temps. Je vais m'échauffer.

Il me gratifie d'un clin d'œil avant de se tourner vers la brune. Décidément, ce mec bouffe à tous les râteliers. Je secoue la tête en le regardant mater le cul de la fille qu'il a laissé galamment passer devant lui. Quelques minutes plus tard, il réapparaît tout sourire dans la salle qui m'est réservé.

- Merci, tigresse, pour ta patience. Cette cliente avait besoin de conseils.

- Je suppose que tu lui as parlé d'exercices de renforcement des fessiers, vu où tes yeux traînaient quand elle descendait à l'accueil.

- Tu me fais une crise de jalousie ?

- Ce serait vraiment malvenu de ma part.

Mike prépare les poids, tandis que je m'installe sur le banc. Son sourire espiègle ne le quitte pas.

- Alors vous avez conclu ?

Je me redresse pour l'observer. Aucune animosité dans le regard, juste de la curiosité. Je hausse les épaules et m'installe sous la barre, prête à commencer l'entrainement.

- Ça va changer quelque chose pour toi ?

- Forcément. Si vous avez couché ensemble, je vais perdre ma petite lionne.

Je pouffe et manque de me faire écraser par les poids. Mike me vient en aide en soulageant la charge.

- Ce n'est pas gentil de vouloir me tuer.

Il se contente de sourire. Son regard se fait un peu trop insistant et je finis par détourner les yeux, avant de rosir.

- C'est vraiment dommage. On s'amusait bien tous les deux.

- Et pourquoi crois-tu que je vais arrêter de te fréquenter ? tu te tapes bien d'autres filles, toi.

Il se penche vers moi avant de susurrer.

- Parce que ce petit jeu n'est pas fait pour une fille comme toi.

Je ne réponds pas. Ça commence à m'agacer que tout le monde me dise ça. Une fille comme moi, une romantique, une fille bien. Pourquoi dois-je rentrer dans une case ? pourquoi n'aurais-je pas droit de changer, d'avoir un coup de folie moi aussi ? ce qui s'est passé entre nous, j'ai aimé ça. C'était simple, sans prise de tête. Et j'ai envie que ce soit pareil avec Christian. Bon d'accord, j'avoue que ce qu'il y a entre Christian et moi, ce n'est pas la même chose. Et me contenter d'un seul homme me plait davantage. Mais, lui, va-t-il en faire autant ? le doute m'envahit soudain.

Etre sex friends n'équivaut pas à la monogamie. Si jamais il croise le chemin d'une fille qui lui plait, il peut très bien décider de coucher avec elle. Il ne me doit rien. On n'est pas en couple. Ce constat me file la rage et je la canalise tant bien que mal dans les exercices de muscu. Quand l'heure se termine, je suis épuisée, j'ai les membres qui ont la tremblote.

- Tu t'es donnée à fond ce soir. C'est impressionnant. C'est lui qui produit cet effet-là sur toi ?

- On va dire ça, marmonné-je.

- J'espère qu'il a conscience à quel point il a de l'impact sur toi. Après, il faudrait être aveugle pour ne pas comprendre que tu en pinces pour lui.

Je me fige dans mon mouvement. Si Mike a pu constater ça, c'est que ça doit vraiment se voir. Ça n'arrange pas mes affaires. Je dirais même que ça risque de tout foutre en l'air. Me mentir à moi-même, c'est une chose, mais réussir à le persuader s'en est une autre si mon corps me trahit en permanence. Il va falloir que j'apprenne à canaliser ma mauvaise humeur et mon enthousiasme concernant sa petite personne.

Quelque chose qui devait être simple vient de se complexifier d'un coup. Mais je vais tout faire pour y arriver. Et qui sait, à force de traîner ensemble et de partager des moments intimes chauds bouillants, peut-être réussirais-je à le faire changer d'avis.    

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