Chapitre 62

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Je reste là, à fixer cette porte, en me demandant si je ne suis pas en train de cauchemarder. Je sens encore ma bouche de Jared posée sur moi. Ma main vient presser mon ventre, réprimant une nausée. Je m'enfonce un peu plus dans la pénombre de la pièce quand quelque chose me frôle l'épaule. Je ne peux réprimer un petit cri apeuré. Mon cœur bat si fort que mes oreilles en bourdonnent. Je me sens désorientée, perdue. Ce qui m'a fait sursauter à en toucher le plafond n'est qu'une veste suspendue. Je regarde autour de moi. Je suis dans une sorte de vestiaire. Un grand placard où sont rangés les affaires des employés. Quelques casiers forment une sorte de cloison séparant le cagibi en deux parties. Je me pose contre le mur et me laisse glisser au sol.

J'entoure mes genoux de mes bras et y dépose la tête. Il faut que je retrouve mon souffle, que je calme mon rythme cardiaque. Mais rien n'y fait. Je suis incapable de me contrôler. Les larmes commencent à rouler sur mes joues et viennent tâcher ma robe. Mes épaules sont secouées de sanglots. Pourquoi je pleure ? A cause de Jared et de ce qu'il a tenté de faire ? ou de la réaction de Christian quand il m'a vu approcher ? Tout est bien trop confus et mon cœur bien trop lourd pour que je le sache vraiment. J'ai juste besoin d'évacuer tout ça en laissant s'exprimer mon chagrin.

J'entends la porte s'ouvrir et se refermer, mais je ne bouge pas. Je n'essaie même pas de réprimer ma peine. Qu'importe la personne qui vient de rentrer, je ne veux pas la voir ni l'entendre. Je veux juste qu'on me laisse pleurer tout mon saoul. Des pas se rapprochent de moi puis s'arrêtent. Je devrais lever les yeux. Je devrais. Une grande main chaude et compatissante se pose sur mon épaule.

- Il t'a fait du mal ?

Ma tête se redresse et mon cœur respire enfin. De beaux yeux vert jade m'examinent avec inquiétude. Ce regard dont je suis tombée amoureuse, qui m'a fait vibrer, qui m'a redonné confiance. Sans réfléchir, je me précipite dans ses bras et pleure de plus belle. Doucement, il me caresse le dos. Je me retrouve des semaines en arrière, quand, pour la première fois, j'avais fondu en larmes tout contre lui. Je me dis qu'en fin de compte, il n'a pas totalement disparu, que tout ça n'est rien, qu'il est toujours là, près de moi, chaleureux, doux et bienveillant. Je voudrais ne pas avoir à me détacher de lui, à rester ainsi durant des heures, mais le sifflement, qui lui échappe quand je ressers mon étreinte, m'oblige à m'éloigner un peu. C'est à mon tour de l'observer. Sa lèvre est abimée et au coin de son œil, un hématome est en train de se former. Mon doigt vient caresser avec précaution sa bouche meurtrie. Je fixe ses lèvres, hypnotisée par la petite coupure que j'aperçois sur le bord.

Christian s'est figé. Nous sommes tous deux l'un en face de l'autre, à se regarder sans rien dire. Ma main quitte sa bouche pour longer sa mâchoire jusqu'à sa pommette qui bleuit à vue d'œil. Il grimace quand mes doigts l'effleurent mais il ne dit rien et me laisse faire. Je ne peux m'empêcher ensuite d'aller les entremêler à ses boucles blondes. Elles m'ont manqué. Leur couleur, leur douceur, leur parfum. Ça ne fait qu'une semaine que je ne l'ai pas vu et pourtant il m'a manqué. Horriblement.

- Michelle, tu vas bien ?

Je ne lui réponds pas, me contentant de parcourir chacun de ses traits amoureusement. Pourquoi est-ce si compliqué entre nous ? sa main se referme délicatement sur la mienne et je reviens vers ses yeux. Il a froncé les sourcils. Il est inquiet. Envolée la colère qui me jetait à la figure quelques secondes avant.

A son tour de passer ma main sur ma joue. Il recueille mes larmes d'un air triste.

- Pardonne-moi.

C'en est trop. Mon cœur est pulvérisé. Trop de montagnes russes. J'ai besoin de le faire taire quelques secondes, d'anesthésier mon cerveau le temps d'un court répit. Et je sais exactement ce qui pourrait me l'accorder. Ma bouche se précipite sur la sienne. Il hésite un instant, mais finit par me rendre mon baiser. Timidement au départ, puis de plus en plus fougueusement. J'ai soif de lui. J'ai soif de sa force rassurante. Je veux qu'il efface ces derniers jours où le doute m'a assailli, où la peur m'a étreinte. Je veux qu'il me montre que je compte, qu'il a envie de m'avoir dans sa vie. Qu'importe la manière, qu'importe pourquoi, mais je veux une place contre lui, contre son corps musclé, dans ses bras puissants qui me gardent sauve de tout ce qui peut me blesser. Je me fais plus pressante, pour lui faire comprendre qu'un simple baiser ne me suffira pas. Me perdre en lui est le seul remède qui me vient à l'esprit.

Mes doigts tremblent quand ils s'insinuent sous sa chemise. Ma peau frissonne quand les siens la parcourent avec respect. Je voudrais qu'il soit plus entreprenant. Alors je prends les devants. J'attrape sa main et la glisse sous ma robe. Un son rauque remonte dans sa gorge. Il me pousse contre le mur et mon corps s'embrase. Ma jambe remonte contre sa hanche, mon talon s'enfonce dans sa fesse.

Ma main glisse sous l'élastique de son caleçon, empoigne son fessier rebondi. J'ai faim de lui. Ici et tout de suite. Tant bien que mal, je réussis à défaire le bouton de son jean. Il m'arrête alors que je longe son ventre pour descendre plus bas.

- Michelle...

- Je t'en prie.

Me voilà à supplier pour avoir ma dose. Je me sens pathétique. Mais au stade où j'en suis, je m'en contre fiche. Il relâche ma main, plonge ses yeux dans les miens. J'ai peur de ce qu'il va y trouver. Si jamais il se doute de ce que je ressens pour lui, je suis foutue.

- Dis-moi ce qu'il se passe dans ta tête.

Je me mords la lèvre. J'aimerais lui dire, mais il ne comprendrait pas. Il ne veut pas de ce que j'aimerais lui donner. Alors je mens à moitié.

- J'ai besoin de toi. Efface toute cette merde de ma tête.

Il pose ses lèvres sur mon front. Cet excès de respect me tue. Je tire sur sa chemise pour ramener sa bouche à la mienne.

- Le sexe ne résoudra rien, murmure-t-il en fixant ma bouche.

- Je sais. Mais là, c'est ce dont j'ai besoin.

A ces mots, il fond sur ma bouche. Je soupire d'aise quand sa langue vient chercher la mienne et que sa main remonte ma robe jusqu'à la taille. Un coup rapide,intense, qui fasse exploser mes neurones, comme lui seul est capable de faire.C'est ça que mon corps réclame. Précipitamment, je l'aide à retirer ma culotte et à baisser son pantalon. Il déchire l'enveloppe argenté, enfile le préservatif et s'enfonce en moi, sans plus de cérémonie. Mon corps se contracte pour épouser le sien. Mes bras s'enroulent autour de son cou, mon bassin se colle au sien. J'ondule au rythme de ses coups de reins. J'absorbe le choc avec volupté, réprimant des gémissements un peu trop sonores. Son souffle contre ma peau, ses râles rauques à chaque fois qu'il bute au fond de moi, ses doigts s'enfonçant dans la chair de ma hanche, tout cela contribue à me faire basculer en un temps record. Je me cambre quand l'orgasme me foudroie. Je m'agrippe à lui comme si je voulais le garder plus longtemps contre moi. Ses muscles se tendent, son étreinte se fait plus forte, ses va et vient plus rapides. Quand lui aussi succombe, je crois l'entendre murmurer mon nom contre ma peau avant qu'il plante ses dents dans mon cou.     

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