Compulsion - Tome 2

Chapitre 51

Bonsoir toutes ! :) Petite publication tardive du soir haha : j'ai bien senti votre impatience à avoir la suite de la mise au point Jevred/Alyssa dooooonc ;) Je vous la publie en avance ! (Vous avez vu ? Je sais être gentille une fois le temps mdrr)

Et on retrouve notre Jevred trèèèèès mal en point dans cette partie :'( Enjoy tout de même !

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Jevred

Le cours du temps s'arrête brusquement, la scène qui se joue sous mes yeux perd toute substance, toute tangibilité, au moment où la sœur d'Alyssa ironise avec amertume et cruauté.

Père prodigue. Père.

Un mot, une parole peut faire basculer irrémédiablement la vie d'une personne, et l'entraîner dans des affres abyssales dont il ne soupçonnait même pas l'existence jusqu'à ce jour. Sans rien comprendre de ce qui lui arrive, sans réellement saisir l'ampleur de ce qui lui tombe dessus, un homme peut ressentir les pires tourments qui soient.

Et cet homme, c'est moi ; ce jour, c'est aujourd'hui.

C'est ici et maintenant que ce que je croyais, ce que je pensais, ce que je prenais pour acquis, meurt, terrassé par cette vérité atroce. Tout ce qui me définissait jusqu'alors s'éteint, ne laissant qu'un goût de cendres carbonisées dans ma bouche sèche.

La brèche, qui s'était formée dans mon cœur le soir où j'ai cru perdre Alyssa, se ravive, grossit, s'étend d'un bout à l'autre de mon organe, le lacérant pour la toute première fois en deux.

Brisé.

Mes muscles, figés, se bandent davantage pour empêcher mes bras de remonter sur mon torse dans une tentative vaine de recoller les morceaux depuis l'extérieur de mon thorax.

Père... Fille... Droit... Revenu...

Le bourdonnement lointain de la dispute, qui fait rage devant moi, est temporairement noyé par la litanie étrange qui vibre dans mon esprit embrumé. Mais soudain, les mots prennent du sens rassemblés bout à bout ; un sens funeste et choquant que je sais être le bon, malgré tout...

- Qu'est-ce que tu viens de dire ?

Ma propre voix me semble étrangère, transformée par la colère sourde qui mugit en moi.

Le silence entre les deux jeunes filles se fait dès la fin de mon intervention, et j'aperçois un éclair de surprise teinté de méfiance dans le regard froid de Caroline Gates. Toutefois, je m'en détourne bien vite, entièrement focalisé sur les yeux sombres et douloureux de la brune se tenant à ses côtés. Ces prunelles, dont l'incommensurable tristesse me frappe de plein fouet lorsque leur propriétaire redresse la tête, qui ne dévient plus des miennes.

Coup au cœur. Bleu à l'âme.

Ce regard écartèle à lui seul la foi que je plaçais en elle. Nous le savons tous les deux...

- Sors d'ici, Caroline, lâche Alyssa sans animosité, son attention dirigée vers moi.

Du coin de l'œil, je vois le regard de son aînée alterner de moi à elle, un air indécis sur le visage. Puis, comme si la lumière faisait jour dans son esprit, un rictus, que j'imagine être de satisfaction, apparaît lentement sur ses lèvres fines. Il est assez ardu de déchiffrer parfaitement ses expressions, tant son profil est déformé par la haine, mais je ne pense pas m'être trompé sur la joie malsaine qu'éprouve cette femme en nous voyant dans une situation aussi instable.