Chapitre 78

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Quoi ? Non, mais pas question ! Je ne vais pas travailler pour ce type.

- Mademoiselle Madden...

Son regard me fusille sur place et bloque toute possibilité de me rebeller. De toute évidence, je n'ai pas mon mot à dire.

- Mademoiselle Muller est à votre disposition dès à présent.

Ses yeux ne m'ont pas lâché pour me montrer qu'il n'y a pas lieu de discuter.

- Laissez vos dossiers en l'état. Monsieur Atkinson va prendre la relève.

C'est à ce moment-là que ce dernier décide de montrer le bout de son nez. Ben, voyons ! Max aura pu intervenir plus tôt. Peut-être que ma boss aurait jeté son dévolu sur lui.

- Pas de souci, rétorque-t-il avec un grand sourire.

Traitre !

- Eh bien, voilà. Problème résolu, s'enthousiasme ma patronne. Vous voyez, ce n'était pas si difficile.

- J'en suis ravi, réplique Jared, un sourire charmeur aux lèvres. Cela m'aurait fait de la peine de devoir m'adresser à un de vos concurrents.

Mademoiselle Madden lui répond par un rictus pincé.

- Je vous laisse donc en charmante compagnie. Le travail m'attend. Il faut que je réussisse à vous trouver un créneau, mon cher Jared.

- Je suis impatient d'enfin pouvoir travailler avec la meilleure.

J'ai cru voir une étincelle dans le regard de ma supérieure. Je crois qu'il est à son goût. Moi, je le laisse sans problème. Elle tourne les talons et se met à onduler des hanches. Oui, de toute évidence, elle a plus qu'envie de le mettre dans son lit. Et au vu du regard lubrique de Jared, je crois que c'est partagé.

- Les événements prennent une tournure très intéressante, tu ne trouves pas ?

- Non, il n'y a rien d'intéressant à travailler pour toi. Juste des ennuis en perspective.

- A cause de Christian ?

- C'est toi le danger. Tu as peut-être oublié ce qu'il s'est passé. Moi non. Regarde-toi dans un miroir. Les marques sur ton visage devraient te rafraichir la mémoire.

Son visage se ferme. Il se penche vers moi pour murmurer à mon oreille.

- Tu devrais apprendre à tenir ta langue. Ce serait dommage que je sois obligé de déposer une plainte pour coups et blessures contre ton petit ami.

- Tu te fous de moi ? C'est toi qui m'a agressée !

Je m'oblige à parler doucement. Sa menace a fait son petit effet.

- Vous les femmes, vous exagérez toujours tout. On ne faisait que s'amuser. C'est ton mec qui a vu rouge à nous voyant. Et contrairement à toi, j'ai des preuves formelles de ce que j'avance.

Mon sang se glace. Cet homme est diabolique. Il ne reculera vraiment devant rien. J'avale avec difficulté ma salive et reste figée dans mon siège.

- Arrête de t'inquiéter comme ça. Je plaisante. Samedi, je n'étais pas vraiment dans mon état normal. Je promets de mieux me tenir.

S'il croit me convaincre, il se fourre le doigt dans l'œil. Je ne lui fais absolument pas confiance. Il se redresse alors et me tend la main.

- Mademoiselle Muller, si vous êtes prêtes, nous pouvons y aller.

J'ignore royalement son geste de galanterie, fourre mes affaires dans mon sac et le contourne. Je l'entends ricaner dans mon dos tandis que nous nous dirigeons vers l'ascenseur. Quand les portes se referment, je me cale contre la paroi pour mettre le plus de distance entre lui et moi.

- Je t'ai déjà dit que tu n'as rien à craindre.

- Laisse-moi en douter.

Il s'appuie sur l'autre paroi et glisse ses mains dans les poches. Il m'observe attentivement et son regard cristallin me met mal à l'aise.

- Alors, comment va ce cher Chris ? Pas trop abimé ?

Je ne lui réponds pas, me contentant de fixer les numéros des étages qui défilent.

- Tu comptes jouer la muette toute la journée ? parce que ça va être difficile de travailler dans ces conditions.

Je tourne mon regard vers lui. Il va me falloir beaucoup de sang froid pour le supporter.

- Mlle Madden tient à ce que je m'occupe des premiers relevés concernant ton restaurant. Soit ! Je ne peux pas refuser de faire mon job, mais je ne vais pas discuter avec toi de ma vie privée.

- Dis-moi, a-t-il profité pour jouer au chevalier servant ? t'a-t-il fait le coup du mec inquiet pour mieux finir dans ton lit ?

Je me concentre à nouveau sur la lumière clignotante. Plus que deux étages et on est arrivés. Quand la porte s'ouvre, je suis soulagée de pouvoir sortir de cet espace confiné. A chaque fois qu'il ouvre la bouche, il me perturbe. Il a le don pour renverser la réalité pour la rendre laide.

Je pousse la double porte pour me précipiter sur le trottoir. Je ne le sens pas du tout cette journée. Je devrais peut-être prévenir Christian. J'attrape mon téléphone et l'allume. La liste d'appels en absence est impressionnante.

- Un peu harceleur sur les bords. Plus de dix appels samedi et autant le dimanche. Tu devrais peut-être faire attention. Il a tendance à virer obsessionnel quand il tombe amoureux.

Je range aussitôt mon portable dans mon sac et me dirige vers l'arrêt de bus puis fais demi-tour.

- Au fait, il est où le restaurant ?

Jared me dévisage.

- Tu comptes y aller par tes propres moyens ?

- Evidemment.

- En bus ?

- Oui, je n'ai pas de voiture.

Il éclate de rire. C'est quoi encore son problème ?

- Non mais où est-il allé te chercher ? Tu es quoi une sorte d'écolo ? En fait, c'est logique. Ça va avec son délire de gourou du yoga.

Je me retiens de l'insulter.

- Je me fiche de ce que tu penses de moi. Je veux juste que tu me donnes l'adresse où je dois me rendre. C'est tout.

Il arrête de rire et me regarde d'un air dédaigneux.

- Je n'ai pas l'intention d'attendre toute la journée que ton bus pointe le bout de son nez. Tu viens avec moi.

Il m'attrape par le bras. Je me dégage aussitôt.

- Ecoute, princesse. Ce serait vraiment dommage pour toi que je passe un coup de fil à Lilah pour lui expliquer que tu joues les rebelles, juste pour une histoire de voiture.

Il a bien accentué le prénom de ma boss pour me faire comprendre que je ne fais pas le poids et qu'il se ferait un malin plaisir de me foutre dans la merde. Je marmonne un juron.

- Très bien. Elle est où ta caisse ?

Il me désigne une Lamborghini rouge vif à quelques mètres de là. Pfff, une vraie voiture de m'as-tu vu. Ça ne m'étonne même pas. Il glisse à nouveau son bras derrière le mien et me guide vers le bas de la rue, fier de sa petite victoire.    

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