Chapitre 61

1.5K 190 19
                                    


Mes doigts se resserrent autour du verre. Jared me défie du regard. Il est en colère que je défende Christian. Tellement furieux que je doute de ce qu'il me dit. Pousser quelqu'un au suicide ? Non mais là, il va un peu trop loin. Je me lève d'un bond.

- Je ne sais pas si c'est à cause de Maxine ou autre chose, mais ça suffit. Si vous avez un problème avec Christian, règle-le avec lui. Je n'ai pas à me retrouver au milieu. Alors arrête de raconter des conneries juste pour le salir.

Je fais volte-face et pars vers la sortie. C'était une très mauvaise idée de venir lui parler. De toute évidence, il est prêt à tout pour détruire Christian et je ne tiens pas à faire partie de son jeu machiavélique. Soudain, on me tire en arrière. Je manque de tomber. Jared me ramène vers lui et me plaque contre lui, me tenant fermement par le bras, enfonçant avec force ses doigts dans ma chair.

- Putain, tu es une vraie cruche. Autant que Maxine. Il vous a balancé de la poudre aux yeux et vous, vous vous précipitez à ses pieds, comme deux petites chiennes obéissantes.

Ma main est partie sans que j'y réfléchisse. La claque résonne et malgré la musique, les gens autour se sont retournés. Il s'est figé. Le temps semble se suspendre tandis qu'il ramène la main vers sa joue rougie. Je me rends enfin compte de ce que je viens faire. Merde. Je ne le connais pas bien, mais ça m'étonnerait qu'il laisse passer ça. Soudain, il tourne les yeux vers moi et je manque de me pisser dessus de trouille. Ses pupilles se sont réduites à deux points noyés dans la glace de son regard plein de haine.

- Tu m'as giflé !

Il a détaché chaque syllabe comme s'il avait du mal à croire que j'avais osé faire ça. Moi-même je me demande ce qu'il m'a pris. Sûrement une réaction instinctive. Ses mots sont partis trop loin, réveillant mon orgueil. Je me sens salie par ces propos misogynes et condescendants. Je n'ai pas vraiment pensé aux conséquences. D'un geste brusque, il attrape mes deux bras et me rapproche de son visage de sorte que je ne puisse plus détourner la tête et lire la fureur dans ses yeux.

- Toi et moi, on va avoir une petite discussion en privé pour remettre les choses en ordre.

Il m'entraine à sa suite, me tirant sans ménagement. J'essaie de me dégager, mais rien à faire. Il maintient sa prise sur moi tellement fort que je vais avoir des bleus à coup sûr. Je ne sais pas où il m'emmène mais il commence à me faire peur. Je reconnais le couloir des toilettes. Il les dépasse et se dirige vers la sortie de secours. Ayant trouvé un coin sombre, il me plaque contre un mur. Mon souffle se coupe sous le choc. Son corps couvre le mien, me cachant du regard des autres. La panique commence à prendre le dessus. Sa bouche se rapproche de mon oreille et je tente de m'enfoncer dans le béton froid pour m'éloigner de lui. Mais rien à faire, il est bien trop près. Si près que les vapeurs d'alcool qui s'échappent de sa bouche me brûlent les narines. Je sens son souffle contre mon cou et j'ai peur. Je ne sais pas ce qu'il est capable de faire. Je n'ose pas l'imaginer non plus.

- Tu sais que tu es vraiment bandante. Je comprends pourquoi Christian te garde pour lui.

Je frissonne. Mon cerveau tourne à plein régime. Les signaux d'alerte brouillent ma capacité à réfléchir.

- Dis-moi tout, princesse. Christian a déjà réussi à te sauter ou est-il encore en train de te tourner autour pour arriver à ses fins ?

Son bassin se colle au mien et je laisse échapper un gémissement de peur. Son excitation ne fait aucun doute. Mes pires pensées sont en train de se concrétiser.

- Peu importe, souffle-t-il à mon oreille. Qu'il soit déjà passé sur toi ou pas, je vais me faire le plaisir de te montrer comment un vrai mec s'y prend.

Il pose un bras en travers de ma poitrine pour me maintenir et glisse son autre main sur ma cuisse dénudée. Effrayée, je me débats comme je peux pour me soustraire.

- Jared, lâche-moi. Laisse-moi partir.

Un grognement animal remonte de sa gorge mais il ne réagit pas. Sa langue me lèche le cou et j'ai un haut-le-cœur. Mes larmes affleurent. Non, je ne vais pas pleurer. Je ne lui donnerai pas ce plaisir. Et je ne me laisserai pas faire. Pas question de le laisser m'infliger ça. Je ne serais pas assez forte pour y survivre.

Sa main remonte sous ma robe. Je sers les dents et le pousse de toutes mes forces. Mais il est bien plus fort que moi. Bordel ! A quoi bon faire toutes ces heures de musculation si je ne peux même pas me défendre ?

- Jared !

Une voix que je connais que trop bien résonne dans le couloir. Jared se redresse aussitôt et j'ai l'impression de retrouver mon souffle. Il toise le nouvel arrivant d'un air de défi. Christian se rapproche d'un pas rageur.

- Retire tes sales pattes.

Sa voix n'est plus qu'un grondement. Mais au lieu de m'effrayer, elle me rassure.

- Sinon quoi, Chris ? Tu vas...


- Je t'avais prévenu, hurle-t-il entre deux coups de poing échangés. Tu ne t'approches pas d'elle.

- C'est elle qui est venue me chercher, pauvre con, s'en amuse Jared.

Christian se fige et son adversaire en profite pour lui asséner un coup de poing dans le ventre, le pliant en deux. Je reprends enfin vie en le voyant mal en point. J'esquisse en mouvement dans leur direction, mais il me foudroie du regard.

- Tu restes en dehors de ça, gronde-t-il à mon intention.

Jared regarde notre échange d'un air narquois.

- Je te l'ai dit, princesse. Christian n'aime pas que je lui pique ses jouets.

- Michelle n'est pas un jouet, s'énerve-t-il.

- Alors c'est encore mieux, renchérit Jared.

Je suis abasourdie, médusée. Mon cœur bat à tout rompre. Mon cerveau menace de perdre les pédales. Christian ne me lâche pas du regard. La colère qui l'habite me broie les entrailles. Elle est dirigée contre moi, autant que contre Jared. Je le sens bien. Quant à ce dernier, je crois qu'il prend son pied à nous voir aussi bouleversés. Christian est au bord de l'implosion et moi je vais bientôt fondre en larmes. C'en est trop. Je recule à tâtons, les yeux fixés sur eux. Mes mains rencontrent enfin une poignée que je réussis à abaisser. Sans plus attendre, je m'engouffre dans la pièce et referme la porte sur moi.    

Love TherapyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant