Compulsion - Tome 2

Chapitre 10

Jevred

- « Par ici ! »

Je chuchote ses mots en tirant cette créature de rêve derrière moi, mon regard scannant rapidement les différentes portes alignées le long de ce couloir. Un rire cristallin retentit dans mon dos, me distrayant brièvement de ma quête, et je me retourne pour lui faire face. Alyssa s'adosse au mur, passablement essoufflée, en m'adressant un sourire timide.

- « Ça t'arrive souvent de kidnapper impunément des jeunes filles dans les soirées de fraternité ? » s'amuse-t-elle en arquant un sourcil curieux dans ma direction.

Je lui souris légèrement, ne préférant pas lui avouer qu'elle est très près de la vérité... Cependant, mon silence semble me trahir car Alyssa m'examine minutieusement, ses yeux noirs flamboyants s'attardant sur mon rictus peu convaincant. Et contre toute attente, au lieu de se renfrogner ou de s'offusquer de mon attitude de coureur, la sublime brune devant moi esquisse un sourire amusé et de connivence.

- « Tu dois vite t'ennuyer avec celles que tu ramènes habituellement de ce genre de soirées, alors. Les filles qui traînent dans les fraternités sont aussi chiantes que la pluie », affirme-t-elle en secouant la tête.

Je ris aux éclats, surpris par son franc-parler.

- « Tu l'es aussi. »

Alyssa me décoche un regard perdu, ne comprenant pas le sens de mes propos, mais je ne lui réponds pas immédiatement, trop captivé par la moue de ses lèvres charnues et pleines...

- « Chiante comme la pluie », lui fais-je distraitement en remontant mon regard sur ses yeux. Tu fais partie de ces filles traînant dans les fêtes de confrérie, visiblement. »

La belle brune s'approche lentement de moi, son regard hypnotisant plongé dans le mien, et elle s'arrête à un souffle de distance. Mon sang pulse dans mes veines alors qu'elle sourit de plus en plus largement en approchant sa magnifique bouche de mon oreille.

- « Tu dis ça parce que tu ne me connais pas encore, Jevred... », murmure-t-elle lentement, d'une voix suave et terriblement excitante.

Alyssa se recule légèrement, et je regarde avec émerveillement ses joues s'empourprer alors qu'elle capte mon regard pénétrant sur elle. Alyssa est un paradoxe à elle seule, et plus le temps à ses côtés défile, plus cette certitude s'impose à moi avec force.

Lorsque je l'ai repéré sur la piste de danse, il y a quelques minutes à peine, elle était survoltée, se déchaînant sur la musique avec un groupe d'amies, captant ainsi immédiatement mon attention. Elle était sublime, une main passée dans ses cheveux tandis que son corps ondoyait avec sensualité au rythme de la musique. Elle dégageait une force surprenante, et une confiance en elle débordante, comme si toute sa physionomie irradiait d'un éclat troublant mais pour le moins fascinant... Je l'ai observée, aussi subjugué qu'interloqué, jusqu'à ce qu'Alyssa sente mon regard sur elle et pivote finalement vers moi.

Puis, lorsque je me suis présenté à elle, cette forme d'aura s'est dissipée, laissant cette sublime femme pantoise, esseulée... vulnérable. Alyssa s'est soudainement renfermée, me faisant découvrir une nouvelle facette de sa personnalité plus fragile et incertaine, qui m'a elle aussi charmé. Etre témoin d'un contraste aussi saisissant chez une femme m'est déjà arrivé, j'en ai été bien souvent l'instigateur, toutefois... avec Alyssa, l'effet n'est pas le même. Cela m'a touché, me poussant à la tester en l'invitant pour une danse. J'ai tout de suite senti son trouble décupler, passant d'un ahurissement interdit à une confusion tremblotante, mais elle a accepté. Son cran lui a même permis de soutenir longuement mon regard, tentant d'y discerner quelques réponses aux nombreuses questions qui brillaient dans le sien. Et plus que tout, Alyssa m'a désarçonné lorsqu'elle a accepté de me suivre à l'étage, un sourire lumineux sur ses lèvres, en totale opposition avec sa gêne première...