Chapitre 50

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Revenir après tout ce qui s'est passé me fait un drôle d'effet. Les filles du cours me jettent des coups d'œil interrogatifs tandis que je m'approche. Mon ventre se contracte d'appréhension. J'ai l'impression de les voir chuchoter en me regardant de travers. J'essaie de passer outre, mais je reçois un coup au cœur quand je vois Maxine pratiquement pendu au cou de Christian. Sa main est posée sur son torse et elle lui fait de grands sourires auxquels répond Christian. Un mélange de colère et de douleur se met à courir dans mes veines. Je bifurque vers eux, d'un pas rageur.

Il faut que je me contrôle. Il faut que je résiste à l'idée de l'étrangler et de lui arracher chaque brin de sa tignasse de pouffe professionnelle. J'inspire à fond et plaque un sourire factice sur mon visage.

- Bonjour.

Ils semblent tous deux étonnés de me voir.

- Michelle ? Tu es de retour ? Quelle bonne surprise, feint elle.

Je sers un peu plus mes doigts crispés sur la sangle de mon sac.

- Tu es très observatrice, me moqué-je. Alors, je t'ai manquée ? Tu m'en vois ravie.

- Evidemment ! s'indigne-t-elle. Quand tu as pris tes jambes à ton cou pendant ma soirée, je me suis inquiétée. Je suis allée voir Christian pour savoir ce qui s'était passé, n'est-ce pas ?

Ce dernier fronce les sourcils. Je réprime une grimace devant ce mensonge éhonté. Putain, comment fait-elle pour paraître aussi fausse en permanence ? J'ai juste envie de lui sauter à la gorge. Les yeux de Christian ne m'ont pas quitté depuis que je suis arrivée. Ça commence à me porter sur les nerfs, autant que les faux semblants de Mademoiselle faux cul.

- Je pense qu'il est temps de commencer le cours, nous interrompt-il.

Maxine lui fait quelques œillades et dépose un baiser sur sa joue. A l'intérieur de ma tête, ma libido est passée en mode démoniaque. Pas touche, pétasse !

- On reprendra notre discussion à la fin du cours, minaude-t-elle avant de faire volte-face, sans oublier de me balancer en pleine figure sa tresse et en m'ignorant royalement.

Putain, je vais me la faire. Je lui emboîte le pas, décidée à lui régler son compte, quand une main ferme m'arrête dans mon élan. Christian me tire doucement vers lui.

- Où tu vas comme ça ?

- Lui fermer son clapet, sifflé-je entre les dents. Cette fille est une plaie ambulante. Il faut que quelqu'un la remette à sa place.

Christian se met à rire, avant de me glisser à l'oreille.

- Laisse tomber. Ça n'en vaut pas la peine.

Je soupire d'agacement.

- C'est parce qu'elle a été désagréable avec toi l'autre soir ou pour une tout autre raison ?

Son souffle chaud me fait frissonner. Je réprime une grimace. Ne pas laisser mes sentiments prendre le dessus.

- Et à quelle autre raison tu penses exactement ?

- Peut-être es-tu un peu possessive ?

Je me tends. Merde, je suis grillée.

- Mais non, pas du tout, tenté-je sur un ton peu convaincant.

Il se met à rire une nouvelle fois.

- Dommage, l'idée me plaisait bien.

Une vague de chaleur parcourt mes veines. Qu'insinue-t-il exactement ? Qu'il aimerait qu'entre nous ce soit exclusif ? Le doute qui me rongeait depuis qu'on s'est quitté s'estompe peu à peu, surtout en constatant le côté tactile de Christian et le regard furieux de Maxine. Même si on ne sort pas ensemble, le fait de montrer qu'il y a plus que ce qu'elle pense entre nous me rassure.

- ... Même si ce n'est pas très discret.

- Je ne sais pas simuler, marmonné-je.

- Oh, mais je l'avais remarqué...

Je me tourne vers lui et son regard de braise me fait comprendre de quoi il parle. Je vire tomate.

- Allez, va rejoindre les autres. On se voit après.

Je le quitte, la tête haute, le regard vissé dans celui de Maxine. Finalement, c'est elle qui détourne les yeux. Je n'ai pas peur d'elle et elle a intérêt de s'en rappeler.

Le cours se termine. Je remballe mes affaires, le cœur léger. En fin de compte, les choses sont retournées à la normale. Christian se comporte en professionnel, les filles continuent à baver sur lui et moi j'ai réussi à être dedans sans que mon esprit dévie sur autre chose. Soudain, je perçois une ombre qui bloque les rayons de soleil. Je lève instinctivement les yeux. Maxine s'est plantée devant moi, un air grave sur le visage. Je me redresse pour lui faire face.

- Je ne sais pas ce que tu espères en revenant au cours, commence-t-elle sur un ton glacial, mais ne pense pas une seconde avoir tes chances avec Christian. Il est à moi.

Mes sourcils se haussent tellement qu'ils vont finir par décrocher.

- Je te demande pardon ?

- Si tu crois que je n'ai pas compris ton petit jeu avec lui, c'est que tu es vraiment une idiote. Laisse tomber et retourne dans ta petite banlieue.

Il me faut une putain de volonté pour ne pas lui sauter à la gorge.

- Mais je ne te demande pas la permission et sache que c'est lui qui est venu me chercher et non l'inverse.

Elle doute une micro seconde avant d'enchaîner sur le même ton condescendant.

- Sûrement pour se faire pardonner.

Je sers les dents pour éviter de relancer le débat. Cette discussion est vouée à l'échec. La seule chose qui en ressortira sera mon poing dans son nez parfait. Mais je ne lui ferais pas cet honneur. Et puis, envers Christian, ce ne serait pas correct.

Je récupère mon sac et file droit vers lui, plantant l'autre pouffiasse. Qu'elle continue à jeter son venin sur moi, je n'en ai rien à foutre. Christian m'accueille avec un grand sourire, glisse sa main dans le creux de mes reins et se dirige vers l'escalier.

- Alors encore en train de provoquer Maxine ?

- Mais c'est elle qui est venue, m'indigné-je. Et pour me dire de ne pas t'approcher et que tu lui appartenais.

Je secoue la tête et lâche un ricanement dédaigneux.

- Pauvre fille, elle prend vraiment ses désirs pour la réalité.

Christian ne me répond pas. Il se contente d'avancer en regardant au loin. Je suis prise d'un doute soudain.

- Attends... elle a raison ? dis-je en l'obligeant à s'arrêter à la moitié des marches.

- A quel sujet ?

- Vous êtes ensemble ?

Il ne répond toujours pas et me fixe. Merde. Il s'est passé quelque chose entre eux.

- Michelle...

Son ton sonne comme un avertissement. Je sens qu'il s'apprête à me faire la morale. Un « je t'avais dit que ça ne marcherait pas » menace de m'atterrir sur le bout du nez. Sauf que je refuse de lui donner raison. Je ravale la bile qui est remontée dans ma gorge et souris.

- Comprends-moi, Christian. Qu'on s'amuse tous les deux, d'accord, mais faire un plan à trois avec Maxine, hors de question.

Ses yeux s'arrondissent et il éclate de rire.

- Non, mais ce n'est pas dans mes projets. Ça finirait en combat de harpies et je finirais frustré.

Je tente de rire à mon tour, mais le cœur n'y est pas. Mon cerveau joue au sadique et je l'imagine dans les bras de cette connasse. Sa bouche sur sa bouche, ses mains sur son corps. Je préfère reprendre mon ascension avant de vomir.

- Bon, allez, on ne va pas rester dans cet escalier toute la journée, répliqué-je pour essayer de masquer mes états d'âme.    

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