Chapitre 31

1.9K 193 2
                                    


J'ai eu un mal de chien à m'endormir. Toute cette histoire tourne en boucle dans ma tête. Christian veut qu'on soit amis, mais je me rends compte que ça ne va pas être aussi simple que ça d'ignorer mon attirance de plus en plus forte pour lui. Et pour couronner le tout, Josie me harcèle. J'ai dû couper mon téléphone. Je n'avais vraiment pas envie de me lancer dans un rapport détaillé de ma soirée.

Conséquence, ce matin, j'ai l'air d'un zombie. J'ai dû dormir trois heures à tout casser. Look de panda assorti à une crinière à la Méduse. Je vous jure, des fois, je rêve de la trousse make up magique de Josie. Ou d'un kit ravalement de façade, au vu de ma tête dans le miroir. Je me traine jusqu'à ma chambre. Je n'ai envie de faire aucun effort aujourd'hui. Je vais juste enfiler les premières fringues qui me tomberont sous ma main. Ce sera très bien. Je chope mes lunettes pour parachever ma tenue de la mort qui tue. Et c'est parti.

Les lunettes de soleil sont mes meilleures amies. Rien de mieux pour cacher au monde entier le désastre de ma vie qui se peint aujourd'hui sur ma figure. Dommage que je doive les abandonner quand je m'installe à mon bureau. Personne n'a osé venir me parler. Tant mieux. Parce que s'il croit m'avoir déjà vu de mauvaise humeur, ce n'est rien comparé à ce que je serais capable de donner maintenant. Soudain, mon portable vibre. Un message de Josie.

« Ce midi, toi et moi, chez Dany's. Et pas d'entourloupe. »

Merde. Elle va me faire la misère. Je lâche un énorme soupir et me replonge dans le travail.

A l'heure du déjeuner, je sors du building en trainant des pieds. Je n'ai pas très envie de voir Jo. En fait, je n'ai pas très envie de voir qui que ce soit. Je veux juste rester avec moi-même pour tenter d'y voir plus clair, tout en me morfondant. Mais je sais qu'il est inutile d'essayer de la freiner. J'ai réussi à la garder à distance hier soir, c'est déjà beaucoup. Machinalement, je jette un coup d'œil à mon téléphone. Je découvre un message de Christian. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine.

« Hâte de remettre ça. Ça fait du bien d'avoir quelqu'un à qui parler. Passe une bonne journée. Christian."

La crétine que je suis sourit bêtement à l'écran.

- Qui a le droit à ton intention ? Parce qu'a priori, moi je suis devenue indésirable.

La voix de ma meilleure amie me fait me redresser sur mon siège.

- Bonjour Josie.

- Oh ! Mais tu te rappelles enfin de moi !

- Arrête d'exagérer. Je voulais juste être un peu seule hier soir. J'étais crevée.

Elle me toise de son regard caramel, pince les lèvres et finit par s'asseoir en face de moi.

- Qu'est-ce que tu ne veux pas me dire ?

Je plonge le nez dans le menu. Je sais que c'est puéril comme attitude mais franchement, je n'ai pas envie d'en parler.

- Michelle Amanda Muller, je te préviens. Soit tu me parles, soit j'appelle ton Roméo.

Je pousse un grognement, agacée, et capitule.

- Tu fais chier, Jo. Avec toi, je n'ai pas le droit d'avoir de secrets.

- Bien sûr que si, mais je vois bien que ça te perturbe et je n'aime pas voir ma ronchonne préférée dans un état pareil.

Elle réussit à me tirer un sourire. Cette fille me casse en permanence les pieds mais c'est ma plus grande fan.

- Pour faire court, Christian veut qu'on soit amis. Seulement amis.

Josie ouvre la bouche en grand. C'est rare de la voir sans voix. Sur ce coup, on est au même stade.

- Ok, d'accord. Il me faut plus de détails pour me faire une opinion. Déballe tout.

Je soupire et me lance dans le récit de la soirée. Jo m'écoute avec attention, sirotant son cocktail que le serveur vient de lui apporter. Je finis par l'au revoir étrange et attends avec impatience sa réaction. Au bout de quelques secondes de réflexion, elle se redresse, fait la moue et débite, sûre d'elle.

- De toute évidence, il n'est pas très au clair avec ses sentiments. Il te dit qu'il veut n'être que ton ami, mais ces déclarations et ses gestes indiquent tout autre chose. Si tu veux mon avis, il faut le travailler au corps, ce mec. Fais-lui du rentre dedans, rends le jaloux. Bref, oblige-le à voir en face la réalité.

- Mouais, je ne sais pas trop. Il avait l'air quand même sincère en disant qu'il ne voulait pas plus que ça. Et puis, tu sais comment je suis nulle pour ce genre de choses. Tu me vois aller le draguer ouvertement ?

- Pourquoi pas ? tu as bien réussi à avoir un rendez-vous avec Mike.

- Mr chaud lapin, celui qui saute sur tout le monde ? c'est lui qui me fait du rentre dedans.

- Ça, tu ne l'as pas encore testé, dit-elle en ricanant. Au fait, vous devez vous voir quand ?

- Ce soir. Mais je ne sais pas si j'irais.

- Pas question que tu te défiles, s'insurge-t-elle. Avec lui, c'est comme s'il était déjà dans ton lit. Tu ne peux pas laisser passer une occasion pareille.

- Oui mais...

Je laisse ma phrase en suspens. Je ne dois rien à Christian, pourtant j'ai l'impression que je vais le tromper si je tente quelque chose avec Mike.

- Tu ne lui dois rien, reprend Josie, en comprenant ce qui me tracasse. Il n'a qu'à ouvrir les yeux. Et tu sais quoi ? ce serait d'ailleurs une excellente façon de lui montrer qu'il se plante royalement. Sors avec Mike, envoie-toi en l'air et n'oublie surtout pas d'en parler à Christian. On verra bien comment il réagit. Au pire, tu seras définitivement fixé sur ce qui se passe entre vous. Au mieux, tu auras droit à un combat de coqs, rien que pour tes beaux yeux.

Je lève les yeux au ciel. Jo et ses théories farfelues. Si elle n'existait pas, il faudrait l'inventer. J'avale une gorgée de limonade pour me donner le temps de réfléchir. Je peux difficilement lui donner tort. Entre le beau blond et moi, il n'y a rien. Donc rien ne m'empêche de flirter avec Mr Muscles. Et puis, j'ai besoin de me sentir désirée. Ça fait bien trop longtemps que je me cache.

- Ok, j'irais au cours ce soir. Et je verrais bien.

- A la bonne heure ! je trinque à la folle nuit de sexe qui t'attend.

- Josie !!

Comme à son habitude, ma meilleure amie n'a pu se montrer discrète et tout le monde nous fixe bizarrement. J'ai presque envie de disparaitre sous la table. Je me contente de sourire timidement et d'ignorer tous les regards braqués sur nous.Bon, vaille que vaille, on ne vit qu'une fois. Il est temps que je laisse les choses se faire, sans tout anticiper.    

Love TherapyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant