Chapitre 87

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J'avoue que là, tout de suite, je suis au summum de l'angoisse. J'ai tout déballé à Josie. Tout ce que je lui ai tu, les aveux de Christian, l'agression de Jared, le fait que ce soit mon mystérieux client, notre dispute à propos de Maxine et de Mike. La seule chose dont je ne lui ai pas parlé est Caitlyn. Cette histoire est trop intime pour qu'elle soit au courant. Je sais à quel point ça a coûté à Christian de le dévoiler. Je lui dois donc de tenir cette partie secrète. De toute manière, cela ne change pas grand-chose à la situation.

Maintenant j'attends. J'attends qu'elle réagisse. Et elle ne bouge toujours pas. Même pas un petit peu. Pas de colère, pas de crise d'hystérie. Elle me regarde juste avec une instance qui me fait dresser les cheveux sur la tête.

- Josie ?

Ma voix est un murmure. J'ose à peine ouvrir la bouche. J'ai la trouille qu'elle m'explose à la gueule. Ses mains serrent avec force la pauvre serviette en papier. Bizarrement, j'imagine que c'est mon cou qu'elle aimerait bien tordre. Je m'extirpe de cette vision désagréable et tends la main vers elle. J'ai un mouvement de recul quand elle se met à soupirer.

- Putain de bordel de dieu ! Tu es dans une merde monumentale.

Puis, une claque s'abat sur mon épaule, forte et bruyante. Je lâche un cri de surprise.

- Et tu me déballes ça seulement maintenant ? Tu attendais quoi exactement ? Le déluge ? Je me doutais bien qu'il se passait quelque chose de pas net mais là !

Je lâche un soupir de soulagement. Une Josie en pétard, je sais gérer. Mais une Josie muette, c'est carrément digne de l'exorciste.

- Ça s'est enchainé. Je n'ai pas vraiment eu le temps.

Sa bouche se pince. Je tente de me rattraper.

- Et puis, je voulais essayer de me débrouiller toute seule. Tu comprends, c'est ma vie. Tu ne pourras pas toujours être là pour me protéger.

Elle me lance un regard noir.

- D'accord. Tu veux voler de tes propres ailes. Mais tu ne dois pas te laisser submerger par les problèmes comme ça. Il était temps que tu viennes m'en parler.

- Je sais, réponds-je, en lui souriant tendrement.

Josie me toise, sans rien ajouter. J'attends patiemment qu'elle me donne son avis mais au bout d'une minute, je craque.

- Bon alors, je fais quoi ?

- A propos de quoi ? parce que ton histoire avec Christian, c'est un vrai sac de nœuds.

- Crois-moi, je m'en rends compte à chaque seconde.

- Peut-être que tu devrais laisser tomber. C'est vraiment une source de problèmes, ce mec.

Je lève les sourcils dans une moue parfaitement compréhensible.

- D'accord, j'ai pigé, marmonne-t-elle. Tu es déjà accro et impossible de faire marche arrière.

- Je l'aime, Josie.

Elle soupire longuement et son regard se fait compatissant.

- J'ai bien des suggestions mais ça ne va pas te plaire.

- Au point où j'en suis.

Je m'adosse à ma chaise et sirote un peu de ma limonade.

- Tout d'abord, c'est bien que tu l'aies confronté à la situation plus qu'ambiguë avec Maxine. Il faut qu'il ouvre les yeux. Cette fille ne va pas le lâcher à moins qu'il mette lui-même le holà.

Je hoche vigoureusement la tête pour manifester mon accord.

- Cependant, poursuit-elle, il faut que toi aussi tu fasses des concessions. Tu ne peux pas continuer à voir Mike.

Je me redresse vivement.

- Quoi ? Mais pourquoi ? Il n'y a plus rien entre lui et moi.

- Tu le sais, Mike le sait, je le sais. Mais, mets-toi à la place de ton mec deux secondes. Imagine ce qui va se passer dans sa petite tête à chaque fois que tu auras une séance avec Monsieur Chaud lapin. A coup sûr, il va se faire des films en vous imaginant baiser dans tous les recoins de la salle de sport.

- N'importe quoi, dis-je en levant les yeux au ciel.

- Michelle !

Je déteste quand elle prend son ton de maman donneuse de leçons. Je baragouine un juron et finis par acquiescer.

- Très bien. Je vais en informer Mike ce soir.

- Je comprends que ça soit difficile pour toi, mais dans un couple, il faut savoir tenir compte des sentiments de l'autre. Tu comprends ?

- Evidemment.

Je fais mine de bouder, mais Josie n'en démord pas.

- Je hais quand tu joues à la fille sérieuse, marmonné-je. C'est mon rôle, ça, d'habitude.

- Sauf que depuis que tu fréquentes ce mec, tu perds toute notion de rationalité, réplique-t-elle en me fichant une pichenette entre les deux yeux.

Je grogne pour le principe, mais je sais qu'elle a raison. Josie me sourit tendrement.

- Ça fait du bien de te voir autrement qu'amorphe et grognonne.

- Dis carrément que je n'étais pas vivable.

- Tu étais insupportable. J'avais tout le temps envie de te foutre un coup de pied au cul.

Je la bouscule légèrement et elle se met à pouffer.

- Bon sérieusement. Le plus gros problème reste Jared. Ce mec est dangereux, Michelle. Et que tu sois obligée de travailler pour lui est la pire nouvelle qu'il soit.

- Je n'ai pas vraiment le choix. Je ne vais pas renoncer à une occasion pareille parce qu'il y a une rivalité entre Christian et lui.

- Sauf qu'il a failli te violer, s'énerve-t-elle aussitôt. Qui te dit qu'il ne recommencera pas ?

Sa phrase me file des frissons. L'entendre de sa bouche rend la chose plus tangible et hautement flippante.

- Je ne sais pas. J'espère juste qu'il restera assez professionnel pour ne pas pousser trop loin les choses.

- Tu es bien trop optimiste.

Je hausse les épaules. Je ne vois pas comment faire autrement. Je vois bien que ce mec est complètement allumé mais je n'y suis pour rien. Il faut juste que je trouve un moyen pour qu'il abandonne cette idée saugrenue de me considérer comme un prix qu'il disputerait à Christian. La prochaine fois qu'on se verra, je mettrai les points sur les « i » pour lui faire comprendre que je n'ai rien à voir avec leurs disputes.

- Je te promets d'être prudente. Je ferais en sorte qu'il y ait toujours quelqu'un dans les parages quand je serais avec lui.

Josie acquiesce. Puis elle croise les bras et commence à tapoter son menton. Signe qu'elle élabore une stratégie.

- Ecoute, finit-elle par dire après quelques minutes de réflexion intense. Je vais essayer de trouver des infos le concernant que tu pourras utiliser pour le calmer.

- Genre ?

- Genre que s'il ne te fout pas la paix, il se retrouve au trou.

- Et comment tu comptes t'y prendre ?

Un sourire carnassier naît sur ses lèvres.

- Tu ne peux pas savoir ce qu'on est capable d'obtenir d'un homme dans un lit.

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