Chapitre 48

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Ça fait bien un quart d'heure que je fixe le plafond de ma chambre. Mon réveil n'a même pas encore sonné, mais je ne dors plus. Ce n'est que par épuisement que j'ai sombré hier soir, le nez dans mon sweat. Il portait encore l'odeur de Christian. Son parfum s'est mêlé au mien quand je me suis appuyée contre lui tandis qu'on partageait des sushis, tout en discutant de tout et rien.

Après ce moment torride sans précédent entre nous, le retour à la réalité a été un peu difficile. Je me suis rappelée que j'étais nue devant lui et j'ai eu honte. Complètement débile, vu ce qu'on venait de faire, mais je n'y peux rien, c'est tout moi. Lui a été rassurant. Comme à son habitude. J'avais retrouvé le Christian que je connaissais. Celui qui calme mes incertitudes, qui embellit ma vision du monde. Il a enfilé son caleçon avant de me tendre mes vêtements avec un sourire tendre. Puis il s'est éclipsé dans la salle de bains, tout en me disant que je ne devais pas avoir honte et que j'étais belle, surtout après l'amour. Ce mot, dans sa bouche, m'a filé des frissons. Il n'a rien remarqué. Heureusement. Mais il m'a perturbé, bien plus que son regard appuyé sur mon corps nu.

Quand il est revenu, douché, habillé, j'étais assis en tailleur, sur le canapé, à contempler mes doigts. Il est venu s'asseoir à côté de moi et m'a demandé avec un naturel déconcerté.

- Ça te dirait de manger un morceau ? Sushis, ça te dit ?

Je l'ai regardé, un peu perdue. Il était retourné en mode ami, tandis que moi je planai encore. J'ai hoché la tête et il s'est détourné pour téléphoner. Vingt minutes plus tard, on était assis par terre, l'un contre l'autre, à bavarder comme de vieux potes. J'ai essayé de faire bonne figure, mais au fond de moi, une petite voix me disait que ça sonnait faux.

Et ce matin, enroulée dans mes draps, mon sweat entre mes bras, j'ai toujours cette impression. Je savais à quoi m'attendre. Il me l'a dit. J'ai accepté. Pourtant... j'ai espéré. J'ai espéré que ce face à face sensuel l'aurait peut-être fait changer d'avis. Mais il faut croire que non. Il est parti, tard dans la nuit, sans un baiser, juste une bise appuyée sur la joue avant de se détourner. J'en ai eu l'estomac en vrac et le cerveau en effervescence. Conséquence : à peine trois heures de sommeil et une multitude de questions sans réponses. Ou dont les réponses ne me plaisent pas.

Mon réveil finit par sonner. Machinalement, je sors du lit. Je m'étire avant de me diriger vers la machine à café. Mon regard dévie vers la porte d'entrée. Mon cœur se met à battre plus fort. Des images torrides viennent envahir mon esprit embué. Bordel, je ne verrais plus jamais cet endroit de la même façon. A chaque fois que j'irais ouvrir, je repenserais à la porte vibrant dans mon dos sous les assauts de Christian.

Je secoue la tête pour chasser ces idées charnelles. Mon café matinal m'appelle. Assise devant ma tasse, je recommence à psychoter. Suis-je vraiment prête pour ce genre de relation ? avec Mike, ça ne m'a pas dérangé parce qu'il n'était rien pour moi et je n'étais rien pour lui. Mais là... J'avale une grosse gorgée de liquide brûlant. La morsure du chaud me ramène à la réalité. J'attrape mon portable et décide de m'occuper l'esprit en checkant ma messagerie. Plusieurs SMS de Josie qui m'engueule comme du poisson pourri parce que je ne lui donne pas de nouvelles. Il faut qu'elle arrête de jouer à la maman poule, c'est usant. Et un autre message... mon pouce reste en suspens au-dessus de la petite enveloppe. Christian. J'hésite car j'ai peur que ce qu'il contient me donner un coup au cœur ou un espoir vain. Mais ma curiosité est trop grande.

« Cette soirée a été merveilleuse. Hâte de remettre ça. »

Un coup de chaud me fait monter le rouge aux joues. Bordel. Hâte de remettre ça ? Putain, moi aussi ! je tremble presque en tapant ma réponse. J'écris, j'efface, réécris. Je ne sais pas quels mots utilisés pour rester neutre, tout en lui faisant comprendre qu'il vient de me foutre le feu aux fesses.

« Heureuse aussi que tu sois venu. On se voit samedi pour le cours. On pourra se planifier quelque chose après. »

Bon, clair, mais suffisamment flou pour ne pas tomber dans la vulgarité et sans montrer que je deviens accro. Je clique rapidement avant de changer d'avis. Puis je pose le téléphone sur mon plan de travail et le regarde, éberluée. J'ai du mal à réaliser. Malgré tout ce qui s'est passé, ce qu'on s'est dit, j'ai encore du mal à comprendre ce qu'il peut bien me trouver. Et surtout ce qu'il m'a pris d'accepter cette situation.

Je lâche un énorme soupir et décide d'aller me préparer. Déjà que je vais avoir un mal fou à me concentrer au travail, autant ne pas éveiller les soupçons en arrivant en retard. Une douche rapide, puis j'enfile une tenue sobre. Juste le temps de me coiffer et il est déjà l'heure. Un coup d'œil faussement innocent m'indique que j'ai une réponse.

« Sortons samedi soir. Je connais un bar sympa. Et on verra comment on termine la soirée. »

Bon, c'est fait. Christian a réussi à transformer ma libido en petite déesse diabolique qui va me harceler jusqu'à samedi soir.

Pause de midi. J'ai ramé toute la matinée, l'esprit envahi par les gémissements de Christian, la sensation de ses mains sur moi. Il faut vraiment que je calme mes pulsions ou je vais me griller auprès de ma boss. J'avance à reculons sur ce fichu dossier. Désabusée, je le laisse de côté, le temps de manger un morceau. J'ai intérêt de redoubler d'efforts cet après-midi, vu que je ne vais pas pouvoir traîner au boulot ce soir. Séance de sport oblige.

Je grimace à l'idée de devoir m'expliquer avec Mike. Ce n'est pas comme s'il ne s'y attend pas, mais quand même. Laisser tomber un mec, c'est bien la première fois que ça m'arrive. Je n'aime pas me retrouver de l'autre côté de la barrière. Je m'installe à la terrasse, une salade devant moi. Il y a quelqu'un d'autre que je dois prévenir. Mon harceleuse de meilleure amie.

J'attrape mon téléphone et compose le numéro. A peine deux sonneries et elle décroche.

- Il était temps !

- Bonjour à toi aussi, Jo.

- Je ne sais plus si je dois te dire bonjour, m'énerver ou m'inquiéter.

- Tu es dispo pour m'écouter ?

- Un instant.

Je l'entends échanger avec quelqu'un avant de revenir vers moi.

- C'est bon. Mon assistant va gérer les commandes en cours avec le fournisseur. On a un bon quart d'heure.

Je cherche mes mots pour lui faire avaler la couleuvre.

- Avant toute chose, je dois te présenter mes excuses pour mon comportement de ces derniers jours. Je n'étais pas très agréable.

- En effet. Mais je n'aime pas trop quand tu commences par me balancer des amabilités. En général, ça veut dire que tu te prépares à me dire des choses désagréables.

- Ça dépend pour qui.

Je n'ai pas pu m'empêcher. J'ai presque envie de glousser de plaisir.

- Michelle ? c'est quoi ce ton de godiche tout à coup ?

- Hé bien... oh et puis zut ! Christian a débarqué hier soir et on a couché ensemble.    

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