Son regard émeraude me transperce. J'ai du mal à le soutenir. Mon cœur se serre et je baisse les yeux. Mes pensées me ramènent un instant vers Nathan. Que ce serait-il passé si je ne l'avais pas rencontré ? Si j'étais tombé sur un gentil garçon qui m'aurait fait passer avant ses propres envies ? Les regrets ne sont jamais bons. Les ressasser m'ont pourri la vie. Il faut que j'oublie. Il faut que je pense seulement à ce dont j'ai envie. Et là, tout de suite, j'ai envie de me jeter dans les bras d'un beau blond au regard profond, même s'il ne m'a promis qu'une amitié.
Je me mets à faire de petits cercles avec mon pouce sur son poignet. Mais serais-je prête à oser quelque chose avec lui, au risque de me prendre un revers ? Mon cœur se met à tambouriner dans ma poitrine. J'essaie de rassembler mon courage pour lui avouer mon attirance. Je prends une grande inspiration avant de murmurer d'une voix peu assurée.
- Christian, je... il faut que je t'avoue quelque chose...
Je soupire, agacée de ne pas réussir à sortir ces maudits mots de ma bouche. Je relève un instant les yeux vers lui et me fige. Deux iris de jade me fixent avec une telle intensité que j'ai du mal à respirer. Je vois réapparaitre cette lueur qui les habitait en rentrant chez moi. Ce feu qui me consume entièrement, sans même m'avoir touché.
- Christian...
Tout à coup, il me tire à lui et m'encercle de ses bras musclés. Mes mains se plaquent sur ses larges épaules et je ne peux m'empêcher de fixer sa bouche si proche. Ses doigts quittent mes hanches, remontent lentement le long de ma colonne vertébrale. J'inspire profondément quand son souffle frôle mon cou. Comme s'il attendait cette réaction pour agir, Christian fond sur moi. Ses lèvres se referment sur la peau tendre de ma nuque. Ses doigts s'enfoncent dans ma chevelure et l'emprisonnent, tirant dessus pour que je sois obligée de livrer mon cou à ses baisers revendicateurs.
Je mets mon cerveau en mode off, me laissant embarquer par mes émotions. Christian me dévore, me lèche comme on le ferait avec le plus délicieux des mets. Mon corps prend feu sous ses mains, sous son souffle court, sous ses lèvres impérieuses. Je réprime avec difficulté mes gémissements.
Soudain, il fait volte-face, m'entraînant avec lui. Je me retrouve prise au piège de ses bras puissants, pressée contre la rambarde. Ses mains se glissent sous ma robe, remontent le tissu, découvrant mes bas. Je n'aurais jamais pensé que cela aurait été aussi intense. Mon cœur s'est liquéfié dès que sa bouche a pris possession de la mienne. Il est si empressé que j'ai du mal à reprendre mon souffle. J'essaie de suivre le rythme, mais je suis tellement en prise avec toutes ces sensations délicieuses que je le laisse faire. Ses lèvres s'étirent dans un sourire satisfait quand ses doigts rencontrent mon porte-jarretelles. Ils viennent frôler la dentelle, me tirant un soupir rauque.
Bordel, il ne va pas faire ça, ici, alors que n'importe qui pourrait nous voir. Mes mains le poussent légèrement pour pouvoir libérer ma bouche.
- Christian...
Avant que je n'aie le temps de finir ma phrase, il reprend possession mes lèvres. Son corps pèse plus lourdement sur le mien. Soudain, je me sens mal. Son enthousiasme est trop oppressant. Cette fois-ci, j'y vais franchement, le bousculant. Mon geste un peu violent le fait enfin réagir. Il me dévisage un instant, puis recule, les mains en position défensive. Sa tête se secoue de droite à gauche. Son regard revient sur moi. Il est choqué, perdu.
- Pardon. Je n'aurais pas dû. Je...
Je suis essoufflée, abasourdie. Mes sentiments oscillent entre une satisfaction profonde de me sentir autant désirée et l'incompréhension face à son attitude si changeante.
- Ce n'est pas grave, bafouillé-je. C'est juste que... on est dans le jardin et n'importe qui pourrait débarquer...
- Non, tu ne comprends pas...
Son regard effrayé et son ton un peu trop sec ne me plaisent pas. Qu'est-ce qui se passe dans sa petite tête, bon sang ?
- Je n'aurais pas dû faire ça. T'embrasser, te toucher...
Il reprend son souffle, comme s'il devait lutter pour contrôler je ne sais quelle émotion. Pour ma part, quelque chose de vraiment moche est en train de remonter dans ma gorge. Il regrette. Il ne voulait pas.
- Quoi ? pourquoi ?
Un gouffre immense est en train de se creuser dans mon cœur. Je redoute ce qu'il va me dire. Il me dévisage un moment, cherche mon regard. J'ai envie de m'enfuir loin, très loin, pour ne pas entendre sa réponse que pourtant j'ai besoin de connaitre. Et là, il fait la chose la plus horrible qu'il soit. Il se met à rire. Mon sang se glace et j'ai l'impression de retourner des années en arrière, dans ce putain de couloir sordide de la fac.
- C'est pour ça. Pour ce regard que tu portes sur moi à cet instant. Je ne suis pas fait pour toi. Rien de bon ne pourra ressortir d'une relation entre nous.
Les larmes me prennent à la gorge. Comment ai-je pu me tromper à ce point ? comment ai-je pu être aussi naïve ? Je me sens ridicule. Dire que je croyais qu'il éprouvait quelque chose pour moi. Christian fait un pas vers moi, mais je recule aussitôt, butant contre la balustrade.
- Michelle, comprends-moi... je ne peux pas être autre chose qu'un ami pour toi.
- Ça suffit. Ne t'approche pas de moi.
Mon ego vient prendre un tel coup que je rêve de disparaître sous terre. Son visage passe de la contrition à l'étonnement.
- Arrête de jouer avec moi. Me dire que tu veux être mon ami, te conduire en prince charmant, et après me dire ça. Je suis vraiment trop conne.
- Michelle...
- Non, tais-toi. J'en ai assez ! Toute cette histoire n'est qu'une pure connerie. Je n'aurais jamais dû accepter de suivre Josie jusqu'à chez toi. Depuis que je t'ai rencontré, j'ai le cerveau et le cœur en vrac et je n'en peux plus. Et toi, tu ne vois rien. Ton amitié... ce n'est pas ce que j'attendais de toi. Je voulais plus. Je me suis bien plantée.
J'ai débité ça d'une traite, surprise par tant d'aplomb de ma part. Mais c'est sorti. C'est enfin sorti. Je devrais me sentir soulagée, mais quand je vois son regard, je me sens juste idiote, ridicule.
- Je... je ne peux pas te donner ça, lâche-t-il dans un souffle.
Je ne lui réponds pas. Je préfère ravaler les larmes qui menacent et me barrer d'ici sans me retourner. Garder le peu de dignité qu'il me reste est ma bouée de sauvetage. Mais sa main se referme sur mon bras et m'empêche de m'enfuir à toutes jambes.
- Lâche-moi, vociféré-je, le trémolo dans la voix, si tu as ne serait-ce qu'un peu de considération pour moi.
Son regard triste est de retour et j'ai envie de hurler. La douleur se transforme en haine farouche. Je veux partir pour mettre le plus de distance possible entre nous deux, mais aussi étouffer ce sentiment affreux qui me bouffe les entrailles et que je connais que trop bien. Ses doigts finissent par relâcher leur étreinte et je me dégage d'un coup d'épaule. Sans un regard en arrière, je marche aussi vite que possible vers la sortie.
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Love Therapy
RomansEtre célibataire plus de deux ans, ce n'est pas un crime, non ? Mais ma meilleure amie ne semble pas de mon avis. C'est pourquoi elle multiplie les tentatives pour me caser, ou du moins me pousser à m'envoyer en l'air. Sa dernière trouvaille, une th...