Compulsion - Tome 2

Chapitre 4

Alyssa

Affalée sur mon canapé, les yeux rivés sur une émission stupide diffusée à la télévision, je sursaute violemment en entendant mon téléphone vibrer sur la table basse. Je me redresse, surprise de recevoir un appel en plein vendredi après-midi, et attrape précipitamment l'appareil. L'écran affiche le prénom de Lauren, ce qui n'a pas beaucoup de sens pour moi étant donné qu'elle est censée être en cours à cette heure-ci. Sourcils froncés, je décroche après quelques secondes d'hésitation.

- Lauren ? Ça va ? lancé-je avec incertitude.

- Non.

La voix de mon amie tombe abruptement. Avec ce simple mot, je comprends tout de suite que quelque chose ne va vraiment pas pour elle.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Trent m'a larguée... Encore une fois, ne peut-elle s'empêcher d'ajouter d'une voix atone.

Je soupire bruyamment dans le micro. La notion de montagnes russes n'est pas suffisante pour exprimer toute l'étendue de l'instabilité de leur relation ; Trent et Lauren ont dû connaitre, en deux ans de relation conflictuelle, six mois de bonheur concrètement. Je n'ai jamais rencontré de couple aussi destructeur et malsain que celui qu'ils forment. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir tenté, les filles et moi, de faire entendre raison à Lauren après chacune de leur séparation. Mais, invariablement, ils revenaient l'un vers l'autre, se pardonnant momentanément leurs torts et faiblesses, avant de reprendre leur spirale infernale.

Ainsi, l'entendre m'annoncer une énième rupture entre eux ne m'étonne plus du tout... Mais force m'est de constater que mon agacement, lui, est toujours au rendez-vous.

Je pince l'arête de mon nez en l'entendant poursuivre son histoire.

- Il m'a dit que je l'étouffais, que je l'empêchais de vivre ! Il n'arrête pas de s'énerver pour un rien depuis deux semaines... Et aujourd'hui, il m'a dit que tout était fini. Pour de bon, m'annonce sa voix tantôt outrée tantôt chevrotante.

- Lauren...

Je me mords la lèvre pour éviter de sortir une de mes répliques cinglantes – et pourtant ô combien justifiées – qui la blesserait à coup sûr. Je réfléchis quelques secondes avant de lui annoncer piteusement que je suis désolée pour elle. Quelle excellente amie je fais...

Heureusement pour moi, Lauren ne perçoit pas mon manque évident de sincérité, et enchaîne aussitôt.

- Tu viendrais dormir chez moi ce soir ? J'ai vraiment besoin de me changer les idées en ce moment, m'implore-t-elle en reniflant un peu.

J'hésite là encore avant de répondre. Je connais bien Lauren, et chez elle, l'expression « se changer les idées » se concrétise dans une consommation hallucinante d'alcool associée à une sortie en boîte débridée. Je suis même certaine qu'elle va essayer de se dégoter un mec avec qui danser collé-serré et batifoler – pour rester polie – toute la nuit, histoire de « se remonter le moral ».

La voix plaintive de mon amie résonne à mon oreille afin de me faire flancher.

- S'il te plaaaaaaîîît... Aly, j'ai vraiment besoin de toi...

- Je ne peux rien te refuser quand tu es comme ça, soupiré-je en abdiquant.

Un cri de joie me vrille les tympans. Je recule mon téléphone de plusieurs centimètres en lui lançant un regard irrité.