Chapitre 22

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Me revoilà avec le chapitre de la semaine ;) ! J'espère que vous l'apprécierez...

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Alyssa

Cette journée fera définitivement partie de mon top 20 des pires journées de ma vie...

Debout devant l'entrée du centre psychiatrique où réside Shane, je sens mon cœur s'affoler dans ma poitrine à mesure que le temps passe. Evannah, ainsi que ses parents et Garrett, sont déjà à l'intérieur du bâtiment afin de faire le point sur l'état actuel de Shane avec les médecins de ce dernier. Je ne me résous pas à biper Evy pour l'avertir de mon arrivée. Pas encore. Pas maintenant.

Il me faut encore quelques minutes afin de me préparer psychologiquement à ce que je m'apprête à faire.

Il y a une douzaine de jours, Evannah m'a recontactée afin de m'annoncer que le « plan » que je lui avais soumis quelques jours plus tôt avait été accepté – sans étonnement – par l'équipe médicale en charge de son frère. Sa voix avait déraillée lorsqu'elle m'avait informée que le jour de notre entrevue serait aujourd'hui, le 14 septembre...

Ma meilleure amie a bataillé longtemps pour reculer cette rencontre, hurlant presque sur les psychiatres du centre tant elle était ulcérée par leur manque flagrant d'empathie, mais son discours n'a eu aucun effet. Les spécialistes jugent « trop risqués » de retarder une confrontation qu'ils espèrent secrètement depuis des mois. Le ton avait beau monter du côté d'Evannah et de sa mère – qui a elle aussi prit le parti de sa fille lors de ce rendez-vous houleux – tous ont rejeté en bloc leurs arguments. Je souris amèrement en repensant aux propos qu'ils ont tenu à Evannah, usant et abusant de termes psychiatriques afin d'asseoir leur supériorité sur des personnes vulnérables et perdues comme le sont ma meilleure amie et sa mère. Ces personnes veulent faire passer leurs intérêts avant tout, et elles n'y renoncent jamais facilement. Encore moins lorsqu'on essaye de les atteindre par les sentiments...

La vérité est qu'un cas de catatonie ou de léthargie est aussi fascinant que frustrant pour les psychiatres et autres spécialistes. Et avoir la possibilité – aussi infime soit elle – « d'éveiller » une personne catatonique, de la stimuler suffisamment pour qu'elle réagisse... et bien, c'est une possibilité qui semble ne pas pouvoir être refusée.

Evy m'a suppliée plusieurs fois de renoncer à cette idée, mais je ne l'ai pas fait. Je ne pouvais pas me résoudre à ne pas essayer quelque chose. Et je ne peux toujours pas, même si je suis morte de peur de me retrouver à nouveau dans la même pièce que lui... Je me dois d'essayer. Pour Evy.

Peu importe ma peur. Peu importe le jour que l'on est. Et peu importe mon dégoût. Aujourd'hui, Evannah a besoin de moi, nous le savons aussi bien toutes les deux. Quand je la regarde au fond des yeux, je sens son tiraillement intérieur. Je sens qu'une part d'elle-même rêve de me protéger envers et contre tous, quitte à me séquestrer dans une pièce jusqu'à la fin de mes jours pour y parvenir ; mais une autre partie désespère de retrouver le frère qu'elle a tant aimé dans le passé.

Jamais Evannah ne me le reprocherait pas si je décidais de baisser les bras maintenant, elle me comprendrait parfaitement. Mais je ne supporterais pas de voir s'éteindre cette faible lueur d'espoir que j'aperçois briller dans ses yeux depuis peu...

Alors je suis là, campée sur mes pieds et bien décidée à braver la tempête qui m'attend à l'intérieur. Armée de courage, j'envoie un bref SMS à ma meilleure amie pour la prévenir de ma présence à l'entrée, puis je l'attends encore, en respirant profondément par le nez.

A peine cinq minutes plus tard, Evannah franchit les portes du hall, l'air complétement affolé et affligé. Ses bras m'entourent et me serrent dans une étreinte protectrice, et je lui caresse doucement les cheveux afin de la rassurer.

Compulsion - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant