Chapitre 74

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Ce geste tendre m'agace un peu parce qu'il a tendance à me faire oublier que je lui en veux. Si en plus, il assortit ça d'un sourire espiègle et d'un regard perçant, je suis foutue. Je détourne les yeux et me dirige vers l'escalier.

- Bon alors, tu viens ? lancé-je, un peu grincheuse.

Il me rattrape, et toujours ce sourire malicieux accroché aux lèvres. Nous montons tranquillement les escaliers jusqu'à mon appartement. Je sens bien qu'il m'observe. J'ai envie de lui faire la tête, mais quand sa main se glisse dans la mienne, je suis incapable de la repousser. Nous entrons chez moi et je m'installe dans le canapé, Christian posé à côté de moi. J'attends qu'il se lance mais il n'a pas l'air pressé de me parler. Je finis par briser le silence moi-même.

- Très bien. Tu m'as dit que tu m'expliquerais. Je suis toute ouïe.

J'ai assorti ma tirade d'une grimace. Franchement, il faudrait que j'apprenne à camoufler mes sautes d'humeur.

- En fait, je suis en train de me dire que ce n'est peut-être pas une bonne idée de te parler de ça maintenant.

- Ah non ! C'est trop tard. Tu déballes tout.

Ses yeux ne me lâchent pas comme s'il essayait d'évaluer ses chances de réussite. Il a peur de ma réaction ? Là, c'est moi qui commence à flipper. Qu'est-ce qui s'est passé encore avec Maxine ?

- Pourquoi tu ne veux rien me dire ? Il y a encore quelque chose entre vous ?

- Si tu as peur que je couche avec une autre, rassure-toi. Même quand j'étais encore ami avec Jared, je n'ai jamais fait ce coup-là à une fille. J'ai toujours été clair. C'était avec son consentement ou pas du tout.

Mes yeux s'arrondissent. Non mais il sous-entend quoi là ? un sourire pervers étire ses lèvres charnues et je rougis. Heureusement que je ressemble déjà à un homard.

- Tu déconnes ?

Il ne répond pas et se contente de garder plaquer son sourire de mauvais garçon. Mon cœur se met à accélérer et j'ai affreusement chaud. En fait, il essaie de détourner l'attention en me parlant de sexe. Et ça marche un peu trop bien.

- Ne joue pas à ça avec moi, Christian.

- Je ne joue pas.

Sa voix rauque me fait un peu trop d'effet. Je suis obligée de changer de position.

- Soit tu me parles de ce qui se passe avec Maxine, soit tu sors d'ici.

Son sourire s'efface peu à peu et il reprend son air sérieux. Il quitte sa position de mâle conquérant et pose ses coudes sur les genoux.

- Je veux juste que tu n'oublies pas que beaucoup de choses ont changé depuis ce moment-là. Entre nous surtout.

- Je n'aime pas trop que tu commences en mettant des avertissements.

Il laisse échapper un petit rire nerveux. Mais je vois bien qu'il est embêté. Ses doigts croisés se serrent et se desserrent. Je pose la main sur elles et capte son regard.

- Ok. Je vais essayer de ne pas m'emballer et t'écouter jusqu'au bout, sans t'interrompre.

Il me fixe un moment avant de hocher la tête.

- Tu te rappelles quand tu es partie lors de la soirée de Maxine ?

Evidemment. Comment oublier ? Je me sentais tellement frustrée et tellement nulle.

- J'ai couru derrière toi. Je voulais m'excuser. Je m'étais comporté comme un connard. Je me suis maudit de replonger dans ce travers. Il fallait que je réussisse à me faire pardonner, même si je ne savais pas comment faire sans te sauter au nouveau dessus.

Je ne peux m'empêcher de sourire bêtement. Il ne voulait pas qu'on soit fâchés et il avait envie de moi. Pourtant, ma joie est de courte durée car je sais déjà qu'il ne m'a pas rattrapé cette nuit-là. Alors cette bonne nouvelle a un goût amer, car je redoute ce qui va suivre.

- Si je ne t'ai pas rejoint ce soir-là, c'est parce que, au moment de quitter la maison, j'ai croisé Maxine en pleurs.

Et voilà le coup de massue.

- J'ai longtemps hésité mais...

Il suspend sa phrase. Ce suspense est insoutenable. J'en ai déjà mal au bide.

- On ne se connaissait pas très bien encore. J'avais des doutes sur la manière de me comporter avec toi. Alors je me suis dit que je pourrais toujours te rappeler le lendemain. Maxine semblait dans un état tellement désastreux que j'ai eu peur que...

Une boule se forme dans ma gorge.

- Elle était mal après notre altercation. Elle s'en voulait de t'avoir mal parlé, de se comporter comme ça. Alors j'ai essayé de l'apaiser comme je pouvais. J'ai passé la soirée à ses côtés. Pendant ce temps-là, les autres faisaient la fête et personne ne se souciait de savoir où elle était et comment elle allait. J'en avais la rage.

Et moi, j'ai juste envie de pleurer. Maxine aura-t-elle toujours une telle place dans sa vie ? Sera-t-elle toujours celle vers qui il ira ? Moi aussi j'étais mal ce soir-là. Moi aussi j'aurais aimé qu'il vienne pour me réconforter. Mais non, il a préféré s'occuper d'elle.

- Maxine joue la fille forte mais elle est tout le temps en train de vaciller. Pas facile de trouver sa place entre un frère égocentrique et un père obnubilé par son travail. Alors tu comprends pourquoi il faut que je la protège. Je ne sais pas si elle supporterait tout ça.

- Donc tu me demandes de jouer la maîtresse que tu tiens bien caché ?

Ses yeux vert jade me dévisagent comme si j'avais dit une énorme bêtise. Moi je fulmine. J'ai le cœur en miettes.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit, Michelle.

- Mais c'est ce que tu insinues. Il ne faut pas choquer la pauvre Maxine. Elle est si fragile. Mais moi ? Ce n'est pas grave si j'ai l'impression d'être de trop.

Il m'attrape les mains et me tire pour me rapprocher de lui.

- Ne dis pas de conneries. Tu es très importante à mes yeux.

- Mais moins que l'égo de Maxine.

Ses mains remontent jusqu'à mes joues.

- Maxine est juste un problème que je dois résoudre. Ce n'est pas d'elle dont je suis amoureux. Elle n'est pas toi.

Les mots restent bloqués dans ma gorge. Que puis-je répondre à ça ? i lm'empêche de le faire en posant ses lèvres sur les miennes. Je reste figée.J'ai du mal à me laisser aller à ce baiser. Mais ses mains se posent sur ma taille et m'attire à lui, de telle sorte que je me retrouve à le chevaucher. Sa langue se fraie tant bien que mal un chemin entre mes lèvres. Et la femme sans volonté que je suis cède à ses caresses. Cet homme fait fondre toute envie de résister. Ses mains savent faire taire mes peurs. Sa bouche sait souffler mes doutes. Son regard balaie toute pensée négative. Je me laisse aller dans ses bras, même si mon cœur n'est plus aussi exalté que ce matin.    

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